Y a-t-il eu plus marquant que The Legend of Zelda: Breath of the Wild dans les années 2010 en matière de jeux vidéo ? Non. Et on vous dit pourquoi.

Nintendo a vendu 41,67 millions de sa Switch, et 14,54 millions de The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Qui sont les quelques 27 millions de propriétaires qui n’ont pas craqué pour la dernière aventure inédite de Link ? La question mérite d’être posée. Car les concernés loupent ni plus ni moins que l’un, sinon le meilleur jeu sorti dans les années 2010. Il est celui qui a porté le line-up, risible si on l’enlevait, de la console hybride lancée au mois de mars 2017. Il est celui qui a redéfini la saga Zelda dans son entièreté, faisant évoluer une formule que l’on pensait intouchable en raison d’une immunité infaillible.

Annoncé à l’origine sur la Wii U, gros échec de Nintendo, The Legend of Zelda: Breath of the Wild aura fait patienter les fans pendant de longues années. Après un E3 entièrement dédié à sa cause, l’exclusivité a fini par révéler toute l’étendue de sa magie. Si vous interrogez votre entourage, il vous répondra sûrement « J’ai passé près de 200 heures à me balader dans Hyrule », sans même penser une seule seconde à le finir. À plus d’un titre, The Legend of Zelda: Breath of the Wild est une leçon de monde ouvert à une époque où les représentants du genre ne font que se copier entre eux.

The Legend of Zelda: Breath of the Wild // Source : Nintendo

The Legend of Zelda: Breath of the Wild

Source : Nintendo

Un Zelda plus universel, plus hardcore, plus mature

On connaissait des Zelda leur structure définie à l’avance, où Link, héros devant l’éternel, doit combattre un méchant en enchaînant les longs donjons pour gagner des compétences qui le rendent toujours plus fort. The Legend of Zelda: Breath of the Wild balaie d’un revers de la main ce schéma prédéfini pour une expérience qui ressemble à tout sauf à une ligne droite. À tout, sauf à un saut d’obstacles axé sur un seul et unique chemin. On connaît l’objectif dès le départ : se rendre dans le château situé au centre pour sauver Hyrule de Ganon. Mais dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild, c’est moins le but que la manière d’y parvenir qui compte. Les plus téméraires peuvent d’ailleurs essayer de se frotter au boss final dès la première heure — à leurs risques et périls.

Cette notion de liberté se matérialise aussi par l’amnésie du héros, sorte de mise en abîme qui fait comprendre que le joueur doit, de son côté, tout réapprendre. Cette rupture, par rapport aux anciens opus, est une excellente nouvelle pour celles et ceux qui n’aimaient pas les anciens Zelda. Avec ce nouveau départ, The Legend of Zelda: Breath of the Wild s’universalise, ce qui ne veut pas dire qu’il en devient une production accessible. C’est même tout le contraire. À l’instar de Link, le joueur est livré à lui-même. Il connaît la finalité et c’est à lui de découvrir, pas à pas, échec après échec, jusqu’à appréhender cet Hyrule sauvage rempli de secret. Cet environnement est un appel à l’exploration, qui constitue le socle de la construction d’une aventure très personnelle. L’argument très organique, doublé d’une richesse inouïe, fait que personne ne vit la même chose dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild. C’est une qualité devenue très rare dans le jeu vidéo.

Personne ne vit la même chose dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild

Pour nourrir son jeu, Nintendo n’a pas hésité à piocher dans des sources d’inspiration étonnante — les Dark Souls en tête. Ainsi, les premières heures sont déconcertantes et peuvent s’avérer difficiles pour les moins avertis. Les combats sont rudes, les armes se cassent, il faut gérer l’endurance, il y a des choix forts à effectuer, le froid tue, la chaleur tue, les boss ont des patterns qu’il faut apprendre… The Legend of Zelda: Breath of the Wild est loin d’être de tout repos. C’est ce qui le rend si irrésistible : la notion d’accomplissement est pregnante et nourrit chaque tâche. On ne tue pas tel ou tel adversaire pour gagner un niveau. On ne remplit pas bêtement telle ou telle tâche parce qu’elle permet de révéler une zone de la carte (comme dans les autres jeux en monde ouvert génériques). Breath of the Wild est simplement une immense balade, où personne n’est forcé de faire quoi que ce soit (les activités, comme la cuisine, restent globalement optionnelles).

The Legend of Zelda: Breath of the Wild // Source : Nintendo

The Legend of Zelda: Breath of the Wild

Source : Nintendo

Il y a bien sûr la magnifique direction artistique qui invite à se perdre sans cet Hyrule constitué de paysages naturels. Des montages à gravir aux forêts bien remplies en passant par des étendues désertiques ou des villages accueillants, ce Zelda est rempli d’environnements à parcourir, que ce soit à pieds ou à dos de cheval. Cette beauté artistique avec emphase sur la variété permet d’être indulgent avec les lacunes techniques qui étaient surtout présentes à la sortie (notamment des gros ralentissements en mode téléviseur). The Legend of Zelda: Breath of the Wild a montré d’entrée de quoi la Switch était capable (oubliez la version en réalité virtuelle, par contre). Et, pour pouvoir mettre une telle aventure à portée de sac, il fallait consentir à de (gros) sacrifices. On rêverait de le voir à son aise sur une console plus puissante.

Nintendo a compris qu’il avait tapé dans le mille avec The Legend of Zelda: Breath of the Wild qui, à peine titillé par le non moins excellent et savoureux Super Mario Odyssey, est toujours le meilleur du catalogue. Il perdra peut-être son titre bien mérité quand sa suite directe, annoncée encore plus ambitieuse, sera disponible. En attendant, Hyrule a toujours de belles heures de voyage à offrir. Sur un téléviseur, sur l’écran de la Switch ou de la Switch Lite. À pieds ou à dos de cheval. Il y en a pour tous dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild, même pour ceux qui veulent le terminer sans utiliser une seule arme.  Voilà pourquoi on a décidé de le retenir lui plutôt qu’un autre.

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