Huit ans après qu’Olivier Queen s’est échappé de son île, ses aventures prennent fin. C’était annoncé depuis longtemps déjà : le héros d’Arrow conclurait sa série en mourant durant une crise dans le multivers. Cette issue est advenue il y a quelques semaines, dans le crossover Crisis on Infinite Earths — qui donnait d’ailleurs une bonne leçon à Justice League. Après Crisis, il ne reste plus que deux épisodes. L’avant-dernier est consacré à la relève. Il sert de « backdoor pilot » : le premier épisode d’un spin-off, diffusé directement dans sa série-mère.
Le fameux spin-off s’intitule Green Arrow & The Canaries et fait office de suite à Arrow. On y retrouve sa fille, Mia, qui reprend l’arc et la capuche pour faire équipe avec les deux versions de Black Canary introduites ces dernières années : Dinah Drake et Laurel Lance. L’intrigue se déroule dans le futur, en 2040. Si on avait déjà pu voir cet avenir précédemment, il a entièrement changé après Crisis on Infinite Earths, qui a tout reconfiguré. Un futur sombre est remplacé par un futur paisible, mais cela ne va pas rester ainsi bien longtemps. Que vaut ce « backdoor pilot » ?
Créer de nouvelles icônes héroïques est positif
L’univers télévisuel de DC Comics, surnommé Arrowverse, s’enrichit toujours plus en séries, mettant en scène régulièrement de nouveaux héros et de nouvelles héroïnes. Le crossover Crisis prouvait déjà la capacité des séries DC à être plus ambitieuses dans sa narration. L’ Arrowverse a su aussi s’ouvrir vers plus de diversité, et ce, largement en avance sur les comics au cinéma — Marvel et DC confondus. Ce sont les productions de Greg Berlanti qui ont introduit la première super-héroïne transgenre à l’écran ; et avec Batwoman, il y a enfin un premier rôle tenu par super-héroïne lesbienne.
On sent bien, depuis quelques temps, que les showrunners du Arrowverse veulent mettre en avant davantage de rôles féminins. Green Arrow & The Canaries est dans cet esprit en portant l’intérêt sur un trio d’héroïnes. Restait à savoir si la série allait tomber ou non dans les mêmes pièges qu’au cinéma — à savoir l’hypersexualisation qui vise Harley Quinn (toujours reliée à un homme, le Joker) ou le polissage de Wonder Woman (toujours reliée à un homme, Steve Trevor).
Heureusement, au visionnage du backdoor pilot, tout se passe pour le mieux : Green Arrow & The Canaries ne remplit aucun cliché lié au fait que le trio soit féminin et, clairement, cela fait du bien. Par exemple, s’il y a bien une petite amourette, dès qu’un enjeu plus grand se présente, le personnage de Mia ne fait pas passer cette relation au-dessus de son identité d’héroïne naissante, ce n’est ni sa motivation, ni sa raison d’être. La showrunneuse humanise ses personnages, le fait qu’elles soient « badass » n’est pas un prétexte à les faire discrètement rentrer dans les mêmes sempiternels stéréotypes de genre.
Des héroïnes émancipées
L’intrigue du backdoor pilot reste assez pauvre : on sent que la prise de risque est minimale, le but n’étant que d’introduire l’idée de cette nouvelle série. Difficile, pour l’instant, d’anticiper la qualité d’écriture des aventures de Green Arrow et des Black Canaries. Et on espère d’ailleurs que l’intrigue sera un peu plus marquante que celle de cet épisode. Mais quelques points positifs émergent déjà.
La série bénéficie énormément du fait d’être un spin-off. Les actrices ont une connaissance de longue date de leur rôle. Les héroïnes ont un parcours déjà construit dans l’Arrowverse, déjà remplis de rebondissements (Laurel Lance a été longtemps du « mauvais côté »). Résultat, le pilote zappe totalement la phase origin story et, hallelujah, c’est rafraîchissant. Green Arrow & The Canaries s’émancipe, les héroïnes avec. Le fait que ce soit un trio n’y est pas pour rien : cela renforce le fait qu’elles ne comptent que sur elles-mêmes. Même le contexte, un futur en 2040, offre plein de libertés et de potentialités.
Cette émancipation totale est la qualité première du pilote et permet de croire au potentiel de cette équipe. La showrunneuse Beth Schwartz ne semble pas se contenter de mettre en scène de personnages féminins, mais d’en faire de nouvelles icônes indépendantes de tout, qui n’obéissent à aucune contrainte — ni scénaristique, ni sociale. Les héroïnes ne sont pas une incarnation de « la femme super-héroïque » — et en creux de ce qu’elle doit être selon les conventions — mais une équipe de femmes aux profils et parcours singuliers.
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