La nouvelle livraison du Copyright Madness est là : Au programme, Blizzard qui s’approprie tous les mods créés par les joueurs, un fabricant de produits énergétiques qui revendique des droits sur un acide aminé ou encore un troll des brevets qui invente l’Internet des objets.

Copyright Madness

À la mod. Dans l’univers du jeu vidéo, la pratique des mod regroupe une forte communauté. Il s’agit d’une modification d’un jeu qui peut être très poussée pour arriver parfois à un créer un nouveau jeu. Les éditeurs de jeux vidéo sont plus ou moins tolérants dans les modifications apportées par les joueurs. Mais d’autres, à l’image de Blizzard, n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Ce dernier a décidé de s’approprier l’ensemble des mods créés à partir du jeu Warcraft III Reforged. Les droits d’auteur qui devraient appartenir aux joueurs sont arbitrairement confisqués par Blizzard. L’éditeur part du principe que les mods sont créés à partir de son jeu et par conséquent toutes créations qui en découlent lui appartient. La magie du digital labor dans toute sa splendeur.

Warcraft 3 Reforged

Aperçu du mode multijoueur.

Source : Blizzard

Robocopyright. Encore une fois la gestion algorithmique de la police du droit d’auteur a commis des dommages collatéraux. Le site Aghanina.org diffusait une vidéo issue de la chaîne YouTube du journal Sud Ouest. Sur cette vidéo, on y voit des manifestants lors d’une « fête à Macron » organisée à Bordeaux en 2018. Comme tout événement festif, on y entend des gens qui s’amusent et bien évidemment de la musique. Et c’est à cause de la musique qu’on entend en fond sonore que le site Afghanina.org a été victime d’une réclamation faite dans le cadre du Digital Millenium Copyright Act par la maison de disques British Recorded Music Industry Ltd. Une requête effectuée sur Google nous informe de cette notification au titre du DMCA. En revanche, la vidéo reste accessible directement depuis YouTube. Encore une fois, la lutte contre la contrefaçon porte atteinte au droit à l’information en bloquant la diffusion d’une vidéo.

Fantaisie. Sweet Cicely Daniher est une artiste américaine qui possède un van dont elle est très fière. Visuellement, il sort de l’ordinaire. Selon sa description, il s’agit d’un fourgon Chevrolet G10 1972 extrêmement cool, bleu foncé et / ou violet, avec de la moquette rouge, des murs et des sièges en velours rouge et un toit de moquette blanche, qui arbore une licorne sur un des côtés du véhicule. Elle a décidé d’engager une action pour violation de droit d’auteur contre Disney et Pixar parce qu’on trouve dans le film un fourgon qui a l’air cool avec une licorne peinte sur le côté.  Elle réclame que justice soit faite et que Disney et Pixar versent 25 000 dollars par infraction constatée. Elle souhaite obtenir également l’interdiction de l’exploitation commerciale du film. Si les licornes sont magiques, la propriété intellectuelle aussi.

Trademark Madness

Musculation. La compétition est inhérente au monde du sport, mais si on y ajoute un peu de propriété intellectuelle on obtient un cocktail explosif. L’entreprise Celsius commercialise des produits énergétiques pour les sportifs afin de les aider dans leurs performances. Elle vend une boisson qui s’appelle Celsius BCAA +Energy. Pour les moins sportifs d’entre-vous, sachez que les BCAA sont des acides aminés ramifiés protéinogènes. Autrement dit, il s’agit d’un élément naturel qui se retrouve dans des compléments alimentaires. L’entreprise Celsius est poursuivie par Evlution Nutrition, une autre société de ce secteur. Elle affirme posséder la marque BCAA Energy et somme Celsius de suspendre l’utilisation de BCAA +Energy sur ses produits. On est donc face à une entreprise qui tente à la fois de s’approprier un mot du langage courant (énergie) et une molécule. Ça fait beaucoup d’énergie pour pas grand chose…

Quelques canettes vendues par Celsius.

Quelques canettes vendues par Celsius.

Patent Madness

IoT. Les brevets sur les inventions sont magiques parce qu’ils peuvent recouvrir des dispositifs tellement flous et larges que cela permet de protéger à peu près tout et n’importe quoi. L’entreprise américaine Vaisala est spécialisée dans la fabrication de matériels d’observation de la météo ou de l’environnement. La société Saros est furieuse et accuse Vaisala de violer un de ses brevets d’un appareil ménager « tel qu’un micro-ondes capable d’interagir avec un réseau de communication comme internet par l’ajout d’un module de communication distinct pouvant être connecté au réseau de communication ». Bravo à Saros qui a inventé ni plus ni moins le principe d’un objet connecté !

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à celles et ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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