Le temps est décidément aux adaptations de comics, chez Netflix. L’année dernière, à la même période, Umbrella Academy arrivait sur la plateforme en rencontrant le succès. Ce 7 février 2020, c’est au tour de Locke & Key. Les comics du même nom sont écrits par Joe Hill (le fils de Stephen King, rien de moins) et dessinés par Gabriel Rodriguez. Vite devenus cultes, ils sont rassemblés en six tomes (le tome 1 se trouve autour de 17 € en France). Une matière idéale pour Netflix si la série fonctionne. Mais est-elle à la hauteur ?
Locke & Key reprend en tout cas, et heureusement, le même contexte que les comics. Après le meurtre brutal de leur père, auquel ils ont assisté, Tyler, Kinsey et Bode emménagent avec leur mère dans l’ancienne demeure familiale : Keyhouse. Bode, le plus jeune, découvre assez rapidement que le lieu regorge de clés aux pouvoirs magiques. Il entraîne son frère et sa sœur dans l’aventure. Tous ensemble, ils vont devoir jongler entre les cours, leur vie sociale et les obscurs mystères apportés par ces clés.
Critique de la saison complète, sans spoiler.
Inspiré par Harry Potter, Narnia, Stanger Things, His Dark Materials (oui c’est beaucoup)
En dehors de quelques reconfigurations, le récit de Locke & Key suit sensiblement la même trame narrative que les comics. Rien d’étonnant puisque la série est pilotée par Joe Hill en personne. Mais l’ambiance n’a clairement rien à voir : l’émancipation sur ce point est même assez énorme… au point que celles et ceux qui ont aimé le côté parfois macabre et sanguinolent du comics ne s’y retrouveront peut-être pas dans son adaptation proposée par Netflix. Les comics de Joe Hill et Gabriel Rodriguez peuvent assez facilement être classés dans la catégorie horrifique. L’atmosphère de Locke & Key, dans sa version Netflix, s’inspire plutôt d’autres types de fiction qui ne se rapportent pas du tout à l’horreur.
Les épisodes passants, on relève ici ou là, régulièrement, des ingrédients qui nous rappellent tantôt Harry Potter et Narnia, tantôt His Dark Materials et Narnia, et parfois on sent même dans l’esthétique que le succès de Stranger Things est passé par là. L’introduction des personnages et leurs rôles dans l’intrigue obéissent à des mécaniques que l’on a déjà pu voir dans toutes ces précédentes œuvres.
Le principal défaut de Locke & Key est donc de manquer un peu d’identité, là où les matériaux d’origine trouvaient vraiment leur place dans le monde des comics. Mais cette singularité assez faiblarde n’est pas outrageusement problématique : la version de Netflix utilise ses sources d’inspiration comme un héritage, sans être dans la copie. L’absence des côtés macabres et horrifiques du comics permet aussi à Joe Hill de se concentrer sur d’autres aspects de son histoire — c’est peut-être ce qui a motivé ses choix.
Les clés du mystère
Si la série Locke & Key ne donne pas les frissons que vous pourriez espérer d’une œuvre censée « faire peur », elle joue sur des ressorts mystérieux qui fonctionnent parfaitement bien. Le premier de ces ressorts relève de la réalisation elle-même : les plans photographiques et les décors sont de haut niveau. En dehors de la musique (étrangement fade), la série bénéficie d’une belle patte artistique.
Le deuxième ressort est tout simplement le récit lui-même. La surprise ne sera peut-être pas au rendez-vous si vous avez lu les comics avant ; mais pour tous les autres, cette aventure à base de clés pouvant ouvrir des portes vers d’autres lieux, vers l’esprit ou influer sur différents pans de la réalité est tout simplement fascinante. L’originalité de Locke & Key est d’abord là, que ce soit dans la série ou les comics : son histoire. Dans l’adaptation, le mystère lié à cette aventure de la famille Locke est très bien géré, chaque nouvelle clé apportant autant de réponses que de questions.
Il y a enfin un troisième ressort : le personnage de Kinsey Locke. Bien plus que dans les comics, la lycéenne est presque portée comme personnage principal de la série. On suit son histoire personnelle avec autant d’intérêt que le fil rouge des clés magiques. Cela tient certes à l’écriture — cette place centrale de Kinsey est clairement recherchée — mais aussi à l’interprétation de l’actrice, tout en sensibilité au point qu’il est difficile de ne pas s’attacher immédiatement à son personnage avant tous les autres.
En bref, la version Netflix de Locke & Key dégage quelque chose de très, très différent des comics. C’est pour autant une adaptation réussie. On suit avec plaisir une histoire où le mystère est partout et savoureux. Si vous teniez absolument à voir une œuvre horrifique, en revanche, la série ne répondra pas à vos attentes.
Locke & Key, saison 1, est disponible sur Netflix depuis le 7 février 2020.
Le verdict
Locke & Key, saison 1
On a aimé
- Superbe réalisation : des plans tous réussis
- L'atmosphère mystérieuse est très bien géré
- On s'attache énormément au personnage de Kinsey Locke
On a moins aimé
- Il manque une identité propre
- La musique est assez pauvre
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