Les difficultés s’amoncellent pour YggTorrent en ce début d’année 2020. Le site de liens BitTorrent, dont l’adresse principale a été confisquée au début du mois de février, vient cette fois de perdre le contrôle de son compte Twitter, qui était suivi par plusieurs dizaines de milliers d’internautes — plus de 75 000 selon une page conservée en cache par Google sur son moteur de recherche.
La suspension est survenue dans la journée du 20 février, lit-on sur Wareziens, un forum de discussion sur l’actualité du piratage sur Internet. Le profil mène désormais vers une simple mention « compte suspendu », accompagnée de la précision selon laquelle « Twitter suspend les comptes qui enfreignent les règles de Twitter ». Le réseau social ne précise pas quelle section précise a été enfreinte.
Une infraction au droit d’auteur ?
Le plus vraisemblable, au regard des activités d’YggTorrent, un site qui facilite la mise en contact d’internautes pour partager des contenus culturels piratés via le protocole BitTorrent, est que cette suspension ait été réalisée au nom de la propriété intellectuelle. Le réseau social prévient « qu’il est interdit d’enfreindre les droits de propriété intellectuelle d’autrui, notamment les droits d’auteur ».
Dans une autre rubrique, Twitter précise que « le fait de republier un contenu supprimé suite à une réclamation » ou « qu’en cas de réception de plusieurs réclamations », il peut décider de « verrouiller les comptes concernés ou prendre d’autres mesures pour mettre les contrevenants en garde ». Dans certaines circonstances, le compte peut aussi être définitivement suspendu.
Il est à noter que le compte Twitter utilisé par YggTorrent n’était pas utilisé pour faire la promotion de contenus culturels partagés via son site web, mais servait plutôt à tenir au courant sa communauté d’éventuels aléas (panne, blocage, attaque informatique, incident avec un DNS, etc.) ou d’évènements techniques (migration d’adresse, maintenance, changement d’hébergeur, redirection d’une URL, etc.).
On trouvait aussi quelques messages d’interaction avec sa communauté. Certes, le site lançait parfois des tirages au sort pour octroyer une semaine de téléchargement en illimité — notamment le 23 et 27 janvier, le 3 mars et le 18 avril 2019 — à quelques gagnants, mais il ne reproduisait pas sur Twitter, même pas partiellement, la liste des contenus illicites que les internautes s’échangent à travers son site web.
L’autre section sur laquelle se fonde probablement Twitter pour neutraliser le compte est celle des biens ou services illégaux ou réglementés. « Il est interdit d’utiliser notre service à des fins illicites ou pour la poursuite d’activités illégales. Cela inclut la vente et l’achat de biens ou services illégaux, ainsi que de certains types de biens ou services réglementés, et la facilitation de telles transactions », détaille le site.
Or, YggTorrent propose, via une page de « dons », de monnayer l’achat d’une enveloppe de données téléchargeables contre de l’argent. Par exemple, un membre qui débourse 10 € a droit à 120 Go de données en téléchargement. Ponctuellement, le site propose aussi des « bonus » pour doubler, tripler ou plus encore les récompenses associées à chaque don… et ainsi pousser les internautes à ouvrir leur porte-monnaie.
Cap sur Mastodon, le Twitter décentralisé
À la suite de la suspension de Twitter, YggTorrent s’est réfugié sur une instance Mastodon, une sorte de Twitter libre et décentralisé. Il s’agit plus exactement de Mamot.fr, qui est le serveur opéré par l’équipe de la Quadrature du Net, une association de défendre des droits des internautes dans l’espace du numérique. L’inscription à Mamot.fr est libre et non modérée a priori par l’association. Elle est toutefois soumise à l’acceptation de conditions d’utilisation.
Celles-ci n’abordent toutefois pas le cas des contenus piratés et du droit d’auteur, ce qui laisse une incertitude sur l’intervention de l’équipe de modération en cas de publications de liens de téléchargement illicite ou bien de signalement par les ayants droit. Mais si cela survient, cela ne ferait que décaler le problème : privé de son espace sur Mamot.fr, le site de liens BitTorrent n’aurait alors qu’à ouvrir sa propre instance Mastodon.
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