En 2010, PlatinumGames, né sur les cendres de Clover Studio, n’est encore qu’un jeune studio réunissant un parterre de talents japonais. Il va pourtant lancer, coup sur coup, Bayonetta et Vanquish — deux pépites dans leur genre respectif (le beat them all pour le premier, le TPS pour le second). Dix ans après, Sega, conscient qu’il dispose de joyaux dans son catalogue, a décidé de leur offrir une seconde jeunesse dans une compilation anniversaire disponible sur PlayStation 4 et Xbox One depuis le 18 février. Comme Bayonetta est devenu une trilogie, on a décidé de s’intéresser à Vanquish, qui n’a eu droit qu’à un seul épisode, malgré des qualités évidentes.
À noter que Vanquish, d’abord disponible sur PlayStation 3 et Xbox 360, a déjà eu droit à une ressortie sur PC en 2017 (par l’intermédiaire de la plateforme de distribution Steam). Pour ce nouveau portage, le TPS de PlatinumGames sort ses meilleurs arguments visuels, avec un framerate à 60 fps et une résolution 4K. Il faut néanmoins être propriétaire d’une PS4 Pro ou d’une Xbox One X pour profiter de la meilleure expérience possible.
Pourquoi Vanquish est un TPS culte
Derrière Vanquish se cache le génie de Shinji Mikami, père des premiers Resident Evil. Pour cette production survoltée, il troque les zombies pour un univers futuriste aux traits volontairement grossiers. Où des terroristes russes menacent les États-Unis en s’emparant d’une colonie spatiale alimentée par l’énergie solaire, à une époque où la Terre est en proie à la surpopulation. Vanquish repose sur un scénario neuneu, propice à une mise en scène qui en met encore plein les yeux dix ans plus tard. PlatinumGames a conçu son jeu comme une attraction folle qui ne s’arrête jamais, comme un looping infini jusqu’au générique de fin. À ce titre, les cinématiques sont pensées pour ne jamais briser le rythme.
Car le rythme n’est ni plus ni moins que l’argument principal de Vanquish, au point d’en être une force et une faiblesse (on peut avaler les cinq actes d’une seule traite, en moins de cinq heures). Effréné, le jeu s’appuie sur un gameplay calibré pour que le joueur n’oublie jamais d’avoir un coup d’avance. Pour cela, il optimise à plein régime l’armure ultra technologique du héros, tout à la fois capable de se déplacer à une vitesse vertigineuse — par des glissades bien senties — et de ralentir le temps pendant quelques secondes (le socle commun des titres imaginés par PlatinumGames). Vanquish repose dès lors sur l’alternance entre la nécessité de ne jamais s’arrêter et l’obligation de temporiser pour se débarrasser des ennemis. Ce mariage fonctionne du feu de dieu en raison d’une prise en main précise et méritante. Car si on abuse des facultés de l’armure, la surchauffe pourra préfigurer un game over.
Vanquish célèbre la prise de risques
Pensé comme un cover shooter, Vanquish n’encourage pas à se planquer derrière un élément du décor pour éliminer les hordes de robots qui veulent empêcher le bon déroulement de la mission. Mais cette facette prouve que PlatinumGames a développé son gameplay pour qu’il soit le plus varié possible. On pourra aussi souligner la qualité de l’arsenal dont la progression est basée sur une astuce bienvenue : si vous ramassez pour la énième fois la même arme et que son chargeur est plein, alors elle gagnera un niveau. Cette étape est primordiale pour triompher des ennemis, surtout les boss qui peuvent atteindre une taille gigantesque. Nerveux, Vanquish célèbre la prise de risques et récompense le courage. Une décennie plus tard, ce gameplay n’a pas vieilli.
En revanche, les graphismes ont pris un sacré coup de vieux. Il faut dire que PlatinumGames ne s’est pas foulé : le coup de polish est léger et seul le framerate à 60 fps parvient à maintenir l’illusion. Cette fluidité bienvenue est une aubaine pour épouser l’exigence voulue. Visuellement, Vanquish n’est pas aidé par sa direction artistique quelconque, avec des décors grisâtres et moribonds dans lesquels prennent place des personnages au charisme insignifiant. Qu’importe, Vanquish est un maître du TPS qui aurait mérité de s’inscrire sur la durée. Un paradoxe pour une aventure qui ne tient en haleine qu’une poignée d’heures.
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