Le 10 avril prochain, les propriétaires d’une PS4 — et seulement eux — ont rendez-vous avec Final Fantasy VII Remake, réinterprétation d’un mythe sorti sur la toute première PlayStation. On peut sans aucun doute affirmer que Square Enix prend un risque considérable, sinon inconsidéré, en faisant revivre l’un de ses joyaux. Bien que Final Fantasy VII accuse plus que jamais son âge, le RPG dispose encore aujourd’hui d’une aura phénoménale après avoir touché tant de joueurs avec son univers mature porté par des héros devenus des icônes.
Parce que Final Fantasy VII est une oeuvre majeure, Square Enix n’a pas le droit à l’erreur. La firme japonaise n’a pas le droit non plus de se contenter du strict minimum, qui reviendrait simplement à prendre le jeu original et à actualiser ses graphismes. Pour faire honneur à ce RPG culte, il était primordial d’opter pour la réinvention. Pour Square Enix, cela nécessite de repenser totalement l’histoire, qui sera étalée sur plusieurs épisodes — plutôt que sur trois CD. Cela sous-entend une chose : ce Final Fantasy VII Remake ira bien plus loin.
Final Fantasy VII Remake a tout pour plaire
Nos quelques minutes passées en compagnie de Final Fantasy VII Remake à l’E3 2019 nous avaient rassurés sur le gameplay. Pour rappel, il est nourri par l’idée d’intégrer des éléments au tour par tour — l’essence de l’original — dans une prise en main orientée « action ». Cet élan de modernisme accouche d’une expérience exemplaire qui fera oublier les errements de certains Final Fantasy récents (le XIII et le XV, notamment). En respectant l’héritage laissé par son ancêtre voire, mieux, en le dépoussiérant, Final Fantasy VII Remake est un modèle de remise au goût du jour. Tout juste pourra-t-on pester sur la caméra au placement parfois aléatoire, ce qui peut nuire à la lisibilité lors des combats (qui ne sont plus aléatoires). Après nos trois nouvelles heures de jeu, on n’a pas compris non plus comment fonctionnaient réellement les emblématiques Invocations,
Le savant mélange proposé par le gameplay de Final Fantasy VII Remake donne une dimension tactique bienvenue aux affrontements. Ce constat trouve tout son sens face au boss, qui requiert du doigté et de la patience pour être terrassé. Longs, et impressionnants visuellement, ces face-à-face font vite comprendre qu’il sera nécessaire de savoir jongler habilement entre les coups qu’on lâche en temps réel et les attaques plus puissantes assénées via un menu qui fige le temps.
Ces deux facettes s’imbriquent à merveille et évitent à Final Fantasy VII Remake d’être un simple beat them all sans originalité. Sans compter qu’il est nécessaire de passer d’un personnage à l’autre pour optimiser les compétences de chacun. Par exemple, certains sont plus à l’aise pour se débarrasser des ennemis à distance. Tous ces ingrédients participent à la complexité appréciable de cette production actualisée avec intelligence, matinée d’une bonne dose de personnalisation en matière d’équipement et de magie.
Bien parti pour figurer dans la course pour élire le meilleur jeu de l’année 2020
Square Enix a décidé de découper Final Fantasy VII Remake en épisodes. On peut y voir de l’opportunisme pour gagner encore plus d’argent, mais il promet tout de même des heures et des heures de contenus en plus. Ce premier segment ne s’intéressera qu’à la ville de Midgar, soit une portion qui n’excède pas les dix heures de jeu dans le Final Fantasy VII original. Les développeurs auraient suffisamment gonflé cette grosse introduction pour en faire un jeu à part entière. Ce choix permet de creuser davantage l’intrigue et d’aller plus loin dans les différents messages partagés en sous-texte.
Par exemple, le premier chapitre consiste à détruire le réacteur d’une entreprise accusée par un groupe terroriste bienfaisant de tuer peu à peu la terre. Le deuxième, inédit, s’intéresse à la fuite après l’explosion du bâtiment, une séquence forte qui met les héros face à leurs responsabilités et au lourd tribut qu’ils doivent accepter dans leur guerre contre la Shinra. Toutes ces heures absentes de Final Fantasy VII devraient permettre d’approfondir un thème plus que jamais d’actualité (une méga-entreprise qui pille sans scrupule les ressources de la planète). D’autant que la narration profite à plein régime d’une réalisation de très haute volée, qui fait oublier les limites d’antan.
Les graphismes limités de la PlayStation permettaient à Final Fantasy VII d’afficher un visage au mieux attachant. Là, l’Unreal Engine fait passer Final Fantasy VII Remake dans une tout autre dimension. La ville de Midgar au parfum steampunk n’a jamais été aussi belle (ces effets de lumière et de reflets somptueux…) tandis que la modélisation et les animations ajoutent beaucoup de personnalité à un casting qui n’en manquait déjà pas à la base. On trouvera quand même à redire sur un point : les graphismes sommaires de l’époque offraient au méchant Sephiroth ce charisme énigmatique effrayant, nourrissant sa popularité. Aujourd’hui, l’habillage réaliste plus propre sur lui — et typique des productions japonaises — transforme l’emblématique méchant en gravure de mode très lisse. Dommage.
Exceptés ces quelques défauts qui sautent aux yeux, il apparaît difficile de prendre à défaut ce Final Fantasy VII Remake, bien parti pour figurer dans la course pour élire le meilleur jeu de l’année 2020. Il devrait dans tous les cas offrir un joli baroud d’honneur à la PlayStation 4, en attendant de poursuivre les aventures du héros Cloud sur la future génération.
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