Plusieurs studios indépendants se sont exprimés sur leur volonté de ne pas rejoindre le catalogue de Google Stadia. La principale raison est financière.

Depuis son lancement, Google Stadia ne convainc pas. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces premiers mois difficiles mais le principal problème du service de cloud gaming est à aller chercher du côté du catalogue. Pour s’imposer en substitut des plateformes traditionnelles, Stadia doit pouvoir compter sur les jeux et, pour, l’heure, les comptes ne sont pas bons (aussi bien en qualité qu’en quantité). Plusieurs studios indépendants se sont exprimés sur ce sujet, sous couvert d’anonymat, dans les colonnes de Business Insider le 1er mars. A priori, c’est d’abord une question d’argent.

« Nous avons été approchés par l’équipe de Stadia. Normalement, ils auraient dû venir avec une offre qui donne envie de les rejoindre. Mais elle a quasiment été inexistante », explique l’un des développeurs. On comprend que Google, économiquement très en forme, n’aurait pas proposé un chèque suffisant pour inciter les studios à le suivre.

La défiance des développeurs envers Google et Stadia

Les différents témoignages sont étonnants dans le sens où on imaginait mal Google ne pas faire preuve de générosité en raison des enjeux colossaux. Non seulement la firme de Mountain View doit s’imposer avec une technologie encore balbutiante mais, en prime, elle doit rivaliser avec des acteurs installés depuis déjà plusieurs années (Nintendo, Sony, Microsoft, Valve…). « Il y a des plateformes sur lesquelles vous voulez être car elles ont le public. C’est par exemple Steam, ou la Nintendo Switch », souffle un studio. Ici, il pointe du doigt un autre souci rencontré par Google : sa légitimité. 

« Je ne sais même pas s’ils continueront de travailler sur Stadia dans un an… »

Il y a par ailleurs une forme de défiance qui ressort des propos. Le passé a prouvé que la multinationale n’avait aucun mal à tuer des services du jour au lendemain. Et certains pensent, peut-être à raison, que Stadia finira par rejoindre le cimetière de Google. « Je ne sais même pas s’ils continueront de travailler sur Stadia dans un an… », lance un développeur. « Avec Google, il est facile de se dire ‘Ok, c’est Google’. Si quelqu’un peut faire fonctionner un service, c’est bien eux. Mais ils ont tellement échoué et abandonné de services par le passé… », appuie un autre. Bref, les studios préfèrent être attentistes avec Stadia. 

Google s’est défendu en indiquant que tous ses partenaires n’avaient pas encore annoncé leurs jeux. Dans un article publié sur son blog le 16 janvier, il promettait 120 productions pour 2020 — dont une dizaine exclusives pendant le premier semestre. Elles seront le juge de paix de Stadia, dont les futures semaines s’annoncent cruciales. Pour l’heure, tout porte à croire que Google a manqué une occasion en n’étant pas assez généreux avec les studios indépendants (qui, entre deux blockbusters, portent une vision essentielle du jeu vidéo, avec des titres souvent de très grande qualité). Cela démontre une incompréhension du marché quand les autres — Sony, Nintendo et Microsoft — misent beaucoup sur les indies pour satisfaire leur communauté.

À ce problème de catalogue s’ajoutent des fonctionnalités manquantes et des performances techniques loin d’être toujours au rendez-vous, un constat qui transforme Stadia en une bêta payante.

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