Depuis le 27 février 2020, soit deux ans après la saison 1, Altered Carbon est de retour sur Netflix pour une nouvelle saison toujours aussi survitaminée. Dans son premier chapitre, la série s’était imposée comme un show de science-fiction propulsée essentiellement par une énorme dose d’action. Mais cette narration manquait souvent de fond. On attendait dorénavant un solide world building avec des enjeux épousant vraiment l’essentiel du cyberpunk. Cette saison 2 élève-t-elle le niveau ? La réponse est oui.
Cette deuxième saison adapte le tome 2 de la saga écrite par Richard Morgan, dont est adaptée la série, avec des éléments du tome 3. Comme lorsqu’on ouvre un deuxième roman, il n’y a pas tant que cela besoin de se rappeler les détails du volet précédent. Seules les grandes lignes sont importantes : on est dans un monde où le téléchargement de la conscience et les clones ont presque aboli la mort — surtout pour les riches, bien entendu. Takeshi Kovacs, le héros, est un ancien soldat augmenté, réincarné dans plusieurs corps. D’ailleurs, pour cette saison 2, ce n’est plus Joel Kinnaman qui l’incarne, mais Anthony Mackie.
Les messages du cyberpunk peuvent enfin être délivrés
Dans sa saison 1, Altered Carbon était une série marquante par son excellente incarnation esthétique du cyberpunk. Ce genre narratif décrit des sociétés futuristes caractérisées par une déferlante technologique, entre humanité augmentée, intelligence artificielle et immortalité numérique. Tout ceci dans un contexte souvent ultra-capitaliste, une humanité aliénée par sa soif de progrès, jusqu’à s’abandonner à la dystopie. Altered Carbon appartient à un sous-genre contemporain, le postcyberpunk : dans ce mouvement poursuivant l’œuvre du cyberpunk, les héros sont moins désabusés, ils se battent pour dépasser leur condition, améliorer les choses. Durant la saison 1, on attendait ce fond, sans qu’il se révèle vraiment, sauf par petites bribes.
Avec sa saison 2, la série de Netflix livre enfin des messages. Nous le devons d’abord à une amélioration dans l’écriture. Là où la saison 1 était un enchaînement de scènes d’action, vaguement reliées par la logique de l’enquête, cette suite bénéficie d’une intrigue bien plus solide. Le récit justifie l’action, non plus l’inverse. L’univers cyberpunk d’Altered Carbon est maintenant vraiment présent : la société futuriste dans laquelle évolue Takeshi Kovacs prend du sens. Il y a, comme on l’a attendu durant toute la saison 1 sans vraiment l’avoir, une vraie réflexion sur le transhumanisme, sur les IA, sur l’aliénation potentielle de l’humanité par les technologies. La saga de Richard Morgan n’est pas nommée « carbone modifié » pour rien : le carbone est la charpente des molécules organiques. Alors, que devient le vivant si l’on intervient au sein de ce processus naturel ? Cette question doit être la focale de tout la narration.
Cette saison 2 d’Altered Carbon ose donc mettre les pieds dans le plat d’une réflexion un tant soit peu poussée. Dès lors, on quitte le polar à l’esthétique cyberpunk, pour entrer dans un récit cyberpunk pur et dur, qui n’hésite pas à délivrer l’électrochoc politique, social, qui vient avec ce genre. Une scène montrant de la cruauté d’un personnage envers un autre apparaît alors moins gratuite, puisqu’elle souligne un rapport de domination ou une stratégie politique.
On s’intéresse enfin aux personnages
Cette amélioration dans l’ambition et la cohérence du récit s’accompagne de personnages eux aussi bien mieux écrits. Loin des personnages froids, solitaires, lointains de la saison 1, cette saison 2 nous implique dans les enjeux d’Altered Carbon avec des êtres qui fendent l’armure. L’arrivée d’Anthony Mackie pour interpréter Takeshi Kovacs opère un vrai pas en avant : bien qu’il conserve l’air impassible du personnage, des sentiments arrivent à passer en dépit de cela, et cela change tout à l’atmosphère de la série. Quoi de mieux qu’un héros humanisé pour mettre en exergue une société déshumanisée ? C’est aussi cela, le postcyberpunk.
On apprécie également que Quellcrist Falconer, l’un des personnages les plus fascinants du récit, soit de retour pour être au cœur de l’intrigue aux côtés de Takeshi. Autour de ce qui est maintenant un duo, une nouvelle galaxie de personnages bien plus captivants que ceux de la saison 1 font leur arrivée. Takeshi et Quell s’associent à une chasseuse de primes qui doit équilibrer cette aventure avec sa vie aux côtés de sa compagne et de son fils. Une nouvelle IA intervient, tandis que Poe, l’IA drôle et touchante déjà intégrée en saison 1, approfondit sa conscience. Du côté des antagonistes, Danicia Harlan, gouverneuse de la planète, dévoile son jeu épisode après épisode, jusqu’à devenir plus terrifiante que ceux qui portent les armes. Takeshi lui-même se révèle soudain plus complexe que prévu.
Ce deuxième chapitre dans l’histoire d’Altered Carbon connaît donc une véritable « mise à niveau » dans son ensemble. Tout est globalement meilleur, car tout est porté par un fond mieux construit, plus ambitieux, plus humanisé. Les scènes badass ont le mérite d’être palpitantes mais il est bon que la série ne repose pas que sur cette astuce. Cela étant, que ces améliorations ne nous y trompent pas : l’ensemble reste bourrin, parfois encore et toujours au détriment d’une œuvre qui aurait plus être davantage intelligente. En tout cas, avec cette saison 2, Altered Carbon nous propose enfin une vraie œuvre complète en matière de cyberpunk.
Altered Carbon, saison 2, est disponible depuis le 27 février sur Netflix.
Le verdict
Altered Carbon
Voir la ficheOn a aimé
- L'esthétique, comme la saison 1
- Une nette amélioration de l'intrigue
- Des personnages plus attachants qu'en saison 1
On a moins aimé
- Encore trop bourrin inutilement
Altered Carbon est une super-production de Netflix et, de fait, son budget lui offre un emballage hollywoodien : l’esthétique est excellente. Mais la saison 1 ne se reposait que sur cela, en comptant sur un style badass dans l’action pour porter son récit. Cette saison 2 augmente le niveau en proposant une intrigue mieux construite et des personnages plus attachants. Le résultat : une oeuvre plus proche de ce qu’est vraiment le cyberpunk, dans son message, au-delà de sa simple esthétique. On regrettera malgré tout un ensemble encore trop bourrin, mais les séries de science-fiction de ce niveau étant encore rares, on ne peut que vous la conseiller.
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