Les fans vont adorer, les autres auront du mal à rentrer dedans. On a testé le très attendu Animal Crossing New Horizons sur Nintendo Switch, qui nous apprend le ralentissement et à la patience. Quel meilleur jeu pour passer le temps, lorsque l’on doit rester chez soi ?

Depuis l’annonce d’Animal Crossing New Horizons, le 14 septembre 2018, les fans de chasse et de pêche sur écran sont en émoi. La dernière version de la franchise, New Leaf (sur 3DS), date de 2013 en Europe. Sept longues années sans secouer des pommiers, sans vendre des poissons à la pelle, sans pouvoir se lier d’amitié avec un écureuil au détour d’un cocotier.

Puis, l’annonce d’une nouvelle version. Le jeu devait initialement arriver en 2019, mais sa sortie a été repoussée jusqu’au 20 mars 2020 « afin d’assurer que [New Horizons] soit le meilleur jeu possible », apprenait-on alors lors du Nintendo Direct de l’E3 2019. Nous voilà arrivés au bout de ce périple, forcément douloureux pour certain.e.s à en croire les tweets d’impatience qui ont inondé le réseau ces derniers temps.

Douloureux, certes, mais ce délai a visiblement porté ses fruits : Animal Crossing New Horizons est une franche réussite technique. L’esthétique propre à la saga a été élevée à un tout autre niveau – grâce aux capacités de la Switch, inégalées chez Nintendo – et l’on retrouve tous les composants essentiels d’un bon Animal Crossing. Les quelques nouveautés canalisent (un peu trop) l’excitation des joueurs et joueuses au commencement du jeu, mais c’est pour mieux dévoiler mille et une merveilles au fil du temps. À part l’ASMR, on n’a pas trouvé mieux pour se détendre devant un écran.

 

Pour la sortie de la nouvelle version de l’une des franchises les plus aimées de la marque, Nintendo a misé gros : le Direct d’une demi-heure, diffusé un mois avant la sortie du jeu, dévoilait en long, en large et en travers les nouveautés de New Horizons. La vidéo était accompagnée d’un site où l’on découvrait, les yeux ébahis, d’autres clips assez courts mais tout aussi informatifs. Si vous avez, vous aussi, dévoré l’intégralité des contenus mis à votre disponibilité, le début de New Horizons risque de vous décontenancer.

Les débuts : bienvenue sur une île… vraiment déserte

Les joueurs et joueuses arrivent sur une île déserte – et non pas un village établi, comme ce fut le cas dans Wild World, City Folk et New Leaf. Tout reste à faire : si ce n’est quelques tentes et des milliers de mauvaises herbes, il n’y a pas beaucoup d’activités sur cette île. Alors certes, selon les détracteurs de la saga, il n’y a jamais eu beaucoup d’activités dans un jeu Animal Crossing (et la pêche au bar commun alors ?). Mais cette fois-ci, New Horizons pousse le vice en vous empêchant, au début, de parcourir « votre » propre île déserte. Et oui : il n’y a ni pont, ni passerelle. C’est une île d-é-s-e-r-t-e. Bien plus déserte qu’Hyrule dans Breath of The Wild. Presque aussi indomptable que les Terres Sauvages du dernier Pokémon. Tout aussi silencieuse qu’un open space en pleine phase 3 du coronavirus.

Et comme ici, votre personnage tient plus de Oui-Oui que Bear Grylls, vous serez obligés de patienter sagement. Les escaliers en brique, les balançoires en bois et le super musée aperçus dans les trailers ? Ce n’est pas pour tout de suite.

La chasse aux bons points

Alors, que peut-on faire en attendant ? New Horizons dispose de petites nouveautés qui devraient vous tenir en haleine un temps, comme le Nook Phone et ses applications, qui font leur première apparition. Cet appareil vous permettra de débloquer des Nook Miles – comme au Monop – lorsque vous faîtes… à peu près n’importe quoi. Vous avez pêché tant de poissons ? Un bon point. Vous avez ramassez un paquet de mauvaises herbes ? Même chose. New Horizons devient alors un objet de satisfaction ultime : on vous récompense pour des tâches que vous auriez accomplies de toute façon. Animal Crossing a toujours été synonyme de bienveillance et allégresse, et cette nouvelle version ne déroge pas à la règle — en plus d’être une tactique assez bien rodée des créateurs de jeux vidéo pour envoyer des petites décharges d’endorphine dans votre cerveau à chaque fois que vous faites un geste.

Tout est plus simple, rien n’est simplet.

Sur ce Nook Phone, on retrouve aussi d’autres applications bien pratiques, comme le Bébêtopédie (disponible rapidement), qui recense les insectes et les poissons attrapés et, surtout, précise si vous avez déjà fait don de cette jolie mante religieuse au musée de l’île.
Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais cette attention portée aux petits détails font de New Horizons la version la plus optimisée — et la plus agréable à jouer — de la franchise. Les exemples sont nombreux : les poches permettent de stocker plus d’objets, la décoration de votre maison est bien moins complexe, la sélection des items à donner ou vendre est plus rapide… Tout est plus simple, rien n’est simplet.

Sur le fameux Nook Phone, on retrouve également une carte, un passeport personnalisable, la liste des objets que l’on peut créer, et un appareil photo aux fonctionnalités plutôt jolies. Et si vous vous parvenez à vous perdre – la map est grande, mais pas si grande –, vous pouvez toujours contacter le « Service d’aide ».

Des corvées parfois répétitives

Autre nouveauté : vous pouvez désormais construire vous-même bon nombre d’outils. C’est l’une des composantes essentielles de cette nouvelle version : le bricolage. Des traditionnelles cannes à pêche, vous passerez rapidement à du mobilier, des bancs ou des objets décoratifs. C’est l’aspect le plus laborieux d’Animal Crossing New Horizons : il vous faut constamment couper du bois, ou chercher divers matériaux pour construire une énième pelle après que la dernière se soit brisée contre une pierre — et vos rêves de trouver une pépite d’or, avec. La frontière est mince, entre les tâches nécessaires à la création d’un univers tangible, et les corvées bien trop répétitives. Animal Crossing New Horizons l’évite autant que faire se peut, mais personne n’est parfait (pas même Tom Nook).

Puis, de fil en aiguille, les joueurs et joueuses sont amenées à construire un pont, une rampe, et de nouvelles habitations pour les futurs insulaires. Voilà que votre île déserte ressemble à s’y méprendre aux villages des versions précédentes : on érige une boutique, une autre, puis un musée, un camping ou une aire de jeu. Cette fois-ci, vous contrôlez tout : chaque décision est vôtre, et rien ne se fera sur cette île sans votre aval. Vous êtes un dieu — ou un dictateur très apprécié de ses sujets, qui n’ont plus qu’à s’asseoir et attendre que le temps passe.

Ce tout nouveau pouvoir n’est pas anodin : il vient combler les attentes des fans qui, des années durant, ont versé une larme en voyant une maison apparaître là où ils avaient délimité un champ de tulipes. Ou se sont tués à la tâche en essayant de dessiner des « motifs » pour leurs rues et chemins. Cette fois-ci, les motifs sont déjà là. L’équipe derrière Animal Crossing a réussi l’impossible : écouter son public sans verser dans du fan service pur et dur.

Animal Crossing New Horizons ou comment apprendre la patience

Animal Crossing New Horizons se découvre sur la longueur. Bien que nous ayons profité au maximum des quelques jours d’avance où nous avons pu tester le jeu, il est nécessaire de noter qu’il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg. Comme dans les versions précédentes, les saisons défileront et apporteront avec elles leurs lots d’événements, de faune et de flore qui leur sont propres. Le but est de faire durer le plaisir : si l’on débloque rapidement la boutique de Méli et Mélo, fort est à parier qu’elle sera sujette à transformation, comme dans New Leaf ou City Folk.

Une application doit également voir le jour peu après la sortie du jeu, permettant de transférer des motifs ou encore communiquer avec d’autres joueur⋅ses du monde entier. Et, évidemment, il y a le mode multijoueur, en local comme en réseau, que nous n’avons pas pu tester — le jeu n’étant pas officiellement encore sorti. On sait également que les joueurs et joueuses auront la possibilité de « terraformer » leur île, gérant eux-mêmes le relief et les rivières de leur environnement. Construire une île prend du temps ; Animal Crossing vous force à freiner la cadence. Vous avez assez couru toute la journée dans le métro en évitant les postillons de votre voisin : venez donc chasser des coccinelles dix minutes. Vous y passerez sûrement votre soirée, mais quelle soirée.

Le verdict

Animal Crossing New Horizons fera l’unanimité chez les fans de la franchise. On y retrouve les mécaniques qui ont fait le succès du jeu, et les nouveautés apportées sont aussi divertissantes que malignes. Mais en mettant l’accent au départ sur la détente, il ne va sûrement pas conquérir celles et ceux qui ont toujours trouvé Animal Crossing un peu vide de sens.
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