À l’heure où nous écrivons ces lignes, sur la plateforme Twitch, près de 75 000 personnes regardent des parties de Call of Duty: Warzone, le Battle Royale free-to-play lancé par Activision le 10 mars 2020 sur PS4, Xbox One et PC. C’est 33 % de plus que Fortnite, le leader sur le marché. Et, dix jours plus tard, le succès est sans appel puisque 30 millions de joueurs s’y sont essayés, a annoncé l’éditeur dans un tweet. Le titre est bien parti pour battre les records d’Apex Legends, qui avait connu un départ fulgurant avec 50 millions d’utilisateurs en un mois. Ces chiffres peuvent facilement s’expliquer : après un premier essai passable sur Call of Duty: Black Ops 4, Activision a retenu la leçon.
Le principal argument de Call of Duty: Warzone c’ est d’abord le nombre de joueurs qu’il peut réunir dans une seule session. Alors que Fortnite s’arrête à 100 (et Apex Legends à 60), lui grimpe à 150. S’il est possible d’y jouer seul (l’option, réclamée, a été ajoutée peu après la sortie), le jeu est pensé pour les trios. La carte est nécessairement immense et, après quelques parties, on peut affirmer une chose : le vrai atout de Warzone est sans conteste son mode Pillage.
Un Battle Royale finalement classique et puis…
S’il est lié à Call of Duty: Modern Warfare, Call of Duty: Warzone ne permet pas d’accéder aux autres modes payants (la campagne solo et le multi classique). En revanche, le passe de combat est partagé, en termes de progressions.
En Battle Royale classique, Call of Duty: Warzone offre les sensations attendues, à commencer par ces longs moments de solitude en quête d’un adversaire jusqu’à être abattu en quelques secondes par quelqu’un dont on ne soupçonnait pas la présence. Cette frustration, inhérente au genre, est quelque peu gommée par la possibilité de revenir dans la partie. Si les coéquipiers pourront dépenser de l’argent pour vous faire réapparaître, le Goulag reste le meilleur moyen d’obtenir cette seconde chance. Dans une prison, vous participez à un duel qui permet au vainqueur de revenir sur la partie principale (sans l’équipement qu’il avait récupéré avant de mourir).
Call of Duty: Warzone multiplie les activités sur la carte pour pimenter les batailles
On retrouve autrement les ingrédients qui ont fait le succès de la saga Call of Duty dans ses modes classiques en ligne, à commencer par ce gameplay qui privilégie la nervosité au réalisme. Le plaisir est plus immédiat, même si on tombe très vite sous les balles ennemies (surtout sans armure). Le comportement des véhicules continue de laisser à désirer, avec une conduite molle et un moteur physique qui ne permet même pas de détruire un arbre en fonçant dessus avec un camion. Le feeling des armes est suffisamment bon pour assurer de bonnes sensations de tir. L’accessibilité est de mise, tout comme l’est la courbe de progression.
C’est d’autant plus vrai que Call of Duty: Warzone multiplie les activités sur la carte pour pimenter les batailles. L’argent, véritable nerf de la guerre, est utile pour récupérer des équipements puissants. On en récupère beaucoup en remplissant des contrats aux objectifs aléatoires, qui font parfois appel à des modes en ligne qu’on ne présente plus (exemple : capturer une zone). Cela permet de peupler la carte immense, dont la zone se réduit périodiquement en raison d’un nuage toxique. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les ultimes minutes se passent dans la prison théâtre des secondes chances.
… vive le mode pillage
Paradoxalement, le vrai argument de Call of Duty: Warzone n’est pas l’expérience Battle Royale qu’il propose mais le mode additionnel, baptisé Pillage. Armé de fondations communes (la carte, notamment), il confronte 34 équipes de 3 joueurs chargés de récolter un maximum d’argent en 30 minutes (ou d’attendre le milliard, coup d’envoi d’une mort subite où les teams en retard peuvent encore l’emporter). Ici, les règles sont totalement différentes : l’idée n’est plus vraiment de tuer les autres mais d’être plus malin dans la gestion de sa fortune, amassée en ouvrant des coffres, en remplissant des contrats et/ou en pillant le cadavre des autres. Dans Pillage, la mort importe moins puisque la possibilité de revenir dans la partie est illimitée (on perd une partie de son butin).
Il est bien évidemment possible de sécuriser son argent au moyen d’hélicoptères publics, situés dans des zones nécessairement à risques (puisque tout le monde voudra faire comme vous). On peut aussi opter pour un ballon privé, coûteux mais plus sécurisé. Pillage encourage par ailleurs à ne pas garder l’argent trop longtemps sur soi, les joueurs les plus riches étant indiqués sur la carte. Ils deviennent alors des cibles prioritaires pour obtenir du cash en les éliminant. Autre bonne idée, l’argent, s’il est commun à l’équipe, est divisé en fonction de ce que les membres ramassent. Il est donc tout à fait envisageable de désigner un porteur et deux gardes du corps, qui pourront alors se sacrifier sans pénaliser la récolte.
En somme, rien n’oblige à être un pro de la gâchette pour s’amuser dans Pillage, ce qui évite tout sentiment de frustration quand on doit affronter des joueurs meilleurs que soi (ce qui peut arriver assez souvent, selon son niveau). Il préfigure en outre de belles options en matière de stratégies à mettre en place pour triompher, sachant que la partie peut basculer à tout moment. On se prend vite au jeu et, à côté, le mode Battle Royale plus classique apparaît fade — quoique plus compétitif dans l’approche. En tout cas, Call of Duty: Warzone a la bonne idée de proposer du choix pour varier les plaisirs. Il en faudra pour tenir sur le long terme face à un Fortnite qui évolue sans cesse.
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