Le monde du livre a été pleinement touché par le confinement impliqué par la crise sanitaire de la maladie Covid-19. Des salons ont été annulés mais, plus grave encore dans le circuit du livre, toutes les librairies indépendantes de France sont fermées, et c’est aussi le cas pour les autres points de vente. Au début, la livraison par correspondance était encore possible, ce qui n’est plus le cas depuis le renforcement du confinement et l’impossibilité de poster des colis. « En l’espace d’une semaine, les éditeurs ont vu leur canaux de commercialisation se réduire comme peau de chagrin », alerte Clément Latzarus. Le développeur est à l’initiative de Bol d’Air, une opération visant à offrir un livre numérique chaque jour aux lecteurs et aux lectrices.
Paradoxalement, c’est dans une période où les canaux de distribution du livre sont fermés que nous avons peut-être le plus besoin de lectures. En plein confinement, les moments où il est possible de s’apaiser, de s’évader un livre en main se sont plus que jamais multipliés. « Les lecteurs savent que se plonger dans un roman passionnant ou un essai captivant est un excellent moyen d’oublier brièvement un quotidien morose », relève Clément Latzarus. Vous pouvez évidemment vous tourner vers votre fameuse PAL, la « pile à lire », ces livres que vous avez déjà chez vous. C’est d’ailleurs pour cela que Numerama, durant le confinement, ne manque pas de continuer à vous recommander des ouvrages. Mais il vous viendra probablement l’envie, pour alterner, en voyant votre PAL se réduire, de renouveler ou d’agrandir encore votre bibliothèque. Un minimum de six semaines de confinement est à envisager.
C’est là qu’intervient l’alternative du livre numérique. Aujourd’hui, la plupart des ouvrages existent dans une version ebook, que vous pouvez consulter sur une liseuse, une tablette, un smartphone ou même un ordinateur. Durant l’opération Bol d’Air, un éditeur offre, chaque jour via la plateforme, un nouvel ebook. Celui-ci reste gratuit et accessible pendant 72h. Par ailleurs, vous ne saurez jamais à l’avance quel livre tombera le lendemain, un peu comme un calendrier de l’avent. Clément Latzarus précise à Numerama que « la gratuité temporaire s’est imposée immédiatement », en raison d’« un contexte où les revenus de chacun sont au mieux menacés, au pire sévèrement amputés », mais aussi pour proposer une « offre claire dans un quotidien incertain ».
Une plateforme numérique basée sur la gratuité pose toujours des questions et il s’agit systématiquement de vérifier si nos données ne sont pas, au fond, le produit. Clément Latzarus précise à ce sujet qu’« il n’y a aucun pisteur publicitaire ou de réseau social sur le mini-site » et que l’adresse mail renseignée pour être tenu au courant des livres offerts sera totalement supprimée des serveurs à la fin de l’opération, sans être partagée avec des tiers — cela signifie que les éditeurs partenaires n’y auront pas accès. Enfin, le code source du site est libre et les titres proposés en numérique sont sans DRM.
« Nous sommes sincères quand nous parlons de gratuité : le but est de faire découvrir des catalogues, pas de réaliser une opération de collecte de données personnelles. » L’ambition des éditeurs participant à l’opération est donc double : participer à l’effort collectif pour rendre cette période moins angoissante en soutenant les lecteurs et lectrices ; et continuer à faire découvrir leur catalogue à un nouveau lectorat, pendant cette période difficile pour le circuit du livre, car la gratuité « permet aussi aux lecteurs d’explorer plus facilement des catalogues inconnus ». Il est vrai qu’une telle opération pourrait permettre aux éditeurs indépendants, parfois déjà fragiles, d’accuser le choc économique de la fermeture temporaire des circuits de distribution si, lors de la reprise, un nouveau lectorat achète leurs livres.
Quels types d’ouvrages sont offerts ?
Clément Latzarus s’occupe déjà de Biblys, une solution web d’e-commerce pour les librairies et les maisons d’édition. Les premiers titres du catalogue de Bol d’Air proviennent d’éditeurs avec lesquels il travaillait déjà, mais il espère que d’autres rejoindront l’opération au fil des jours. On retrouve ainsi Le Bélial’, Dystopia, Velvet, Scylla et Les Règles de la nuit. Par ailleurs, les éditions ActuSF font aussi partie, dorénavant, de la démarche.
« Les éditeurs avec qui je travaille œuvrent principalement dans le domaine de l’imaginaire, et cela se ressent dans les premières propositions : un roman d’anticipation et un recueil de nouvelles fantastiques », précise Clément Latzarus, qui indique toutefois que ce n’est pas une règle et que tout est fait pour correspondre à une variété de goûts. Ce mercredi 25 mars, les éditions Le Bélial’ offrent par exemple Comment parler à un alien, ouvrage où un linguiste mélange vulgarisation scientifique et imaginaire.
Clément Latzarus est en tout cas pleinement investi dans Bol d’Air. Si, financièrement, cela ne coûte rien aux éditeurs pour participer à l’opération, il y a un petit coût pour le développeur, pour l’hébergement web notamment. Mais l’investissement est « surtout humain », précise-t-il, en raison du temps de développement du site, de la communication avec les éditeurs et les lecteurs, de l’animation du site et des réseaux sociaux. « Comme je suis par ailleurs salarié en télétravail et jeune papa, cela veut dire que j’y passe surtout mes nuits. »
Pour rejoindre l’opération en tant que lecteur et lectrice, il suffit de se rendre sur le site internet. À noter qu’en cette période particulière, beaucoup de maisons d’édition procèdent à des opérations individuelles ou collectives pour offrir des livres numériques ou proposer des promotions. C’est le cas de «Confinement Lecture », où l’on retrouve entre autres L’Atalante et Bragelonne et plusieurs livres gratuits chaque jour, y compris des livres audio. N’hésitez pas à vous rendre sur les réseaux sociaux de vos maisons d’édition favorites pour explorer leurs opérations.
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