Ces dernières années, beaucoup de studios ont voulu s’immiscer dans le genre horreur en vue à la première personne, croyant pouvoir surfer sur la vague Outlast. Sous la houlette de Funcom, Rock Pocket Games propose Moons of Madness, qui partage le même univers que The Secret World. Disponible sur PC depuis octobre 2019, soit à temps pour Halloween, il n’est sorti sur PS4 et Xbox One que depuis le 24 mars 2020.
Moons of Madness associe espace et Lovecraft et nous envoie sur Mars pour un trip qui tente de ne ressembler à aucun autre. Hélas, se plonger quelques minutes dans cette aventure suffit pour constater qu’elle est loin de répondre aux attentes.
Lovecraft à la sauce SF
Membre de l’équipage Invictus, envoyé sur Mars par l’entreprise Manticore-Orochi, l’ingénieur Shane Newehart pensait vivre une mission tranquille jusqu’à ce qu’il commence à être en proie à des hallucinations et des rêves étranges. À mesure qu’il perd pied dans la réalité, il va se rendre compte que quelque chose ne tourne pas vraiment rond sur la planète rouge — sous fond d’une conspiration qui dépasse bien évidemment son statut de simple employé.
On peut reconnaître à Moons of Madness le travail sur l’ambiance
On peut reconnaître à Moons of Madness le travail sur l’ambiance, qui puise dans toutes les œuvres de science-fiction où il est question de vie extraterrestre, de confinement, d’expériences qui tournent mal, d’exploration spatiale… Le tout avec le saupoudrage lovecraftien qui donne du liant à toutes les thématiques. Ce n’est pas foncièrement original mais, au moins, l’expérience est suffisamment emprunte de mystères pour accrocher. D’autant qu’on ressent bien cette notion d’isolement et le sentiment d’oppression qui va avec. En revanche, exceptions faites de quelques moments, la peur est rarement présente. On est davantage dans le trip psycho que l’horreur pure.
La réalisation de Moons of Madness souffle le chaud et le froid. On ne saurait clairement affirmer que les graphismes sont jolis tant ils affichent un rendu parfois trop plastique (concrètement, les textures luisent beaucoup). Ce constat n’est pas tout à fait en adéquation avec le ton que désirent donner les développeurs à leur jeu. Dans le même temps, certains décors fourmillent de détails démontrant une volonté de soigner l’habillage. À l’arrivée, c’est mitigé.
L’ennui dans l’espace
Moons of Madness ne prend même pas la peine d’introduire son univers par une cinématique. On est d’emblée plongé dans le quotidien de Shane Newehart, qui est loin de vivre sa meilleure vie sur Mars. Très vite, on comprend que l’on va s’ennuyer. Il y a d’abord ces tâches d’ingénieur enquiquinantes à remplir. Il y a surtout ce gameplay d’une infinie mollesse. Les déplacements sont majoritairement lents et les développeurs ponctuent le jeu de petites actions fastidieuses pensées pour renforcer l’immersion. Cette idée fonctionne par exemple quand il est nécessaire de changer l’atmosphère avant d’entrer dans un bâtiment ou de sortir prendre l’air. De la même manière, il faudra constamment veiller à ce que le niveau d’oxygène de sa combinaison soit suffisant quand on porte le casque.
On se contente d’avancer sans panache
En dehors de ces bonnes intentions, Moons of Madness est rattrapé par ses démons, en premier lieu son incapacité à impliquer le joueur. Le rythme n’aide pas : même quand on doit échapper à quelque chose, on a l’impression d’être un paresseux qui décidera peut-être un jour de changer de branche. Quand il ne doit pas échapper à la folie qui s’empare de Mars, Shane Newehart doit faire marcher sa matière grise pour résoudre des énigmes à la logique parfois venue d’ailleurs (spoiler : il existe des guides sur les Internets). Entre deux sollicitations du cerveau, notre héros de fortune est sans cesse sollicité par ses collègues qui lui demandent toujours plus de choses à faire.
Dans ces tranches de vie de cosmonaute s’imbriquent des phases plus cauchemardesques, qui permettent à la patte Lovecraft de s’exprimer pleinement. Le problème est que Moons of Madness manque un tantinet d’action, d’interaction et de séquences fortes susceptibles d’ajouter au stress du joueur. Là, on se contente d’avancer sans panache en priant pour que la conclusion soit imminente. Par chance, elle intervient au bout de cinq heures, sauf si vous restez bloqués plusieurs heures sur une même énigme.
Le verdict
Moons of Madness
Voir la ficheOn a aimé
- L'ambiance
- Quelques bonnes idées
On a moins aimé
- Gameplay mou
- On s'ennuie ferme
- La logique de certaines énigmes
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