Avec l’intégration de Disney+ dans ses offres et une longueur d’avance sur le catalogue récent du géant américain, Canal+ a gagné la bataille de l’image et celle du catalogue grâce à la chronologie des médias.

Aux États-Unis, le slogan de Disney pour son service Disney+ est simple : « Les meilleures histoires du monde, au même endroit ». En France, le sous-titre au 6 avril 2020 de Disney+ était « Encore un peu de patience, notre service de streaming Disney+ arrive bientôt… mais à la demande du gouvernement français, nous avons convenu de reporter le lancement jusqu’au mardi 7 avril 2020 ». Bien entendu, ce petit texte qui rappelle le confinement et les mesures demandées par les opérateurs a été mis là dans l’urgence, mais l’expression « à la demande du gouvernement français » rappelle déjà que l’aventure Disney+ ne sera pas la même dans l’Hexagone qu’ailleurs.

Car le gouvernement français a aussi pour fait d’armes la chronologie des médias. Discuter de sa pertinence n’est pas l’objet de cet article. Mais le fait est que, comme pour la décision de retarder le lancement en France pour des raisons difficilement recevables (rien n’a changé en deux semaines, nous sommes toujours des binge-watchers confinés), Disney+ doit s’y plier. C’est pour cela que le slogan bien pratique aux États-Unis tombe à l’eau : non, vous n’aurez pas tout Disney dans Disney+. Vers quoi doit se tourner celle ou celui qui souhaite avoir le meilleur de Disney dans un abonnement ?

À cette question, l’artisan officieux de la chronologie des médias, ou tout du moins celui qui en profite le plus, a une réponse qu’il martèle depuis plusieurs mois : sur Canal+. Après avoir coupé l’herbe sous les pieds des opérateurs grâce à un deal exclusif de distribution sur les box, le groupe français n’a cessé de mettre en avant auprès de ses abonnés, ses futurs abonnés et les médias que Disney, c’était chez lui avant tout. Et il faut reconnaître que le coup est habile : à regarder son catalogue, Canal+ n’a pas tout à fait tort.

Canal+, un passage obligatoire pour Disney

Qui cherche à regarder par exemple les Marvel sur Disney+ sera bien déçu. Sur les 22 films, seuls 12 seront disponibles sur la version française de Disney+. Et il ne faudra pas compter sur les dernières sorties ou sur la fin du cycle achevé avec Avengers: Endgame. Si la chronologie des médias ne bouge d’ici là, les titres possédés par Disney et sortis en 2019 ne pourront débarquer sur son service de streaming qu’en 2022 ! En revanche, si l’on jette un œil sur Canal+, on s’aperçoit que les Marvel les plus récents sont là. Pas tous, évidemment, mais au moins de quoi présenter un catalogue plus frais que celui de Disney+ : les derniers Spider Man, le diptyque AvengersCaptain MarvelAnt-Man & la guêpe, etc.

On trouve en plusieurs recherches tous les Marvel récents, des séries, et d'autres franchises mal rangées // Source : Capture d'écran Numerama

On trouve en plusieurs recherches tous les Marvel récents, des séries, et d'autres franchises mal rangées

Source : Capture d'écran Numerama

Et Canal+ ne vole pas la vedette à Disney+ que pour les superhéros. Il pique aussi au service des stars : Pixar et les productions Disney. Longtemps partenaire de Disney, Canal+ a pris l’habitude de diffuser à ses abonnés les derniers films et dessins animés. Envie d’enchaîner les 4 Toy Story ? Il faudra certes un abonnement à Disney+, mais également passer par Canal+ pour voir le dernier, qui vient d’être mis en ligne. Même histoire pour Ralph 2.0 et Les Indestructibles 2, qui sont toujours chez Canal+ et ne pourront pas être rapatriés sur Disney+ avant la fin de la période encadrée par la chronologie des médias.

Toy Story 4, c'est sur Canal // Source : Capture d'écran Numerama

Toy Story 4, c'est sur Canal

Source : Capture d'écran Numerama

Seule la saga Star Wars résiste à cet exercice comptable : comme au moins 6 des films sont sortis il y a bien longtemps, Disney+ peut les diffuser. La dernière trilogie est bien entendu amputée. L’histoire de Rey a débuté en 2015, mais s’est achevée en 2019. Impossible donc de voir la trilogie entièrement sur Disney+ avant 2022. Canal+, de son côté, diffuse en ce moment Les Derniers Jedi, soit l’épisode 8 et diffusera à coup sûr en exclusivité L’Ascension de Skywalker, épisode conclusif, quand il sera disponible.

Même sans cela, Canal+ peut compter sur des achats à l’acte pour compléter son offre, via un catalogue en VOD que Disney+ ne propose pas. Ainsi, le catalogue Star Wars est-il artificiellement gonflé avec des titres qui ne sont pas proposés en streaming dans l’abonnement. L’illusion fait effet.

La quasi-totalité des films de la requête Star Wars sont à acheter en plus de l'abonnement // Source : Capture d'écran Numerama

La quasi-totalité des films de la requête Star Wars sont à acheter en plus de l'abonnement

Source : Capture d'écran Numerama

Malheureusement pour Disney+, tant que la chronologie des médias existera sous cette forme en France, Canal+ aura une fenêtre de diffusion bien plus avancée pour les films récents. On comprend alors tout à fait la stratégie du géant américain de s’allier au groupe français qui est le seul aujourd’hui à pouvoir lui permettre de tenir sa promesse. Si l’on se fie à cette promesse, on pourrait dire que, contrairement aux autres régions du monde, l’abonnement à Disney+ en France ne coûte pas 6,99 € par mois, mais au moins 19,90 € avec un engagement de deux ans. Au moins, oui.

Mais alors, que choisir ?

Pris dans les mailles de la loi française, Disney+ sort donc incomplet et restera éternellement incomplet. Le groupe Disney n’a pas fait basculer l’intégralité de sa production sur des séries ou des films « direct to Disney+ », pirouette qui permet à Netflix de se constituer un catalogue perpétuellement renouvelé. Certes, il y aura des productions originales sur Disney+ dès la sortie de la plateforme et d’autres complèteront petit à petit cette offre initiale.

Mais la question se posera toujours : une fois la nostalgie passée et le catalogue entièrement exploré, que faire d’un abonnement Disney+ si ce n’est un outil pour occuper des enfants qui ne se lassent jamais de revoir les mêmes films ? Car toutes les diffusions cinématographiques, ce pour quoi la maison Disney est reconnue et plébiscitée dans le monde entier, suivront le même chemin en France : elles ne sortiront que 3 ans plus tard sur Disney+.

En réalité, tout Disney coûte 34,90 € par mois en France // Source : Capture d'écran Numerama

En réalité, tout Disney coûte 34,90 € par mois en France

Source : Capture d'écran Numerama

Soit l’on s’accommodera de cette situation et en ce cas, l’abonnement classique à Disney+ suffira : c’est aujourd’hui le moins cher de toutes les offres et celui qui est proposé sans engagement au prix le plus bas, avec un catalogue déjà conséquent (si vous aimez les programmes familiaux). Vous pourrez tout à fait l’abandonner un mois et le reprendre ensuite, au gré des envies. En revanche, l’abonnement à Canal+ le moins cher, proposé à 19,90 €, n’a aucune des chaînes Canal… et c’est sur ces chaînes que l’on trouve le catalogue complet cité ci-dessus : ce n’est pas une option que nous pourrions recommander à une personne qui ne s’intéresse pas vraiment à l’univers Canal+.

En réalité, les offres de Canal+ ont été conçues pour inciter à se diriger vers l’abonnement le plus cher, qui est aussi le plus intéressant pour qui aime passionnément les univers Disney, les bonnes séries et le grand cinéma à la maison. Pour 34,90 €, Canal+ propose un pack avec Disney+, ses chaînes Cinéma et Séries, mais aussi avec Netflix et toutes les déclinaisons d’OCS (qui possède notamment toute la production HBO en France, mais aussi des perles de l’univers Marvel comme en ce moment l’excellent Spider-Man New Generation). Avec un tel package d’offres, difficile de passer à côté d’une grande série ou de ne rien trouver à regarder. Vous pourrez bien entendu regarder Disney+ depuis l’app Disney+ ou Netflix depuis l’app Netflix, même en ayant souscrit avec Canal.

Finalement, Canal a bien remporté son pari, non pas en luttant de front avec la SVoD étrangère qui lui grappille des abonnés tous les ans, mais en faisant accepter à ces acteurs qu’il n’y a pas d’alternative dans le pays de la loi Canal. Netflix s’y est associé, Disney s’y plie. Au moins a-t-on la chance, en tant que spectateur, d’avoir à portée de clic des offres complètes à un tarif qui n’est pas excessif.

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Source : Montage Numerama

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