Tom Hanks est échoué sur une plage déserte. Une femme nue s’approche de lui, l’embrasse et court se jeter dans la mer. Une cascade de cheveux blonds recouvre son dos, mais un détail surprend : sur ses fesses, une étrange matière semble avoir été apposée. Cela ressemble à des cheveux blonds, mais cette toison ne bouge pas de la même manière. Il s’agit en fait d’images rajoutées en post-production qui visent à couvrir le postérieur de l’actrice Daryl Hannah dans le film Splash (1984), dont la version censurée à postériori est aujourd’hui en ligne sur Disney+.
À la suite d’une vidéo publiée par l’actrice Allison Pregler sur Twitter, nous avons vérifié que cette version, à la 24è minute du film, était bien en ligne sur Disney+ France : en effet, la « fausse fourrure » a bien été ajoutée à la scène, et de manière assez grossière pour être repérable à l’œil nu. Paradoxalement, cette mesure semble presque inutile : les cheveux de l’actrice couvraient déjà une grande partie de ses fesses dans la version originale du film.
En comparant avec la bande-annonce de Splash, Numerama a remarqué que d’autres scènes du film ont été modifiées : à la 29è minute, Daryl Hannah se rend, nue, sur l’île de la statue de la Liberté. Dans la version originale, elle est filmée de dos et on voit ses fesses en gros plan pendant plusieurs secondes. Sur Disney+, pas de fausse fourrure cette fois : le plan a carrément a été retaillé pour que l’on ne voie que le bas du dos de l’actrice. Par conséquent, le reste du cadre a dû être redimensionné et élargi pour qu’il n’y ait pas de décalage dans la taille de l’image.
Lorsqu’on lance le film Splash sur Disney+, un avertissement en langue anglaise annonce la couleur : « Ce film a été modifié par rapport à sa version originale. Son contenu a été édité », peut-on lire sur un carton noir. Cette phrase semble suggérer que le film a été modifié exprès pour Disney+. Contacté récemment avant publication de cet article, Disney n’a pas encore pu répondre à notre demande de confirmation.
Disney a lancé sa plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) le 12 novembre 2019 dans quelques pays dont les États-Unis, avant de s’étendre en Europe le 24 mars 2020. En France, nous avons accès à Disney+ depuis le 7 avril, pour un montant de 6,99 euros par mois ou 69,99 euros par ans.
Des films modifiés sur Disney+, mais pas forcément pour Disney+
Ce n’est pas la première fois que des internautes se rendent compte que certains contenus sur Disney+ ne correspondent pas à leur version d’origine. Mais ces modifications n’ont, pour la majorité d’entre elles, pas été réalisées pour la plateforme spécifiquement. Dans Lilo et Stitch, par exemple, la petite fille se cachait à un moment dans un sèche-linge : le contenu a été modifié peu après sa sortie en salles pour remplacer l’appareil par un meuble inoffensif, de peur que certains enfants ne cherchent à imiter la scène et risquent de se mettre en danger. Aucun carton d’avertissement ne précède le lancement du dessin animé sur Disney+ (contrairement à Splash).
De même, une scène de fin de Toy Story 2 a été éditée des éditions Blu-Ray et du téléchargement légal en VOD : on y voyait Stinky Pete, un vieil homme, est en train de draguer ouvertement deux Barbie en leur promettant des places pour le film Toy Story 3. Après l’affaire Weinstein, mais aussi des dénonciations internes de sexisme chez Pixar, Disney a pris la décision d’enlever la scène.
Pour certains autres vieux films, Disney+ a préféré ne pas modifier les contenus, mais d’afficher un message d’avertissement, comme pour Dumbo (1941) : « Ce programme vous est présenté tel qu’il a été réalisé. Il peut contenir des représentations culturelles obsolètes », peut-on lire sur la fiche virtuelle du dessin animé.
Disney+ a toujours assumé son positionnement strictement familial, c’est-à-dire proposer des films, séries et documentaires qui peuvent être regardés par des enfants — les films les plus « adultes » sont les blockbusters Marvel, interdits au moins de 13 ans.
Cette décision n’est toutefois pas sans contraintes : récemment, l’actrice Hillary Duff a supplié Disney de ne pas continuer à développer le remake de la série pour ados Lizzie McGuire pour Disney+, car cela imposerait trop de limites aux équipes créatrices. Elle souhaiterait que la production soit basculée sur Hulu, la plateforme de SVOD pour adultes, désormais propriété du groupe Disney, afin de pouvoir aborder des thématiques plus sérieuses. Un transfert similaire a déjà été opéré pour la série High Fidelity, adaptation du roman de Nick Hornby, avec Zoë Kravitz.
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