Chacun à leur tour, Microsoft et Sony placent leurs billes sur l’échiquier de la future génération de consoles — la PS5 d’un côté, la Xbox Series X de l’autre. Dans un contexte de pandémie mondiale ayant un impact retentissant sur l’économie globale, les deux multinationales ne sont pas dans les meilleures dispositions pour communiquer. Et, en dévoilant le design de la Xbox Series X très tôt, Microsoft a pris une légère avance. Toutefois, il y a un domaine où les deux rivaux restent flous : le prix, une donnée pourtant clé.
Sur le tarif, on entend beaucoup plus d’indiscrétions du côté de la PS5. En février dernier, Bloomberg rapportait déjà qu’il serait difficile pour Sony de lancer la console sous la barre des 400 euros. Dans un nouvel article publié le 16 avril, le média enfonce le clou et évoque une facture comprise entre 499 et 549 dollars — selon les pays. Ce prix élevé, lié à des composants coûteux, forcerait Sony à revoir sa production à la baisse pour anticiper une demande moindre : entre 5 et 6 millions de PS5 seraient assemblées d’ici mars, alors que 7,5 millions de PS4 s’étaient vendues sur le même laps de temps (entre novembre 2013 et mars 2014).
Le prix de la PS5 pourrait être le principal problème de Sony
Tout porte à croire que Sony va devoir jouer les équilibristes avec la PS5. Les 400 euros autrefois réclamés pour acquérir une PS4 constituaient un argument coup de poing face à une Xbox One vendue 100 euros de plus (à cause de Kinect, une distinction vite abandonnée). Cette stratégie agressive dite de pénétration, pensée pour faire du volume très vite, est aujourd’hui devenue une tare. On peut penser que les fans de la marque s’attendent à un prix avoisinant pour la PS5, puisqu’ils se sont habitués à ce plancher et en ont fait un élément psychologique. Et il faut se souvenir que les 600 euros de la PS3 ont tué les premiers mois de son cycle de vie. En somme, Sony fait face à un casse-tête, qui plus est dans un contexte incertain.
À l’opposé, on parle peu de l’hypothétique prix de la Xbox Series X et la raison est sans doute à aller chercher du côté de l’assise financière de Microsoft. La firme de Redmond est l’une des plus puissantes au monde et peut, dès lors, encaisser plus facilement un tarif tiré vers le bas — quitte à vendre sans marge. Microsoft pourrait carrément proposer une Xbox Series X plus abordable et se retrouver dans la position de Sony en 2013, en comptant sur ses services pour retrouver sa marge (le Xbox Game Pass en tête).
C’est un scénario plausible et, parmi toutes les possibilités, on n’imagine pas une Xbox Series X plus onéreuse que la PS5. Au pire, Microsoft s’alignera. « Je pense que la PS5 et la Xbox Series X pourraient être vendues 450 dollars, même si les constructeurs perdraient de l’argent à ce prix », explique Damian Thong, analyste chez Macquarie Capital qui évoque une situation où les deux concurrents seraient agressifs.
Il y a en tout cas un enjeu très important derrière le prix des futures consoles et l’attentisme des deux entreprises prouve qu’aucune des deux ne veut se risquer à franchir le pas en premier. Un simple écart de 50 dollars/euros peut être déterminant dans la tête des joueurs, même si on sait, au fond, que ce sont les jeux exclusifs qui font pencher la balance. Sur ce point, Sony a toujours un avantage. Mais les joueurs seront-ils prêts à payer 100 dollars/euros de plus pour profiter du prochain Naughty Dog ? Rien n’est moins sûr, à une époque où les titres produits par des éditeurs tiers restent les rois (Call of Duty, Fortnite…).
Une PS5 chère pourrait par ailleurs pousser Sony à miser un peu plus longtemps sur la PS4 et la PS4 Pro, qui bénéficieraient toutes les deux d’une baisse de prix dans les mois à venir pour continuer à s’installer dans les foyers. Cela permettrait de faire la jonction le temps que la PS5 devienne plus attractive. C’est pertinent, en sachant que le catalogue d’exclusivités va encore se garnir d’ici fin 2020 (The Last of Us Part II, Ghost of Tsushima).
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