En octobre 2017, dans le cadre de la Paris Games Week, Sony tient une conférence. On y découvre Ghost of Tsushima, une exclusivité PlayStation 4 développée par le studio Sucker Punch (les inFamous). Très vite, l’ambiance japonaise séduit. Puis, pendant de longues années, c’est le silence total. Longtemps, on ne savait pas vraiment quels mots placer devant ce Ghost of Tsushima, sinon qu’il s’agira d’un jeu centré sur un samouraï. Mais comme il est prévu pour le 17 juillet 2020, Sony a diffusé une longue présentation le jeudi 14 mai. Enfin, on peut parler de Ghost of Tsushima.
Pendant un peu moins de 18 minutes, Sucker Punch a évoqué le gameplay de son titre qui partage beaucoup avec la franchise Assassin’s Creed. On remarque tout de suite que de grandes ambitions portent ce Ghost of Tsushima. En tout franchise, les premières séquences, dédiées à l’exploration, nous ont subjugués — jusqu’à ce que les premiers combats arrivent.
Ghost of Tsushima misera sur l’ambiance
A priori, la principale qualité de Ghost of Tsushima sera son ambiance. Les décors japonais, épousant ici l’époque féodale, sont apaisants, accompagnés de notes de musique délicates qui invitent à se balader. On y retrouve un peu de Red Dead Redemption 2 (spoiler : il y a un cheval), voire du The Legend of Zelda: Breath of the Wild — la référence en matière d’exploration. Sucker Punch a fait le choix d’opter pour une approche plus organique.
Par exemple, le vent jouera un rôle essentiel, aussi bien dans la navigation (il aide à orienter le joueur) que dans la direction artistique (les environnements bougent constamment, entre les herbes hautes qui s’agitent et les feuilles qui volent dans les airs). À cette emphase sur un élément de la nature s’ajoutent des indices visuels : là une fumée aperçue au loin, ici un petit renard qui s’improvisera guide vers une zone secrète. Ghost of Tsushima invitera le joueur à observer avec attention pour mieux explorer la carte. En termes d’immersion, c’est un gros plus.
On retrouve cette volonté de donner vie à une expérience dépaysante et authentique dans les Assassin’s Creed, qui misent d’abord sur la reproduction fidèle d’une époque pour convaincre. Ghost of Tsushima pourrait aller un peu plus loin, avec une structure moins générique, plus naturelle. Sucker Punch a également pensé à intégrer des voix japonaises (avec sous-titres français) et un mode cinéma, qui vieillit le rendu et rend hommage aux vieux films de samouraï avec une image en noir et blanc. Autant dire que Ghost of Tsushima pourrait d’abord être un voyage baignant dans différentes ambiances appréciables, constituant déjà un bel argument pour passer du temps sur sa PS4.
Mais la réalité de Ghost of Tsushima pourrait rattraper ses qualités qui sautent aux yeux : car il faudra chasser les Mongols en incarnant Jin — un samouraï au charisme discutable (encore un point commun avec les Assassin’s Creed). Les rares affrontements aperçus pendant la vidéo n’ont guère été rassurants : il y a l’intelligence artificielle défaillante et le sentiment qu’il n’y aura aucune exigence à attendre de ce côté-là. Oui, c’est mou. Sucker Punch vend diverses postures de combat — comme les Nioh — et des armures qui fournissent des attributs différents. On n’a vu que des ennemis qui attendent patiemment leur tour, tombant un à un en quelques coups de sabre.
Jin pourra aussi opter pour une approche plus discrète : là encore, l’infiltration semble davantage mettre en avant la stupidité des adversaires, vite déboussolés par les subterfuges (fumigènes…). On ne condamnera pas la partie action de Ghost of Tsushima trop vite, puisqu’il s’agissait d’une démonstration, mais toujours est-il qu’il devra rassurer sur ce point crucial.
Enfin, on retiendra cette grande inconnue liée au découpage de l’aventure, qui sera nécessairement partagée entre des missions scénarisées et des tâches annexes. Il devrait à minima y avoir des objectifs simplistes, consistant à libérer des lieux du joug mongol (souvent en tuant tout le monde). En somme, Ghost of Tsushima est parti pour être une épopée à la Assassin’s Creed, le vernis de qualité des exclusivités en plus. Assassin’s Creed Valhalla, qui n’a que moyennement convaincu chez Microsoft, a intérêt à sortir des arguments suffisants pour relever le défi.
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