Une adaptation créée et écrite par la même personne derrière le comics d’origine : voilà qui permet d’aboutir à une série à la fois cohérente et savoureuse. Depuis le 18 mai 2020, la plateforme DC Universe accueille une nouvelle superhéroïne — Stargirl. La série est produite par Greg Berlanti, à qui l’on doit également Titans, Doom Patrol et l’Arrowverse. Au sein de tout ce catalogue DC, la série portée par Brec Bassinger, sous la plume de Geoff Johns, saura probablement trouver une place unique dans votre cœur.
En quelques mots, celle qui se cache derrière le masque de Stargirl est Courtney Whitmore. L’adolescente de 16 ans vient d’arriver dans une nouvelle ville et d’intégrer un nouveau lycée. Son odyssée commence lorsqu’elle découvre que son beau-père est un ancien membre de feu la Justice League. À sa mort, Starman l’a chargé de veiller sur son sceptre. Mais celui-ci, animé d’un puissant pouvoir, choisit Courtney comme nouvelle propriétaire. Elle devient alors Stargirl.
Il y a quelque chose de personnel derrière le récit
Avant de démarrer la série, et de nous aventurer plus loin dans la critique, il faut revenir sur un élément fondamental de la genèse de ce comics : il y a un ingrédient à la fois doux et tragique derrière la création du personnage. Le scénariste Geoff Johns s’est inspiré de sa propre sœur, décédée très jeune dans un accident d’avion, pour le personnage de Courtney : il lui a donné son prénom, son apparence, sa personnalité.
Et c’est alors aussi qu’en toute logique, il a déjà eu l’occasion de préciser que Stargirl est son « personnage favori de toute la Justice League ». Le premier épisode de la série cache d’ailleurs un petit easter egg : lors d’une courte séquence, la sœur de Geoff Johns a été intégrée à une photo souvenir de Courtney, lorsqu’on se plonge dans son enfance ; on y voit donc Courtney Whitmore et Courtney Johns côte à côte.
Cette genèse est importante et elle structure l’adaptation, pilotée par Geoff Johns. On sent qu’il y a quelque chose de personnel, et donc de touchant, derrière la narration. Car s’il y a bien une chose qui caractérise cette adaptation de bout en bout, c’est une forme de tendresse, qui nous rend concernés envers le récit : la série est bienveillante, l’héroïne est attachante, l’histoire est prenante.
Sur le papier, vous pourriez lire cette description comme si l’on parlait d’une production relativement cucul ou mollassonne, mais il n’en est rien. La série est lumineuse, c’est une qualité. Que Courtney soit adolescente ne fait d’ailleurs pas pour autant de Stargirl un teen show. Le message de la série reste assez universel, l’âge ne définira pas le fait d’être touché ou non par cette aventure.
Brec Bassinger a par ailleurs ailleurs parfaitement compris qu’elle incarne un personnage qui a un sens tout particulier et une complexité différente que d’habitude, tant son interprétation sonne juste. Elle donne de la couleur et une tonalité réaliste à Courtney en alternant différents équilibres entre force et fragilité, entre l’humour et le tragique. Si l’héroïne est jeune et qu’elle est encore inexpérimentée en tant que justicière masquée, elle choisit d’elle-même de poursuivre cette quête, elle va au-devant du danger et, en quelque sorte, qu’importe qu’elle ait un destin ou non, elle reste maîtresse de ses choix. On est un loin d’une adolescente clichée : elle a bien le caractère d’une fille de 16 ans, mais elle sait utilise son cerveau comme ses talents de gymnaste.
En bref, on sent bien que Stargirl repose intégralement sur son personnage et ce qu’elle représente. On suit moins « l’histoire de Stargirl » tel n’importe quel récit super-héroïque que « la quête initiatique de Courtney Whitmore ».
Un parfum étonnement agréable de déjà-vu
La premier épisode de la série condense à lui seul une sorte de cocktail de tous les ingrédients caractérisant les débuts d’une aventure super-héroïque. Courtney est une jeune fille solitaire, peu intégrée dans son nouveau lycée, où elle a malgré tout tenu tête à une brute. En parallèle, elle est dans une relation parentale compliquée, avec la perte de son père en toile de fond. Elle se retrouve du jour au lendemain avec un grand pouvoir, se fabrique un costume elle-même, puis fait face à des méchants particulièrement méchants qui la prennent pour cible malgré elle. Le tout, dans une atmosphère à l’américaine, entre les célèbres couloirs du lycée, les diners, les quartiers résidentiels typiques ou les matins à l’odeur de pancakes.
En soi, on aurait tendance à se dire que Stargirl est un enchaînement de clichés super-héroïques et qu’on ne vivra rien de bien original. Pourtant, le ressenti n’est pas du tout celui-ci. Tous ces ingrédients sont agencés de telle façon à ce que, quand on aime le charme particulier des comics, il se dégage de cette série un air agréable de déjà-vu, comme un parfum ou une pâtisserie qu’on a pu connaître étant enfant.
Finalements, si l’originalité du récit en lui-même n’est donc pas forcément au rendez-vous, l’aventure reste captivante. On ne décroche pas un seul instant. Il faut avouer que cet effet est probablement renforcé en raison de la qualité de production de DC Universe. La bonne écriture de Geoff Johns bénéficie de décors et d’effets spéciaux largement convaincants. Même le costume de Stargirl a l’atout d’un beau design, relativement réaliste.
En définitive, cette adaptation de Stargirl est tout simplement un comics télévisuel pleinement réussi. Tout en mettant en scène une héroïne adolescente, l’aventure est pourtant mature, et ce sans filtrer le moins du monde avec la violence. Le choix de porter une forme de luminosité, d’espoir, de positivité est assumé. Courtney Whitmore laisse son empreinte dans l’univers super-héroïque, et dans notre cœur, au fil d’une aventure qu’on suit avec plaisir.
Le verdict
Stargirl, saison 1
On a aimé
- Talent de l'actrice et écriture
- Une série lumineuse
- Des clichés charmants
- Qualité de production (effets spéciaux, montage, musique)
On a moins aimé
- Les méchants manquent de relief
- On aurait aimé un beau générique
- Des clichés moins charmants
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