Disintegration est disponible à partir du 16 juin sur PC, PS4 et Xbox One.
En août 2019, à l’occasion de notre voyage à la gamescom, nous avions pu découvrir Disintegration, « un jeu de tir à la première personne pas comme les autres, dans le sens où il force à appréhender le champ de bataille avec un œil neuf ». Le projet a été imaginé par Marcus Lehto, l’un des co-créateurs de la saga Halo. L’intéressé a réuni une trentaine de personnes au sein du studio V1 Interactive pour révolutionner le genre FPS en intégrant des éléments empruntés aux jeux de stratégie en temps réel.
Sur le papier, Disintegration entend se distinguer en s’appuyant sur un gameplay que l’on a peu l’habitude de voir. L’idée n’est pas mauvaise, puisque les jeux de tirs à la première personne finissent par tous se ressembler du côté des sensations. En injectant un soupçon de tactique à Disintegration, V1 Interactive pensait mettre un coup de pied dans la fourmilière. Mais le résultat est loin d’être captivant en raison de gros problèmes d’équilibre.
Ce qui cloche avec Disintegration
Disintegration commence sa campagne solo par une introduction présentant son univers futuriste. En résumé, la maladie, la guerre et la famine ont fini par forcer les humains à transférer leur cerveau dans des corps robotisés. Ce processus s’appelle l’Intégration. Un groupe rebelle aimerait revenir en arrière et lutte contre Rayonne, une surperpuissance qui veut imposer la technologie à tout le monde. Dans ce contexte de soulèvement, le joueur ou la joueuse incarne Romer Shoal, ex-pilote chevronné devenu contrebandier.
La narration de Disintegration est risible au possible. Après une poignée de missions sans grand intérêt, on se demande toujours ce que l’on fait là, alors qu’il y avait pourtant un bon potentiel en matière de thématiques fortes (le transfert de la personnalité dans un autre corps). V1 Interactive préfère empiler les situations peu originales, sans oublier cette bonne dose d’humour à laquelle on aurait préféré échapper (comme dans Halo, d’ailleurs). Les personnages sont mal introduits, les enjeux sont mal présentés et, de fait, l’implication en prend un coup. La direction artistique n’aide pas : on dirait du Destiny en moins bien, avec des robots sans aucun charme et des environnements n’invitant jamais à l’extase. Les gentils rebelles ressemblent à des gentils rebelles et les méchants sont… noirs, jusque dans leur nom (l’un des vilains s’appelle Black Shuck).
Gameplay
Côté gameplay, Disintegration mise sur un mix entre le tir traditionnel et la stratégie. Concrètement, le héros est installé sur un Gravicycle, une moto antigravité reconvertie en véhicule pour faire la guerre. Depuis son poste de pilotage, il peut donner des ordres à jusqu’à quatre soldats qui restent au sol. Il est possible de leur demander de faire leur vie, de se concentrer sur un ennemi, de nous suivre, d’activer certains mécanismes, de lancer une compétence spéciale ou encore de se déplacer à un endroit. Hormis les pouvoirs qui sont propres à chaque soldat, l’escouade se dirige d’un seul bloc. On y voit une première limitation tactique.
Hélas, rien ne va dans Disintegration. L’intelligence artificielle des alliés donne lieu à des situations agaçantes : ils se fichent de marcher sur des mines et ont tendance à ne pas rester dans les champs de soin. Fort heureusement, il suffit de passer sur leur dépouille pour les ranimer en quelques secondes. Le Gravicycle, pour sa part, implique des manœuvres parfois complexes, qui rendent le joueur très vulnérable aux ennemis et l’empêchent de se planquer. C’est simple : quand ils ont décidé de vous tirer dessus, votre vie va très vite descendre, entraînant alors des fins de partie absurdes (et énervantes) — même en mode facile. C’est particulièrement vrai avec les adversaires aériens, contre lesquels votre troupe ne peut pas faire grand-chose. On parlera à peine de la visée depuis le Gravicycle, difficile à maîtriser.
Une accumulation de choix douteux
V1 Interactive a par ailleurs très mal pensé l’architecture de ses niveaux, notamment quand des bâtiments s’invitent. dans les champs de bataille. À cause de ses mensurations, le Gravicycle a du mal à se déplacer dans des endroits étriqués et à atteindre des ennemis planqués. Le studio a également intégré des portions où le joueur ne peut pas compter sur ses soldats. Quel intérêt, sachant que cet ingrédient constitue le cœur du gameplay ?
Marcus Lehto n’a pas été très inspiré non plus au moment de concevoir la structure du jeu, découpée en longues missions avec passage obligatoire par un hub entre chaque. Pour le rythme, c’est compliqué. Disintegration pimente les objectifs génériques et répétitifs (on avance, on nettoie une zone, on avance…) avec des défis. Ils permettent de récupérer des points servant à faire évoluer sa petite armée au gré d’une progression lente. Là encore, V1 Interactive se loupe en imposant l’arsenal et la constitution de son équipe à chaque chapitre. On aurait bien aimé personnaliser l’équipement pour peaufiner un peu mieux sa stratégie en fonction de ses préférences. Avec ces limitations, Disintegration se perd dans un dirigisme en inadéquation avec ses ambitions.
À l’arrivée, derrière son concept alléchant, Disintegration n’est qu’une accumulation de choix douteux transformant l’expérience en jeu médiocre. Absence de variété, intrigue peu emballante, déséquilibres éreintants, manque d’identité… Les défauts s’avèrent beaucoup trop nombreux pour sauver la tentative d’envol de Marcus Lehto, coupable d’avoir voulu en faire beaucoup avec trop peu.
Le verdict
Disintegration
Voir la ficheOn a aimé
- Le concept
- L'originalité
- On ne sait plus
On a moins aimé
- La narration risible
- Des déséquilibres énervants
- Répétitif à souhait
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !