Si certaines séries s’éternisent au point d’en devenir trop longues, d’autres s’achèvent si tôt qu’elles en apparaissent trop courtes. C’est le cas pour The Rain. Ce jeudi 6 août 2020, la série post-apocalyptique danoise s’achève au terme de sa saison 3, de six épisodes, comme la précédente. Le destin de Rasmus et de l’équipe de Simone sera définitivement scellé, avec une véritable fin faisant de la série une œuvre complète.
The Rain est tout sauf un récit joyeux. C’est inscrit dans l’ADN de la série depuis les débuts : l’atmosphère est parfois lourde, orageuse, dans un monde austère. La direction artistique, pourvue de plans sublimes de la nature danoise, mise volontairement sur des tonalités grises : cette pluie toxique, même quand elle ne tombe pas, est partout, menaçante.
Aux origines également, les relations entre les personnages centraux sont conflictuelles. L’équipe autour de Simone reste globalement solidaire par nécessité, dans la survie, plutôt que par amitié ou amour. Sauf que, progressivement, cette dureté s’est fendillée. Pendant la survie, les liens se sont créés. À la tristesse permanente, se sont ajoutés quelques moments de bonheur, des amitiés, des relations amoureuses.
Une fin triste mais aussi pleine d’espoir
Cette ultime saison va jusqu’au bout de sa logique : la tristesse est là mais l’espoir apparaît toujours plus fortement que les relations deviennent, elles, plus puissantes. Oui, vous allez pleurer devant la fin de The Rain. Mais vous n’en ressortirez pas avec le goût désagréable d’une issue funèbre où tout finit mal et que vous ressasserez pendant trois jours. Cela finit ni mal, ni bien : la solution émerge, mais avec un prix terrible… comme toutes les autres solutions qui se présentaient aux personnages. The Rain est une véritable oeuvre post-apocalyptique et, dans ce type de fiction, la violence et les pires épreuves ne sont jamais gratuites. Il y a toujours cette petite lumière qui apparaît et la série de Netflix épouse amplement ce principe. La différence avec d’autres fictions du genre, peut-être, est qu’elle le fait avec beaucoup de pudeur.
Elle ne nous balance pas son message en pleine figure, pour nous expliquer pourquoi et comment. Depuis la saison 1, on a fini par saisir que l’apocalypse de The Rain a été causée par une ambition humaine démesurée, transhumaniste, d’« améliorer » l’être humain en jouant avec la nature, en l’écrasant. Dans cette saison 3, la nature va enfin fournir sa réponse. Elle sera belle et brutale à la fois. Pour délivrer le choix final des personnages entre ces deux voies — renouer avec la nature ou se prendre pour des démiurges — The Rain ne fait pas de grands discours. Les scènes finales, certes intenses en suspense, ne misent pas sur du grand spectacle. La réponse est apportée tout en sensibilité, par les émotions, des détails dans la mise en scène, l’effet papillon des choix.
En refusant de verbaliser les ressorts de son univers, The Rain est presque frustrant : on aimerait en savoir plus, connaître l’histoire approfondie de tel ou tel personnage, comprendre le mécanisme scientifique derrière les révélations finales. Il faut pourtant bien réussir à admettre que c’est cette simplicité, ce refus de créer un énième « univers » télévisuel remplis de groupes, d’enjeux et de codes spécifiques, est aussi ce qui fait de The Rain une œuvre post-apocalyptique incomparable et émotionnellement chavirante.
The Rain, saison 3, sur Netflix à partir du 6 août 2020.
Le verdict
The Rain
Voir la ficheOn a aimé
- Une véritable issue qui scelle les destins des personnages et du récit
- La direction artistique sublime dans les paysages danois
On a moins aimé
- Une saison encore très courte, donc frustrante
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