Jeu de mot entre « deck » (paquet de cartes en anglais) et « détective », Decktective n’est pas un seul jeu, mais une collection, constituée de deux boîtes pour le moment, chacune proposant une enquête indépendante. La mécanique de jeu est identique, seul le scénario change.
Dans Le sang de la rose, le malheureux compte Ferdinand Tudor gît, sans vie, au pied de son manoir, dans un buisson de roses ensanglantées. Accident tragique ou meurtre prémédité ?
Dans Les yeux du fantôme, un gardien de musée paniqué demande votre aide : des événements paranormaux se produisent et sa collègue vient de disparaitre. Le lieu serait-il hanté par un fantôme ?
Le matériel est uniquement composé de cartes numérotées. Les premières expliquent le principe du jeu, l’intrigue et le but de l’enquête. Les quelques suivantes expliquent les règles de façon didactique, et surtout mettent en place l’originalité du jeu : une scène en trois dimensions, en glissant des cartes à la verticale entre le fond de la boîte et le couvercle, et dans la boîte. Cette construction reflète le contexte de l’enquête, le manoir dans un cas, le musée dans l’autre.
Puis viennent les cartes indices, les plus nombreuses. Chaque joueur en reçoit plus ou moins, selon le nombre d’enquêteurs. Même s’il s’agit d’un jeu coopératif, il est interdit de discuter de ses cartes avec ses partenaires. À son tour, on choisit : soit on place une carte dans les archives, soit au milieu de la table.
Si une carte nous semble cruciale, si on souhaite partager ses informations avec le reste du groupe, ou qu’elle peut donner des pistes pour avancer dans l’enquête, on la pose au centre de la table, à la vue de tous les joueurs. Et on peut alors en discuter ensemble.
Les fausses pistes, les indices mineurs, ou les cartes sans rapport avec l’enquête sont à placer, face cachée, dans les archives. On peut essayer de s’en souvenir d’ici au dénouement de l’enquête, mais on n’a pas le droit d’en parler avant.
Mais pourquoi ne pas placer toutes les cartes faces visibles au centre ? Car chaque indice comporte un chiffre indiquant le nombre minimum de cartes devant se trouver dans les archives pour pouvoir être posées. À vous de bien les analyser et de juger de leur importance.
Évidemment, tout au long de la partie, on peut manipuler la scène en 3D, pour essayer d’y trouver des indices, des preuves, des pistes. Après tout, les auteurs ne se sont sans doute pas amusés à imaginer cette construction pour rien…
Quand toutes les cartes indices ont été piochées et jouées vient la résolution de l’enquête. Les dernières cartes du paquet posent une série de questions à choix multiples. Le groupe peut alors se concerter, discuter des cartes défaussées, mais sans les regarder, élaborer des théories. Leur dos révèle les solutions et la résolution de l’enquête. Plus vous aurez donné de bonnes réponses, plus l’affaire sera réussie.
Pourquoi jouer à Decktective ?
Une petite boîte, une soixantaine de cartes, Decktective ne paie pas de mine de prime abord. Et pourtant. Le principe du jeu, bien que très simple, fonctionne parfaitement. On est tiraillé à chaque tour : cette carte est-elle importante ou pas ? Vraie ou fausse piste ? Si je la jette aux archives, arriverais-je à m’en souvenir plus tard ?
La scène en 3D peut sembler gadget. C’est effectivement un peu le cas, le jeu aurait bien fonctionné sans. Mais elle apporte une petite touche singulière au jeu, permet d’être manipulée par tous les joueurs, d’en discuter, d’y chercher des indices en observant bien tous les détails. C’est original, fonctionnel et facile à mettre en place, ne boudons pas notre plaisir.
Les scénarios ne sont pas des plus complexes, à condition de bien choisir ses indices. Quelques fausses pistes bienvenues sèment le doute dans les théories. Et les réponses possibles aux questions finales sont suffisamment bien faites pour encore davantage remettre en question nos certitudes.
Les histoires restent simples, basiques, un peu désuètes, même. Pourtant, on a envie de connaitre leur dénouement. Surtout, elles ont l’avantage d’être faciles à appréhender : pas de scénarios abscons, incompréhensibles, ou tirés par les cheveux. Un manoir, un mort, un musée, un fantôme, comme dans un bon vieux roman policier.
Si le nombre de joueurs est indiqué d’un à six, nous vous conseillons d’y jouer à deux, trois ou quatre. À partir de cinq, les cartes sont un peu trop éparpillées. Seul, on peut trouver le temps long.
Bien évidemment, comme tous les jeux d’enquête, chaque boîte de Decktective est à usage unique. Mais comme aucun matériel n’est détruit ou abimé (contrairement à Exit par exemple), un autre groupe de joueurs pourra jouer avec la vôtre, après que vous la leur avez prêtée/offerte/revendue.
À noter qu’il existe une collection parallèle, Deckscape, plus complète (déjà sept boîtes, L’évasion d’Alcatraz étant la dernière en date), des mêmes auteurs et éditeurs. Pas d’enquêtes cette fois, mais des jeux d’escape, comme son nom l’indique. N’y ayant pas encore joué, nous ne pouvons vous donner notre avis.
Des règles simples et didactiques, une mécanique qui fonctionne parfaitement, une enquête qui se tient autour d’une histoire simple, mais compréhensible, le tout dans des petites boîtes à petit prix. Les deux premiers opus de Decktective nous ont réellement charmés, et nous espérons bien que d’autres vont s’ajouter à cette collection !
- Decktective sont des jeux de Martino Chiacchiera et Silvano Sorrentino
- Illustrés par Alberto Besi
- Édités par Super Meeple
- Pour 1 à 6 joueurs à partir de 12 ans
- Pour une partie d’environ 60 minutes
- Au prix de 11,90 € chez Philibert : Le sang de la rose et Les yeux du fantôme
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