Magic Arena est l’adaptation numérique free-to-play du papa de tous les jeux de cartes à collectionner. Disponible depuis septembre 2019 sur Windows, nous profitons de sa sortie récente sur macOS pour vous le présenter. Mais attardons-nous un peu sur le jeu originel, pour celles et ceux qui ne savent pas de quoi il en retourne.
Magiquoi ?
Magic : The Gathering, de son nom complet, est un jeu pour deux joueurs publié pour la première fois il y a plus de 25 ans (1993 aux États-Unis, l’année suivante en Europe). Chaque joueur y incarne un magicien, et apporte son propre paquet de cartes (son « deck ») pour affronter son adversaire, dans le but de lui baisser ses vingt points de vie de départ à zéro. Pour cela, il invoque des sorts (ses cartes) grâce au mana fourni par des terrains (montagne, plaine, marais, etc.).
La principale caractéristique de Magic est son aspect collection. Comme les images Panini, avec des créatures à la place des footballeurs. Contrairement à un jeu de société « classique », on ne sait pas ce qu’on obtient quand on achète un paquet. Tout au plus connait-on la proportion de cartes communes, inhabituelles, rares ou mythiques que l’on va recevoir. Mais pas exactement lesquelles. Et avec de nouvelles séries de plusieurs centaines de cartes plusieurs fois par an, les possibilités sont infinies. Les cartes les plus rares sont cotées à plusieurs dizaines de milliers d’euros…
Le succès fut immédiat, à tel point que des dizaines d’autres jeux basés sur le même principe ont suivi, parfois très bons, souvent oubliables. Les deux plus connus, parmi les rares toujours en vie, sont Pokémon et Yu-Gi-Oh. Magic est à l’origine du désamour des joueurs pour le jeu de rôle traditionnel sur table, amenant son éditeur à racheter le cultissime Donjons et Dragons en 1997. Il se fait croquer à son tour par l’ogre Hasbro deux ans plus tard.
Sa seconde caractéristique est son aspect compétitif. Pareil aux tournois de poker, les plus grandes compétitions rassemblent des centaines de joueurs, avec des cash prizes impressionnants à la clé pour les meilleurs. La ressemblance ne s’arrête pas là, puisqu’il existe des joueurs professionnels vivant de cette activité.
Enfin, le jeu ne se limite pas à la partie en elle-même : toute la phase en amont, pendant laquelle on sélectionne méticuleusement les cartes à inclure dans son paquet, fait partie intégrante de l’expérience. Et ces deux compétences ne vont pas forcément de pair : on peut savoir bien jouer, mais être un mauvais deckbuilder, ou l’inverse. Les meilleurs joueurs excellent dans les deux domaines.
Avec plus de 20 000 cartes différentes publiées depuis sa sortie initiale, l’éditeur a mis en place de nombreux formats de jeu, plus ou moins restrictifs sur les cartes autorisées à être utilisées. Dont notamment celui dit Standard, limitant le pool aux quelques dernières extensions éditées, afin de permettre aux débutants de s’y mettre, sans souffrir d’un passif irrattrapable de plus de 20 ans de retard.
Terminons ce rapide tour d’horizon par quelques chiffres toujours amusants par leur démesure. Rien qu’entre 2008 et 2016 (période où la popularité du jeu a grimpé en flèche), plus de 20 milliards de cartes sont sorties de l’imprimante. Soit 45 fois le tour du monde en les alignant, ou plus impressionnant encore, 691 fois la hauteur de l’Everest en les empilant !
Arena, l’adaptation numérique
Arena n’est pas la première adaptation numérique de Magic. Mais c’est la seule à suivre scrupuleusement les mêmes règles que la version physique. Avec les mêmes possibilités de construction de paquets. Les autres adaptations étaient des jeux d’arcade, de stratégie, ou aux possibilités limitées. À l’exception de Magic Online, qui existe depuis 2002, et qui est voué à coexister avec son petit frère. Arena est une version plus moderne de Magic Online (lire beaucoup plus jolie). Contrairement à ce dernier, qui comprend la quasi-intégralité des cartes existantes, Arena ne propose que celles publiées depuis sa sortie, et suit les extensions simultanément à la version en carton.
Pour le dire simplement, Arena a pris exemple sur Hearthstone, qui lui-même s’est fortement inspiré de Magic. En premier par son modèle économique : c’est un free-to-play. Évidemment, s’il est toujours possible de dépenser de l’argent réel, pour s’acheter des gemmes pour ensuite les échanger contre des paquets de cartes, participer à des tournois, ou s’offrir des éléments cosmétiques, le jeu est richement pourvu pour largement en profiter sans lâcher un seul euro. Dès la fin du tutoriel (plutôt bien fait), vous disposerez de cinq decks prêts à jouer, un de chaque couleur du jeu (bleu, vert, rouge, noir et blanc), chacun avec ses spécificités.
Ensuite, le jeu propose un maximum de trois challenges, quotidiens ou hebdomadaires. Parfois, il suffit de jouer, parfois il faut gagner des parties, pour remporter de nouveaux decks, des boosters (des paquets de huit cartes aléatoires), des cartes individuelles, de l’expérience, ou des pièces d’or. Ces pièces permettent essentiellement de s’offrir des boosters, alors que l’expérience permet de grimper dans l’arbre de maîtrise et de récolter des lots au fil de sa progression. À l’instar du passe de combat de Fortnite, on peut acheter un passe de maîtrise pour augmenter ses gains pendant la saison. Enfin, l’éditeur publie régulièrement des codes, facilement trouvables sur votre moteur de recherche préféré, pour recevoir de nouvelles cartes.
Techniquement, le jeu est très réussi. Toutes les possibilités du jeu physique sont incluses, et l’interface automatise de nombreuses manipulations. Le tout est agrémenté d’animations et de sons pour les cartes les plus emblématiques. Enfin, le nombre de joueurs est tel, que l’appariement se fait en une trentaine de secondes tout au plus. À noter tout de même qu’il a tendance à planter de temps en temps. Heureusement, il redémarre vite, et revient immédiatement sur la partie en court.
De nombreux modes de jeux sont proposés : contre un bot, un ami, avec ou sans classement, en format construit (avec son propre deck) ou limité (on construit son deck juste avant le tournoi, avec un nombre limité de cartes), etc.
Notons pour finir que des versions téléphones et tablettes sont prévues cette fin d’année. Plutôt impatients d’essayer cette dernière, nous sommes cependant un peu dubitatifs concernant la jouabilité sur un écran de smartphone.
Pourquoi jouer à Arena ?
Magic Arena saura contenter différents types de publics. Joueur d’Hearthstone désireux d’essayer autre chose, débutant total, compétiteur acharné, ancien joueur de la version physique, lassé d’accumuler des milliers de cartes, etc.
Cette adaptation offre les mêmes sensations que la version carton, avec de nets avantages. Votre collection ne prend aucune place. Le tri, la recherche, et donc la construction de decks est beaucoup plus simple. Et surtout, des adversaires à disposition à toute heure. La distanciation physique imposée par l’épidémie de Covid vient encore renforcer les atouts de cette version numérique.
Il manque tout de même deux éléments assez importants. L’aspect social, un casque et un écran ne remplacent pas une partie entre amis autour d’une table. Et surtout la possibilité d’échanger des cartes avec d’autres joueurs. L’éditeur a tout de même eu la bonne idée de pallier ce manque en introduisant des jokers, répartis aléatoirement dans les paquets, qui peuvent ensuite être échangés contre n’importe quelle carte.
Les mêmes sensations que la version carton
Le jeu n’est pas exempt de défauts. L’économie pour commencer. Comme dans le jeu physique, plus vous dépensez d’argent, plus vous avez accès à de nouvelles cartes. Ça ne fait pas de vous un meilleur joueur, mais ça aide à gagner des parties. Les cartes les plus rares sont souvent décisives entre un deck gagnant et un deck moyen. Il faut donc avoir de la chance au tirage, dépenser de vrais sous, ou jouer beaucoup pour les échanger contre des jokers. Enfin, comme expliqué précédemment, le programme a une fâcheuse tendance à planter de temps en temps. À part une légère frustration les premières fois, il n’y a presque aucune incidence. Et nul doute que les développeurs vont améliorer ce point au fur et à mesure des mises à jour.
À titre personnel, en tant qu’ancien joueur ayant lâché ses cartes il y a une vingtaine d’années, je ne peux que louer les qualités de Magic Arena. J’y ai replongé la tête la première. L’interface est fluide et limpide, et les règles, les différents mots-clés, les astuces et les stratégies s’apprennent rapidement au fil des parties. Si vous êtes un débutant complet, vous pouvez apprendre les bases du jeu sur la très bonne chaîne YouTube de Val & PL dédiée au jeu.
Mais attention, car le jeu présente une très forte composante addictive. Outre le syndrome « Hop, encore une dernière partie et je me couche », les différents challenges quotidiens prennent un peu de temps à être remplis pour recevoir de nouveaux lots. Et comme tout free-to-play un tant soit peu réussi, la tentation de dépenser votre argent durement gagné est grande. Surtout qu’il peut être un peu frustrant et étrange de dépenser de l’argent pour obtenir des cartes virtuelles aléatoires. Sans parler des améliorations purement cosmétiques.
Malgré quelques problèmes inhérents à ce style de jeu, Magic Arena est généreux en contenu (largement de quoi jouer sans rien dépenser), facilement accessible (grâce aux automatismes pour éviter des points de règles), et plutôt bien réalisé. Adapté aux débutants et aux compétiteurs, vous pourrez y jouer en dilettante entre amis, monter dans le classement des meilleurs joueurs, et même participer aux tournois quotidiens. Un jeu que nous vous recommandons ardemment… mais gare à l’addiction !
- Magic et Magic Arena sont des jeux Richard Garfield
- Édité par Wizards of the Coast
- Pour 2 joueurs (essentiellement) à partir de 13 ans
- Pour des parties d’environ 20 minutes
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.
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