Batman: Arkham Knight imagine un monde privé du Joker. C’est déjà un sacré trait d’audace. Sorti en 2015 sur PC, Xbox One et PS4, il nous fait glisser dans le costume d’un Batman fatigué et orphelin de sa Némésis — alors que Gotham est prise d’assaut par l’Épouvantail, au point d’être vidée de ses habitants. Livrée à elle-même et contrôlée par une milice dirigée par le mystérieux Arkham Knight, la ville n’est plus qu’un repère pour une coalition de malfrats toujours en vie. C’est dans ce contexte très sombre que démarre Batman: Arkham Knight.
Développé par Rocksteady, qui travaille en ce moment sur une adaptation de Suicide Squad, Batman: Arkham Knight est la quintessence d’une formule amorcée avec Batman: Arkham Asylum — premier opus d’une trilogie menée de main de maître. Avec cet opus, le studio arrive au bout de ses idées et livre une véritable simulation de superhéros au sein d’un monde ouvert à parcourir, pour la première fois, en Batmobile. Voilà pourquoi on n’a pas hésité à le relancer pour le Batman Day, célébré ce samedi 19 septembre.
Comment Batman Arkham s’est réinventé avec la Batmobile
Batman: Arkham Knight est disponible sur le Xbox Game Pass, le service de jeux vidéo par abonnement de Microsoft. Mais vous le trouverez aussi sur PS4 et PC à un tarif avantageux (à moins de 20 euros).
La saga Batman: Arkham semblait avoir atteint l’apothéose avec l’épisode Batman: Arkham City, qui permettait déjà de parcourir une Gotham gangrénée par des criminels. Mais Rocksteady a trouvé un moyen d’aller encore plus loin, en intégrant la Batmobile, voiture emblématique du justicier masqué. Le véhicule, au design militaire très réussi (il y a du Nolan dans l’inspiration), est la véritable star du jeu vidéo. Pour autant, les développeurs sont parvenus à ne pas tomber dans la surenchère, qui aurait alors éclipsé Batman en lui-même. Dans le gameplay, la Batmobile prend place naturellement et fait office de gadget géant pouvant tout à la fois servir aux combats et aux énigmes qui parsèment le jeu. Il y a même certaines utilisations très intelligentes : quand Batman doit la contrôler à distance pour lui permettre d’avancer sereinement après avoir surmonté un obstacle, par exemple. Il y a une vraie relation entre le héros et sa monture, et elle permet à Batman: Arkham Knight de se différencier suffisamment de son prédécesseur. Les sensations de conduite ne sont pas les meilleures qui soient, mais il est grisant de pénétrer dans les ruelles malfamées de Gotham en ayant l’impression de pouvoir tout détruire sur son passage — jusqu’à éjecter Batman afin qu’il termine sa route en planant.
Sans la Batmobile, Batman: Arkham Knight n’aurait certainement été qu’une évolution logique de Batman: Arkham City — appuyée par le passage à une nouvelle génération (il y a un vrai gap en termes de réalisations, avec des effets visuels somptueux et une modélisation des personnages très convaincante). La structure, certes plus grande, est la même : outre une trame principale à suivre, il y a toute une ribambelle de quêtes annexes à remplir dans l’ordre de son choix. Les objectifs sont souvent un peu similaires, mais il y a une vraie justification scénaristique à chaque fois (par exemple, démanteler le trafic d’armes du Pingouin). Pour Rocksteady, cela permet d’aboutir à une durée de vie copieuse, située entre 20 et 30 heures selon le degré de perfectionnisme de chacun. Les fans seront à coup sûr motivés par la narration poussée, gavée de cinématiques bien mises en scène, de rebondissements et de dialogues d’une vraie gravité (Batman: Arkham Knight est un jeu sombre, porté par un super-héros un peu en crise).
L’une des meilleures adaptations de superhéros en jeux vidéo
La réussite de Batman: Arkham Knight tient aussi dans son savant mélange entre vraies phases d’infiltration (où l’observation et la patience garantissent le succès, contrairement aux Assassin’s Creed), séquences de combat dynamiques (elles ont pris un coup de vieux en cinq ans) et enquêtes rappelant le côté détective de la personnalité de Batman. Avec ou sans Batmobile, l’équilibre, comme la variété, est respecté et on reprochera simplement à Rocksteady d’avoir oublié de proposer du challenge aux amateurs. Trop puissant et, en prime, suréquipé, Batman se balade un peu trop face aux ennemis — d’autant qu’il reçoit parfois l’aide de certains alliés aussi doués que lui (Catwoman, Robin…).
Cinq ans après son lancement, Batman: Arkham Knight reste l’une des meilleures adaptations de superhéros en jeux vidéo. Il a sans aucun doute inspiré d’autres productions du genre, tels Marvel’s Spider-Man (exclusif à la PS4) et Marvel’s Avengers (au moins pour la partie combat). On a désormais hâte de voir de nouveau Rocksteady à l’œuvre avec Suicide Squad : Kill The Justice League — attendu pour 2022 sur PC, PlayStation 5, Xbox Series S et Xbox Series X.
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