Qu’y aura-t-il sur Salto, la plateforme de vidéo à la demande (SVOD) voulue depuis des années par les grands groupes français de l’audiovisuel ? C’est la question que beaucoup d’observateurs se posent, à mesure que le temps passe et nous rapproche de l’automne 2020, période à laquelle l’offre est censée être officiellement lancée.
Au cours d’une allocution donnée au Festival Fiction de la Rochelle le 18 septembre, Thomas Crosson, directeur des contenus de Salto, a apporté quelques précisions concernant les séries et films que le service permettra de visionner.
Une déception, d’abord : il n’y aura aucun contenu 100 % original et exclusif au moment de la sortie de la plateforme, a confirmé les Echos. Cette annonce ne fait plaisir ni aux spectateurs ni en interne, car les équipes savent combien c’est un élément indispensable pour faire grandir une base d’utilisateurs et consolider l’attrait d’un service tel que celui-ci.
C’est sur la création originale que se joue aujourd’hui une partie de la bataille de la SVOD : c’est grâce à des exclusivités comme House of Cards ou The Man in the High Castle que des Netflix et des Amazon sont parvenus à attirer des utilisateurs, contraints de s’abonner à leurs services pour pouvoir visionner ces séries inédites.
Malheureusement, ces ambitions n’ont pas été atteignables pour Salto, à cause d’un budget limité (on parle d’entre 135 et 250 millions d’euros au total, que les trois actionnaires TF1, France Télévisions et M6 se sont engagés à mettre sur trois ans) et de la pandémie de coronavirus, qui a mis à l’arrêt un grand nombre de tournages.
De plus, il convient aussi de souligner le fait que, dans l’univers impitoyable de la négociation des droits audiovisuels, Salto a aujourd’hui peu d’arguments en mains pour convaincre des producteurs d’accepter une diffusion sur une plateforme en ligne inconnue, et non sur une chaîne de télévision classique ou une plateforme web gratuite qui cartonne, comme FranceTVSlash.
Quels contenus y aura-t-il sur Salto ?
Mais alors, qu’y aura-t-il sur Salto ? Au cours de sa présentation, Thomas Crosson a détaillé plusieurs types de contenus qui seront hébergés sur la plateforme.
- Des épisodes de séries françaises en avant-première de quelques jours avant leur diffusion à la télé (Demain nous appartient, Un si grand soleil, Plus Belle la Vie) ;
- Des séries en avant-premières (la série Ils étaient dix, avant sa diffusion sur M6) ;
- Des programmes français cultes (comme l’excellente série Un Village français, qui était un temps sur Netflix France et qui n’est actuellement plus disponible qu’en VOD, ou bien les programmes Munch ou Alex Hugo) ;
- Des programmes étrangers cultes (Downton Abbey) ;
- Des séries inédites en France, mais déjà diffusées à l’international (Double Vie, Evil, Egoïste)
Ces propositions s’inscrivent dans ce que le directeur des contenus de Salto a appelé le fait de « faire redécouvrir des programmes que certains ont boudés », assumant le fait que la plateforme de SVOD ne pourra pas être un mastodonte à l’image des leaders américains, et qu’il s’agissait plus d’insister sur sa « déclaration d’amour à la fiction française », dont l’entreprise aimerait bien être la « partenaire » plus fidèle.
Des hauts et des bas
Salto devrait être ouvert au public d’ici octobre 2020, mais on ne connaît encore aucun détail précis des tarifs qui seront pratiqués au lancement. Il y a quelques mois, on parlait encore de deux offres possibles : l’une qui donnerait accès à de la télévision en direct et du replay, et l’autre avec des contenus exclusifs. Aujourd’hui, cette éventualité semble s’éloigner : plus personne ne parle de télévision en direct, mais seulement de rattrapage de programmes déjà diffusés et d’inédits.
Salto est l’émanation de la volonté de trois acteurs français, TF1, France Télévisions et M6, qui ne sont désormais plus qu’actionnaire de cette entreprise à part, comme l’a voulu l’Autorité française de la concurrence — même si les personnes choisies pour porter le projet sont nombreuses à venir des trois groupes.
L’Autorité française a d’ailleurs imposé de nombreuses barrières à la création de Salto, lui imposant de ne pas dépasser un certain volume de contenus venant de ses maisons-mères, obligeant aussi France Télévisions, TF1 et M6 à « limiter » les exclusivités sur Salto en évitant de ne pas trop libérer les droits de leurs contenus originaux.
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