« Ne perds pas espoir, je te l’ai déjà dit. Avec du temps et du dévouement, tu peux venir à bout de n’importe quel obstacle », souffle Nyx, incarnation de la Nuit, après une énième tentative soldée par un échec. Le personnage mythologique résume bien le jeu vidéo Hades, disponible sur Switch et PC depuis le 17 septembre (après une longue période d’accès anticipé ayant débuté en 2018). Cette pépite signée Supergiant Games nous place dans le costume de Zagreus, rejeton du Dieu grec des morts désireux de quitter les jupes de son père pour grimper vers l’Olympe — où il entend vivre sa meilleure vie. Une tâche loin d’être aisée.
Car on ne quitte pas le clan d’Hadès comme on le souhaite, surtout quand on est un fils arrogant et têtu. Pour parvenir à ses fins, Zagreus doit traverser plusieurs environnements où l’attendent des ennemis de mieux en mieux armés. Fort heureusement, les autres Dieux ont eu vent de son ambition et ne manqueront pas de l’aider en lui accordant des bénédictions, synonymes de pouvoirs dévastateurs. Hades est avant tout une histoire d’apprentissage permanent, doublée d’une épreuve pour la résilience de tout un chacun. C’est ce qui rend Hades à la fois si complexe et addictif. Récit de plusieurs journées en enfer — littéralement.
Hades est tout simplement divin
Dans Hades, la mort vient souvent frapper à notre porte. Là se trouve l’essence de l’expérience, qui consiste à répéter inlassablement les fuites vers l’avant jusqu’à triompher. Au début, on échoue beaucoup, le temps de comprendre comment s’imbriquent les différents éléments qui permettront, petit à petit, d’être meilleur. C’est un vrai moteur de motivation : chaque partie aboutit généralement sur une leçon qui aidera à aller un peu plus loin. Parfois, ce sera quelques petits pas supplémentaires. Souvent, ce sera jusqu’au boss suivant. Pour casser l’inévitable répétitivité, Hades génère les niveaux de manière aléatoire — même si les territoires traversés sont toujours dans le même ordre en partant de la Maison d’Hadès.
Chaque partie aboutit généralement sur une leçon
À chaque retour au point de départ, c’est un nouveau recommencement, il faut savoir faire le deuil de certaines choses acquises lors de la tentative précédente (l’argent, les faveurs divines…). Néanmoins, certaines reliques obtenues sont conservées. Elles servent à faciliter l’existence de Zagreus pour qu’il touche son rêve d’un peu plus près grâce à des boosts permanents (exemple : plus de vie). Le héros doit survivre face à des vagues ennemies en traversant des salles qui, une fois vidées, octroient un bonus à découvrir.
L’astuce consiste à prévoir les récompenses pour améliorer Zagreus en fonction de ses préférences. En effet, Supergiant Games laisse le choix de l’arme de départ et propose parfois plusieurs chemins caractérisés par des offrandes différentes (symbolisées par des logos que l’on finit par connaître). Vous avez besoin d’un peu de vie ? Passer par le marchand, mais vous louperez peut-être un boost divin. La notion de sacrifice est primordiale, celle de la découverte omniprésente (même après plusieurs heures de jeu).
En raison de cette structure autorisant une multitude de manière de jouer, que l’on soit plus à l’aise au corps-à-corps ou à distance, Hades pourra apparaître frustrant. L’argument aléatoire est, par définition, injuste, dans le sens où vous pourrez aller très loin lors d’un essai et mourir très vite lors du suivant. Pour mieux faire avaler la pilule, les développeurs ont travaillé la narration pour qu’elle soit motivante. Chaque game over donne droit à des lignes de dialogue impeccablement bien écrites, pleines de cynisme et d’ironie. « Nous entretuer fait partie de nos vies… » clame par exemple Hadès, conscient de certaines absurdités liées à son existence.
Supergiant Game offre un regard inédit et intéressant sur la mythologie grecque, non sans faire honneur à chacune de ses figures grâce à un character design exquis. Que ce soit par leur look ou leur personnalité, Zeus et consorts livrent le meilleur d’eux-mêmes. Non contents d’étaler leur charisme à chaque échange, ils portent un récit aussi drôle qu’effrayant, preuve que le studio n’a pas uniquement misé sur son gameplay en vue isométrique (comme les Diablo).
On aurait pourtant pardonné à Hades un éventuel manque de liant narratif, au regard de sa prise en main titillant la perfection. Pour se défendre, Zagreus dispose d’un coup basique, d’une technique puissante, d’une attaque à distance (utilisation limitée) et d’une esquive. Ce socle qui fait dans l’efficacité est renforcé par une couche de bonnes idées permettant presque à chaque session d’être unique alors que le succès passe par des routines à trouver. Les combats sont nerveux, avec une difficulté qui va crescendo et une marge de progression immense (il faut se souvenir de la manière dont se comportent les adversaires).
On terminera nos louanges par la direction artistique, d’une générosité débordante et d’une inspiration sans égal (à l’instar des précédents jeux vidéo développés par Supergiant Games). On a déjà parlé du design des personnages, mais que dire de la somme hallucinante de détails et d’effets visuels qui peuplent l’écran. C’est un véritable banquet que nous offre Hades, au sein duquel nos yeux s’enivrent de toutes ces victuailles. Seul hic, la lisibilité générale peut en souffrir quand trop d’éléments s’affichent en même temps. Ce défaut se vérifie d’autant plus sur le petit écran de la Nintendo Switch, par ailleurs trahie par de très rares ralentissements.
Qu’importe, on a rarement vu un enfer aussi visuellement attrayant, pour un jeu que ne renierait pas Apollon.
Le verdict
On a aimé
- D'une beauté phénoménale
- Un gameplay idéal
- Addictif, dans le bon sens du terme
On a moins aimé
- Quelques soucis de lisibilité
- Quelques ralentissements (sur Switch)
- Peut-être un peu trop addictif...
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