Fenyx enfourche son destrier à peine apprivoisé, poursuit sa folle cavalcade jusqu’au bord d’une falaise, depuis laquelle elle déploie ses ailes pour planer et rejoindre Arès. À ce stade de l’aventure, le célèbre Dieu de la guerre a été transformé en… coq arrogant. Ce court moment résume parfaitement Immortals Fenyx Rising, qui prend la forme d’une mini épopée décomplexée et fait la jonction entre les jeux Zelda — Breath of the Wild en tête — et les Assassin’s Creed — Odyssey, forcément.
Immortals Fenyx Rising, annoncé avec le nom Gods & Monsters, est une nouvelle production née dans les bureaux d’Ubisoft Québec, studio de la multinationale française à qui l’on doit, justement, Assassin’s Creed Odyssey. Sa passion pour l’Antiquité et les divinités grecques lui a visiblement donné envie de refaire le portrait d’Aphrodite, Zeus, Hermès et autre Athéna dans un jeu d’action/aventure qui fait penser à The Legend of Zelda: Breath of the Wild. C’est loin d’être une mince comparaison, mais Immortals Fenyx Rising a la tête d’un bon élève.
De la féérie plein les yeux
Oubliez les environnements réalistes de Watch Dogs: Legion et d’Assassin’s Creed Valhalla, les autres gros jeux de fin d’année d’Ubisoft. Immortals Fenyx Rising préfère jouer la carte de l’originalité, avec une patte artistique « cartoon » du plus bel effet. En témoigne le look des personnages, qui n’ont rien d’effrayant (même les méchants) et s’appuient sur des proportions repensées. Immortals Fenyx Rising mise aussi sur ses décors féériques, qui invitent à la balade au sein d’un festival de couleurs chatoyantes. Certaines portions de la carte imaginée par Ubisoft donnent envie de s’y perdre, jusqu’à se délecter des petits détails qui animent l’écran. Ils peuvent prendre la forme d’un papillon qui vole parmi les petites particules ou de végétations bariolées qui se dressent en abondance.
Une solidité technique digne de la force d’Hercule
En prime, contrairement à Watch Dogs Legion et Assassin’s Creed Valhalla, certes plus ambitieux sur le papier, Immortals Fenyx Rising s’avance avec une solidité technique digne de la force d’Hercule. Pendant nos quelques vingt heures de jeu, on n’a constaté aucun bug gênant, ni aucune situation forçant à redémarrer la partie. Tout juste a-t-on subi quelques ralentissements lors d’une seule et même séquence. Connaissant le passif d’Ubisoft, cela tient du miracle, au point de constituer une vraie qualité pour Immortals Fenyx Rising. Bien évidemment, il serait malhonnête de comparer son aisance à tourner sur PlayStation 5 avec les problèmes essuyés par The Legend of Zelda: Breath of the Wild à son lancement sur Switch — une console beaucoup moins puissante.
L’habillage cartoon choisi par Ubisoft Québec s’inscrit dans le ton du récit, qui s’articule autour de Fenyx, apprentie héroïne chargée de sauver l’île des Dieux de la vengeance de Typhon. Le point de départ est classique, sauf que la surdose d’humour décomplexe tout et ridiculise les Dieux tels que nous les connaissons. Il faut les voir se disputer comme des chiffonniers — « Tu n’es qu’un pignouf Héphaïstos », peut-on entendre. De son côté, Zeus — le séducteur — se lamente sur son statut de père « épouvantable » et sur ses multiples conquêtes. Immortal Fenyx Rising ressemble parfois à une immense cour de récréation, une réunion des pires garnements de la mythologie grecque.
The Legend of Fenyx: Breath of the Wild
Immortal Fenyx Rising est disponible sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X, PC, Stadia et Switch à partir du 3 décembre.
Immortals Fenyx Rising reprend donc beaucoup d’éléments de The Legend of Zelda: Breath of the Wild : la jauge d’endurance lors des (nombreuses) séances d’escalade, les petits donjons optionnels, certains puzzles intégrés aux environnements, le découpage de la quête principale (grosso modo : libérer le pouvoir de quatre divinités)… Seul le sentiment de liberté immense n’est pas là, puisque la structure et la narration d’Immortals Fenyx Rising se rapprochent plus volontiers d’un Assassin’s Creed. On retrouve même les postes d’observation qui permettent de découvrir la carte et de marquer les points d’intérêt vers lesquels se rendre.
À l’arrivée, on est beaucoup plus pris par la main dans Immortal Fenyx Rising, même si on peut lui reconnaître de belles idées dans les énigmes. Souvent, elles sont ingénieuses et réclament un peu de réflexion.
De belles idées dans les énigmes
Si on met de côté les quelques soucis de caméra, à qui il arrive de mal se placer pendant les affrontements, le gameplay d’Immortals Fenyx Rising est très agréable. Les fans des derniers Assassin’s Creed ne seront pas dépaysés par les combats, mélangeant RPG d’action (on tape avec les gâchettes) et action pure et dure. Le tout est saupoudré de quelques pouvoirs divins, à améliorer/débloquer au moyen de pièces à obtenir dans des défis. Ubisoft Québec a d’ailleurs fait une croix sur une progression linéaire consistant à engranger des niveaux. Dans Immortals Fenyx Rising, l’héroïne gagne en puissance par l’intermédiaire de son équipement constitué d’une épée, d’une hache et d’un arc — sans oublier les potions à fabriquer soi-même.
Il n’est pas interdit de reprocher à Ubisoft sa propension à un peu trop garnir ses mondes ouverts, aboutissant à des expériences trop copieuses et vite décourageantes. Avec Immortals Fenyx Rising, force est de constater que l’entreprise n’est pas tombée dans l’excès de zèle. En résulte un condensé de ce qui s’est fait de mieux ces dernières années, pour n’en retenir que les ingrédients les plus pertinents. Immortals Fenyx Rising ne fait pas partie de ces jeux qui cherchent à surprendre avant tout. Il s’attache plutôt à réussir ce qu’il entreprend, avec une partition connue d’avance mais sans réelle fausse note (exception faite de quelques incohérences concernant l’escalade et les surfaces que l’on peut accrocher). Il fait beaucoup penser à Darksiders, lui-aussi très inspiré de Zelda.
Coffres, donjons, défis…
Il faut compter une petite vingtaine d’heures pour voir le bout d’Immortal Fenyx Rising, sachant que la fin, interminable, est un peu maladroite. Non seulement le combat contre l’ultime boss s’étire jusqu’à lasser mais, en prime, le cheminement pour y parvenir est alambiqué. À trop vouloir devenir épique d’un coup, Immortals Fenyx Rising perd le fil et ne garde pas le meilleur pour la fin. On lui pardonnera ce défaut au regard des précédentes quêtes principales, suffisamment variées, sur le fond comme sur la forme, pour satisfaire.
En revanche, celles et ceux qui s’attendaient à une myriade de contenus annexes n’auront d’autre choix que de retourner dans Assassin’s Creed Valhalla. Immortals Fenyx Rising privilégie l’intrigue et néglige le reste, qui consiste à empiler des tâches annexes passables — disséminées un peu partout sur la carte. Paradoxalement on y voit une qualité : le titre d’Ubisoft évite de s’éparpiller et donnera plus envie aux joueuses et joueurs de le terminer. Il y a quelques missions secondaires — attachées aux Dieux — mais on n’a jamais l’impression d’être assommé par un contenu trop généreux. Dans Immortals Fenyx Rising, le chemin est tout tracé et il suffit de se laisser porter.
Le verdict
Immortals Fenyx Rising
Voir la ficheOn a aimé
- Artistiquement très joli
- Les puzzles bien pensés
- Le ton bon enfant
On a moins aimé
- La copie de Zelda n'est pas loin
- Quelques soucis de caméra
- La fin
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