Quels livres de science-fiction poser au pied du sapin ? Voici notre guide littéraire détaillé pour Noël 2020.

Chaque année, la science-fiction a sa place au pied du sapin, pour la capacité du genre à nous faire rêver autant qu’à nous ouvrir des horizons scientifiques, politiques et sociaux. Notre guide de Noël 2019 reste d’actualité, mais voici une sélection Numerama dédiée aux parutions de 2020. Nous vous proposons une variété de formats et de thématiques, allant de l’uchronie, au recueil en passant par l’esthétique japonaise et l’écologie. Dans ce guide, vous trouverez donc forcément votre bonheur.

Uchronie SF : Vers les étoiles

Traduit par Patrick Imbert // Source : Denoël

Traduit par Patrick Imbert

Source : Denoël

Le roman de Mary Robinette Kowal est l’un de nos immenses coups de cœur de l’année 2020. Nous y avions dédié une chronique entière, en octobre 2020.

Vers les étoiles propose de réécrire la conquête spatiale, en créant un événement qui n’est jamais advenu en 1952 : une météorite s’écrase au large de la côte est des États-Unis. Cette catastrophe humaine provoque alors un dérèglement climatique. D’ici quelques années, la Terre ne sera plus habitable. Seule solution : partir trouver un autre habitat dans le cosmos. Sauf que le programme spatial mis en place… est exclu aux femmes. C’est pourtant une femme qui a découvert l’impact climatique de l’événement, à savoir Elma York, « calculatrice », brillante mathématicienne, et ancienne pilote d’avion de chasse.

Elma York ne va pas accepter cette situation. Sous la plume de Mary Robinette Kowal, la conquête spatiale se transforme en conquête sociale. C’est merveilleusement bien écrit et captivant ; avec une atmosphère comparable aux meilleures séries historiques Netflix ou BBC — de la SF en plus.

Le deuxième recueil de Ted Chiang

Traduction : Theophile Sersiron. // Source : Éditions Denoël.

Traduction : Theophile Sersiron.

Source : Éditions Denoël.

Nous avions été particulièrement élogieux sur le recueil de Ted Chiang, lors de la rentrée littéraire. Et l’on va réitérer : Expiration est un chef-d’œuvre faisant date dans la littérature de SF. Ted Chiang aborde les notions de libre arbitre et de nature humaine au travers de récits brillants faits de machines intelligentes, de portails dans l’espace-temps et d’innovations biotechnologiques. La quintessence de la science-fiction, qui plaira aux initiés, mais qui peut aussi convaincre n’importe qui de la puissance du genre.

Des « contes SF »

Source : Seuil

Source : Seuil

L’écrivain français Pierre Bordage est bien souvent une valeur sûre à chaque nouvel ouvrage. Connu notamment pour ses œuvres de space opera empreintes de spiritualité, il est en quelque sorte un « conteur » de la science-fiction française. Dans son dernier recueil paru chez Seuil cette année, on peut dire que cet aspect de son travail est pris à la lettre, puisque Contes des sages d’autres mondes et d’autres temps est une collection de douze contes, chacun abordant un grand thème de la science-fiction : intelligences artificielles, transhumanisme, exploration spatiale, ère post-apocalyptique. Ils sont chronologiques : Pierre Bordage part de notre époque pour nous emmener progressivement loin, des milliers d’années dans le futur.

Le recueil prend la forme d’un petit livre, proche d’un carnet, affublé d’un signet. C’est le type d’ouvrage que l’on picore au fil du temps avec délectation pour un court moment hors du temps. La plume de Bordage, qui plus est sous la forme de ce recueil, est idéale pour introduire quelqu’un à la SF, tant sur le plan des sujets abordés que celui du voyage dans le futur.

  • Vous pouvez commander Contes des sages d’autres mondes et d’autres temps en ligne dans une librairie indépendante en passant par LaLibrairie

Esprit du Japon : Quitter les monts d’Automne

Source : Albin Michel

Source : Albin Michel

Voilà un autre ouvrage que nous tirons de nos coups de coeur de rentrée littéraire 2020. Dans ce futur, l’écriture est interdite : la tradition orale permet à elle seule de perpétrer les souvenirs et l’Histoire. Lorsque l’héroïne va tomber sur un rouleau de calligraphie, chose interdite, son monde va basculer et la quête initiatique — poétique, mais parfois brutale — va commencer.

Le roman d’Emilie Querbalec ne se situe pas au Japon, mais plaira aux passionnés du pays, puisque l’esthétique de Quitter les monts d’Automne repose sur une atmosphère japonaise, et certains codes qui vont avec. De quoi ravir vos proches amoureux du Japon et de la science-fiction.

Futur post-apocalyptique : Le Livre de M

Source : Albin Michel

Source : Albin Michel

La littérature post-apocalyptique peut avoir tendance à être redondante, mais Peng Shepherd prend l’essentiel de ce qui est pertinent dans le genre tout en y ajoutant ses idées originales. Il en résulte un roman tout bonnement excellent sur ce que devient l’humanité après un effondrement.

Dans Le Livre de M, l’apocalypse est survenue en raison d’un événement « fantastique » (ou du moins, inexpliqué par la science) : des humains ont soudainement perdu leur ombre et alors, progressivement, leurs souvenirs aussi. Quand une immense part de l’humanité se met à perdre toute mémoire, la civilisation chavire. En plus d’une exploration parmi les souvenirs comme forge de notre réalité, Peng Shepherd livre un récit post-apocalyptique captivant, intelligent, dans une atmosphère de survie façon The Last of Us.

Le classique : Dune

Source : Robert Laffont

Source : Robert Laffont

Le Dune de Denis Villeneuve avec Timothée Chalamet et Zendaya n’est finalement pas pour cette fin d’année. Il faudra attendre 2021. Pour patienter, vous pouvez vous tourner vers le mook Dune, dont Numerama est partenaire, au sein duquel vous retrouverez plus de 250 pages d’analyses de tout cet univers foisonnant.

Mais vous pouvez avoir envie de relire ce chef-d’œuvre de Frank Herbert. Ou alors de le découvrir, voire de le faire découvrir. Voilà qui tombe bien : les éditions Robert Laffont ont publié récemment une réédition du roman. Cette réédition est basée sur une traduction française revue et corrigée (il y en avait bien besoin), par Renaud Guillemin, physicien à l’œuvre derrière le blog de SF de référence L’Épaule d’Orion. Cette nouvelle version fait par ailleurs office de très belle édition collector.

Space opera (et hard SF) : Eriophora

Traduction : Gilles Goullet. // Source : Le Bélial'

Traduction : Gilles Goullet.

Source : Le Bélial'

Pour une bonne bouffée de sense of wonder comme le genre du space opera peut en fournir, il faut se tourner vers Eriophora. Mais puisqu’il s’agit d’un roman de Peter Watts, c’est aussi de la Hard SF (très accessible ici donc, disons, de la soft hard SF).

Peter Watts imagine un astéroïde transformé en vaisseau spatial. Ce dernier contient en son sein une singularité — un trou noir. La mission des 30 000 habitants, tous et toutes des « humains augmentés » : créer grâce à cette singularité des portails à travers l’espace, pour ouvrir le chemin aux humains qui suivront. Pour une telle odyssée spatiale, il faut que tout soit réglé comme horloge, mais, évidemment, chose inévitable dans un vaisseau, c’est surtout l’horloge politique qui va dérailler. Si le sense of wonder opère avec une impression de grandiose et du frisson, que Peter Watts rend la Hard SF facile à lire, ne vous attendez toutefois pas à avoir toutes les clés en main — il vous faudra accepter la subjectivité du point de vue de la narratrice.

La fable écologique derrière le thriller d’anticipation

Source : Pocket

Source : Pocket

C’est une courte lecture que propose Pocket avec la réédition de C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du blanc. Lilian Bathelot oscille entre deux régions du monde en 2089 : une société de surveillance et des zones « franches » qui y échappent. Parmi ces zones franches, le Groenland. Kisimiipunga y réalise sa première chasse, pour passer à l’âge adulte. Elle tombe à cette occasion sur un homme européen, gravement blessé. En parallèle, en France, l’armée enquête justement sur la mystérieuse disparition d’un homme — ce qui n’est pas possible dans un monde sous surveillance même biométrique. Les deux événements ont peut-être un lien ? En tout cas, ces deux « univers » ne reposent pas sur la même approche de l’humanité et de la nature, et ils vont se confronter avec une forme de poésie.

Sous l’apparence d’un thriller d’anticipation, c’est surtout une jolie fable écologique, plaisante car optimiste dans le ton, et qui se lit d’une traite. Vous pouvez l’offrir à un public très jeune, tout comme à un public adulte.

  • Vous pouvez commander C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du Blanc en ligne dans une librairie indépendante en passant par LaLibrairie

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