C’est avec l’excellente trilogie de jeux The Witcher que le studio polonais CD Projekt a acquis ses lettres de noblesse dans le monde vidéoludique. Va-t-il les perdre à cause de la sortie bien tumultueuse de son dernier projet, Cyberpunk 2077 ? Sans doute est-il trop tôt pour le dire : car si les versions sur PS4 et Xbox One sont largement loupées, le jeu sur PC est bien plus réussi — et les patchs correctifs affluent.
Avant d’être un studio de développement, et un poids lourd de l’industrie, CD Projekt était une société d’import et de localisation de jeux vidéo pour le marché polonais. C’est ainsi que l’entreprise a débuté ses activités et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle a choisi de s’appeler CD Projekt. En effet, à l’époque de sa fondation, dans les années 1990, les jeux vidéo étaient distribués sur des CD-ROM.
C’est ce que raconte le groupe dans une page dédiée aux grandes dates de son histoire.
« La société, initialement nommée CD Projekt, s’est concentrée sur l’importation de logiciels sur CD-ROM depuis les États-Unis », lit-on. « Projekt », car c’est ainsi que cela s’écrit en polonais. À l’époque, la société commerçait avec des studios comme Acclaim, Blizzard, Blue Byte, Interplay ou bien Psygnosis — mais tous n’ont pas survécu à l’épreuve du temps (ou aux rachats ou bien aux faillites, c’est selon).
C’est en 1999, cinq ans après ses débuts, que CD Projekt signe son premier grand fait d’armes, en assurant l’import et la traduction en polonais de Baldur’s Gate, un jeu qui est devenu un grand classique vidéoludique — d’ailleurs, le troisième volet, Baldur’s Gate III, fait ses débuts depuis cet automne en accès anticipé, et les premiers retours sont dithyrambiques.
Par la suite, CD Projekt a assuré la distribution et la localisation d’autres grands hits, dont Diablo II et Baldur’s Gate II, eux aussi incontournables, tout en signant des accords avec Ubisoft, Sega, Atari, Cryo, ou encore Microsoft. Il faudra toutefois attendre encore quelques années pour que CD Projekt se lance non plus seulement dans l’édition de jeux vidéo, mais dans le développement lui-même.
Nous sommes alors en 2002. Une division spéciale est fondée, CD Projekt Red Studio Sp. z o.o., plus communément appelée CD Projekt Red. Et un an plus tard, le studio s’attaque à l’adaptation en jeu vidéo des romans à succès Le Sorceleur, de l’écrivain polonais Andrzej Sapkowski. Deux suites verront le jour, en 2011 et 2015, ainsi que quelques autres titres dérivés de la licence.
Un nouveau logo en 2014
Mais pourquoi Red dans le nom ? Le studio n’explicite pas ses raisons sur son site. Sur les forums de l’entreprise par contre, un modérateur avance que cet ajout est à relier à la ville de Łódź, en Pologne, là où a été basé le studio pour la première fois. Son ancien logo figure une usine, en référence aux usines bâties en briques rouges qui peuplaient la ville — Łódź était alors un centre industriel centré sur le textile au XIXe siècle.
Ce logo a été remplacé en 2014 par un nouveau visuel, un oiseau stylisé appartenant à l’espèce des cardinaux rouges, une variété de passereaux, que l’on reconnaît aisément à son plumage rouge orangé et son marquage facial noir. D’ailleurs, on dit que c’est aussi le cardinal rouge qui a inspiré le design de Red, l’oiseau principal dans le jeu Angry Birds (on suppose que le masque noir a été déplacé au niveau des sourcils).
Selon Adam Badowski, le patron du studio, cet oiseau « est la façon dont nous nous voyons dans l’industrie : intrépide, audacieux et confiant ; il vole haut et vise encore plus haut ». « Le rouge représente l’énergie, le feu intérieur qui nous anime ; il représente quelque chose de très proche de chacun ici — la créativité et la passion que nous exploitons de l’intérieur pour faire les meilleurs RPG du monde ».
Et ce n’est pas tout.
D’après l’intéressé, cet oiseau flamboyant est aussi à rapprocher d’un oiseau mythologique « proche de nos racines culturelles et de notre héritage ». L’oiseau auquel il faut référence, c’est le Raróg, une créature de feu issu des croyances slaves qui est censée, d’après la culture populaire, apporter chance et bonheur. Il reste à savoir si cela rejaillira sur le studio, qui est quelque peu malmené depuis la sortie de Cyberpunk 2077.
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