Google a annoncé qu’il ne se lancera plus dans le développement de jeux exclusifs pour sa plateforme Stadia. Il s’en remettra à des partenariats avec les éditeurs pour gonfler le catalogue et souhaite mettre sa technologie à leur disposition.

Prendre des bonnes résolutions pour Stadia ne fait visiblement pas partie des plans de Google pour 2021. Dans un communiqué publié le 1er février, Phil Harrison, à la tête de la marque, a annoncé les changements stratégiques décidés par la multinationale pour sa plateforme de cloud gaming. Le plus marquant d’entre eux est l’arrêt total de développement de jeux exclusifs, au sein des studios SG&E (Stadia Games & Entertainment) qu’avait créés Google sous la houlette de Jade Raymond (passée par Ubisoft et Electronic Arts).

« Jade Raymond a décidé de quitter Google pour saisir d’autres opportunités (…). Dans les mois à venir, la plupart des employés des studios SG&E seront mobilisés pour d’autres postes », indique Google. Il n’empêche, il s’agit d’un vrai aveu de faiblesse de la part de la firme de Mountain View, qui ne souhaite plus investir des sommes colossales dans la création de contenus exclusifs. Ils constituent pourtant le nerf de la guerre sur le marché du jeu vidéo. 

Google ne comprend rien au marché du jeu vidéo

Il est loin le temps où Google promettait des jeux exclusifs « chaque année, et de plus en plus chaque année ». Aujourd’hui, après un lancement compliqué, une communication maladroite et une chute dans l’anonymat, Stadia n’est plus cette plateforme ambitieuse capable de rivaliser avec les consoles de Sony, Microsoft et Nintendo. Elle ne le redeviendra pas sans un catalogue de titres que l’on ne trouvera pas ailleurs. Avec ce choix, Google prouve qu’il ne comprend pas le marché du jeu vidéo alors qu’il lui faudrait gagner en légitimité pour se faire une vraie place.

Priver Stadia d’exclusivités revient à enterrer petit à petit le service. Ainsi, on ne voit pas comment Google pourrait s’en sortir face à une concurrence aguerrie : Sony assoit la réputation de PlayStation grâce à sa ligne éditoriale bien réfléchie ; Nintendo s’appuie depuis des décennies sur ses marques fortes, un héritage perpétré par le succès inouï de la Switch ; et Microsoft n’a pas hésité à mettre plusieurs milliards de dollars sur la table pour racheter Bethesda. On trouve d’autres exemples sur le marché de la SVOD : les gens s’abonnent à Netflix pour dévorer Stranger Things quand d’autres lui préfèrent Disney+ pour ne rien louper de la série The MandalorianSans contenu propre, une plateforme, quelle qu’elle soit, n’a pas d’âme.

Et du côté des plateformes neutres, le marché a déjà bien progressé dans la direction que Google veut seulement prendre, de GeForce à xCloud en passant par Shadow.

Google Stadia // Source : Google

Google Stadia

Source : Google

Que va devenir Stadia ?

« Vous pourrez continuer à jouer à vos jeux sur Stadia et Stadia Pro, et nous continuerons d’ajouter des nouvelles productions d’éditeurs tiers à notre plateforme », promet Google à propos de l’avenir de Stadia. En parallèle, l’entreprise entend développer son savoir-faire dans le cloud gaming « pour aider les développeurs et les éditeurs à tirer profit de [sa] technologie afin qu’ils puissent proposer leurs jeux directement aux joueurs. » Comprendre : Ubisoft pourrait très bien lancer le futur Assassin’s Creed en streaming grâce à Google, mais sans passer par Stadia. En ce sens, Google enfilerait la casquette de fournisseur d’outils, comme il sait si bien le faire.

Pour convaincre des éventuels partenaires, Google met en avant le bagage technique de Stadia en matière de streaming : « Il est clair que la technologie de Stadia fonctionne et peut le faire à grande échelle. » La multinationale se rassure comme elle peut alors que ce communiqué vient tuer toutes les promesses éditoriales placées en Stadia, qui devait révolutionner notre manière de consommer le jeu vidéo.

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