Il y a 3 ans, la direction artistique de Little Nightmares nous faisait déjà penser au style de Tim Burton, dans ses meilleures années. En 2021, Bandai Namco offre une suite à ce jeu vidéo. Disponible à compter du 11 février sur PS4, Xbox One, PC et Switch, Little Nightmares 2 s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur. Il prend lui aussi des allures de conte horrifique porté par un habillage visuel que ne renierait pas le célèbre réalisateur de Sleepy Hollow et d’Edward aux mains d’argent. Il en résulte une expérience tout à la fois effrayante et touchante, où l’on se prend d’empathie pour des personnages tout sauf amicaux.
Little Nightmares 2 est toujours développé par Tarsier Studios. Avec ce second épisode, le studio souhaite logiquement aller plus loin, que ce soit dans le gameplay, les thèmes abordés ou la partie graphique. Pour matérialiser ce désir d’évolution, les développeurs ont changé le héros : Six, que l’on reconnaît avec son ciré jaune, cède sa place à Mono, un petit garçon qui cache sa tête dans un sac, comme pour se cacher des horreurs qui l’attendent. Un jour, il se réveille dans une forêt lugubre, sans savoir pourquoi il se trouve là. Compte tenu de ce contexte peu enviable, il n’a d’autre choix que de fuir, pour mieux s’engouffrer dans des décors plus cauchemardesques les uns que les autres.
Un petit conte cauchemardesque
Little Nightmares 2 est parfaitement jouable sur PS5, Xbox Series S et Xbox Series X. Mais les optimisations graphiques arriveront un peu plus tard.
Il y a beaucoup de choses qui font peur dans Little Nightmares 2. Les décors, aux teintes morbides comme dans Les Noces funèbres, ont été imaginés pour faire naître un sentiment de malaise chez la joueuse ou le joueur. Il y a cette impression que personne ne veut accueillir Mono avec bienveillance, que ce soit une maîtresse d’école capable d’allonger son cou ou le résident d’un hôpital qui préfère loger sur le plafond. Pendant quelques heures, Little Nightmares 2 déploie un univers bizarroïde, un théâtre de l’étrange peuplé de personnages monstrueux. Il est nourri par des références appuyant son authenticité. Comme dans un film de Tim Burton, les lueurs d’espoir ne sont pas nécessairement celles que l’on croit. Et, comme dans un film de Tim Burton, les menaces peuvent prendre des formes étonnantes — par exemple des marionnettes à l’effigie d’enfants.
Il y a des séquences qui font vraiment froid dans le dos. Quand, au sortir d’une course-poursuite haletante, on finit par se débarrasser de son bourreau en lui tirant dessus, la musique stressante laisse alors sa place à un silence de mort. On n’a pas vraiment le temps de se poser des questions dans Little Nightmares 2, qui a en quasi permanence des allures de jeu de cache-cache mortel. Tout juste sait-on une chose : Mono n’a visiblement rien à faire ici et, par chance, il va recevoir l’aide de Six — héroïne du premier épisode, donc. Quand une fille portant un ciré jaune devient votre seul phare dans une nuit qui paraît interminable, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. On ne se reposera pas sur les adultes : quand ils ne nous veulent pas du mal, ils sont hypnotisés par la télévision. La métaphore est subtile : les parents n’entendent pas toujours leurs enfants cauchemarder depuis leur canapé.
Le gameplay est la matérialisation de l’état d’oppression dans lequel se trouve le héros. Il arrive que la manipulation des touches devienne hasardeuse. Tout porte à croire que Tarsier Studios a volontairement rendu certains mouvements approximatifs pour insister sur le côté hésitant du personnage, perdu dans un monde difficile à comprendre. Il faut en outre savoir s’occuper de l’autre. Sur ce point, on soulignera la pertinence de l’intelligence artificielle se cachant derrière Six. À aucun moment, elle n’est de trop dans l’aventure. Mieux, elle fournit des assistances très précieuses, à l’image d’une courte échelle pour atteindre un point trop élevé. Malgré les apparences et le sentiment d’urgence, Little Nightmares 2 parvient à garder cette naïveté donnant envie de prendre Mono par la main pour l’extirper de son cauchemar. Cette naïveté est parfois dissimulée dans une mise en scène qui a fière allure, entre l’astucieux travail sur la profondeur, le placement des pièges et la parfaite gestion des éclairages — si rares soient-ils.
Tim Burton n’est pas connu pour la fulgurance de ses scènes d’action (La Planète des singes). Et force est de reconnaître qu’on ne retiendra pas celles de Little Nightmares 2 non plus. Tarsier Studios a voulu ajouter quelques combats et peut-être aurait-il dû s’abstenir. Pour se défendre, Mono doit saisir un objet trop gros pour ses petits bras et frapper tant bien que mal les quelques ennemis qui lui font face. Malheureusement, on peine à être convaincu par cette approche n’ayant rien d’exaltant. En prime, en raison d’un manque cruel de précision dans le timing des coups, elle peut transformer Little Nightmares 2 en véritable épreuve pour les nerfs, obligeant à recommencer plusieurs fois en priant pour que la chance fasse le reste.
Le verdict
Little Nightmares II
Voir la ficheOn a aimé
- Esthétiquement réussi
- Ne cherche jamais à trop en faire
- Le stress des courses-poursuites
On a moins aimé
- On se passerait bien des combats
- Univers un tantinet cryptique
- Gameplay parfois approximatif
Difficile de ne pas succomber au charme esthétique de Little Nightmares 2, qui s’apparente à un petit conte horrifique sans réelle prétention. Portée par ses puzzles et ses courses-poursuites parfois haletantes, cette suite toujours éditée par Bandai Namco s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur.
Aussi charmant qu’effrayant, Little Nightmares 2 s’appuie sur son ambiance réussie et les mystères de son univers pour captiver la joueuse ou le joueur le temps d’une huit qui ne sera pas la meilleure de sa vie. Ni la pire non plus.
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