La remise en question est un exercice parfois compliqué, surtout quand elle concerne des sphères très personnelles. Mais quand il s’agit d’un film, d’une série ou d’un jeu vidéo, elle consiste simplement à redonner sa chance au produit. On peut sous-estimer, sinon mal apprécier, une œuvre pour plusieurs raisons. Cela peut être une simple question d’état d’esprit au moment où on l’expérimente. C’est dans cette optique que nous avons relancé Ghost of Tsushima, exclusivité PS4 à laquelle nous avions attribué la note de 3/5 malgré des qualités louées par tant d’autres.
Sorti en juillet 2020, Ghost of Tsushima a atteint la barre des cinq millions d’exemplaires vendus en quelques semaines, devenant la nouvelle licence PlayStation la plus rapide à le faire. À l’occasion de la cérémonie des The Game Awards 2020, le jeu développé par Sucker Punch a reçu le prix des joueurs, ainsi que celui de la meilleure direction artistique. Au regard de ces louanges, Ghost of Tsushima méritait que l’on s’y penche de nouveau, d’autant qu’il est rétrocompatible avec la PlayStation 5.
Quelques mois après, j’ai appris à aimer Ghost of Tsushima
Relancer Ghost of Tsushima plusieurs mois après sa sortie sur PS5 est une expérience presque inédite. La dernière console de Sony, lancée en novembre, fait tourner le jeu dans de bien meilleures conditions et bénéfice de toutes les mises à jour déployées par les développeurs depuis juillet. On pourrait presque affirmer que c’est le jour et la nuit : tandis que la PS4 Pro avait parfois du mal à maintenir une fluidité constante, la PS5, beaucoup plus puissante, se permet de doubler le taux d’images par seconde — de 30 à 60 fps — sans aucun sacrifice sur la qualité.
Il en résulte un rendu graphique qui respire, assurant tout à la fois confort pour les yeux et performance visuelle à la hausse. Avec un framerate plus élevé, les buissons qui ne cessent de s’agiter au gré des bourrasques ressemblent moins à un amas de pixels, tandis que l’on profite un peu plus des petits éléments qui volent dans les airs. Avec ce socle technique de meilleur acabit, Ghost of Tsushima met encore plus en exergue sa direction artistique, qui se nourrit du folklore japonais — comme en témoigne la bande-son de circonstance (reposante, quand il n’est plus nécessaire de se battre).
Toujours sur l’affichage, on ne peut que conseiller l’activation du mode Kurosawa, qui rend hommage au cinéaste Akira Kurosawa — source d’inspiration assumée de la part des développeurs. Il troque les couleurs pour un rendu noir et blanc volontairement entaché de quelques artefacts pour mieux ressembler aux films d’époque. On gagne vraiment en cachet, même si on peut parfois perdre en lisibilité. Par exemple, la tâche consistant à suivre un renard jusqu’à sa cachette est moins aisée en noir et blanc : la couleur orange feu de sa fourrure ne ressort plus parmi les herbes hautes. Mais ce n’est qu’un petit détail face à la réussite artistique somptueuse de Ghost of Tsushima en mode Kurosawa. Attention, vous risquez d’avoir envie de prendre des captures d’écran par dizaine.
On a donc repris beaucoup de plaisir à se balader dans les environnements de Ghost of Tsushima, qui s’appuie sur une exploration beaucoup plus organique que la moyenne. Pour trouver un objectif, on ne se laisse pas guider par un chemin défini par un GPS, plutôt par la direction du vent. On apprécie tout autant la découverte de points d’intérêt en discutant avec des personnages et/ou en se rapprochant d’une épaisse fumée qui monte très haut dans le ciel. On retrouverait presque ce plaisir lié à une liberté plus naturelle, dont The Legend of Zelda: Breath of the Wild fait office de référence. On y ajoute l’ambiance poétique et spirituelle, qui donne envie de se balader et de s’imprégner des lieux. Elle prend d’ailleurs le pas sur l’intrigue inintéressante, centrée sur un casting au charisme absent, et la structure qui, hélas, ne parvient pas à se débarrasser totalement des quêtes qui se répètent d’une zone à l’autre (suivre des renards mignons en fait partie).
Ambiance poétique et spirituelle
Notre principal reproche adressé à Ghost of Tsushima concerne toujours les combats, articulés autour d’un gameplay qui ne permet pas de cibler les ennemis. Sucker Punch n’a rien voulu changer. Face aux critiques, le studio s’est même essayé à la justification. Dans un entretien accordé à GameSpot le 27 juillet 2020, Nate Fox, directeur créatif, expliquait : « En travaillant sur les combats, nous avons regardé des films de samouraïs qui sont bien évidemment des inspirations pour le feeling du jeu. Dans ces films, les combattants doivent parfois changer leur point d’ attention très rapidement, en fonction des menaces. Les combats sont construits de manière à gérer plusieurs ennemis à la fois (…). Si nous avions intégré un ciblage, vous n’auriez pas pu bouger rapidement d’un ennemi à l’autre quand vous êtes encerclé ». Tant pis pour les soucis de caméra, qui paraissent être des compromis à accepter pour se satisfaire du gameplay de Ghost of Tsushima. On finit par s’y faire, d’autant qu’il est grisant de trancher avec classe et efficacité, en quelques coups de sabre bien placés.
Autre point qui joue en faveur de Ghost of Tsushima, Sucker Punch a ajouté un mode multijoueur. Gratuit et baptisé Legends, il reprend le gameplay à son compte pour proposer des missions coopératives jusqu’à quatre. Il permet d’incarner l’une des quatre classes — samouraï, chasseur, ronin ou assassin — et de se plonger dans des décors plus fantastiques que l’aventure principale (déconnectée à 100 %). Il y a même la possibilité de participer à un raid au défi relevé, une fois que vous aurez suffisamment fait progresser votre personnage. N’hésitez pas à l’essayer avec des amis.
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