On ne pensait pas qu’un jeu comme Balan Wonderworld pouvait sortir en 2021. Édité par Square Enix et imaginé par l’un des pères de Sonic (Yuji Naka, pour les puristes), il prend la forme d’une expérience qui tourne parfois à la catastrophe, un immense fourre-tout paralysé par des mécaniques obscures appartenant au siècle dernier — une époque où Yuji Naja était une pointure du milieu. Par conséquent, on ne recommandera Balan Wonderworld à personne, quand bien même quelques-uns pourraient lui trouver un certain charme.
Graphismes quelconques (pour un jeu de 2021), problèmes de caméra, combats peu emballants, sauts approximatifs, manque d’explications claires, variété somme toute assez relative malgré la promesse initiale, allers/retours obligatoires… Les défauts s’accumulent pour Balan Wonderworld, qui bénéficie, fort heureusement, d’une démo jouable pour que les joueuses et les joueurs puissent se faire une idée. On conseillera de passer par cette case avant d’appuyer sur le bouton d’achat.
Un bouton pour 80 costumes
Balan Wonderworld est disponible depuis le 26 mars sur PC, PS4, PS5, Nintendo Switch, Xbox One et Xbox Series S/X.
Balan Wonderworld base son gameplay sur un seul et unique bouton. Par défaut, il est associé au saut. Pour varier les plaisirs, notre héros — ou notre héroïne — peut porter divers costumes liés à un pouvoir en particulier (planer, lancer un cube de glace, enflammer, écraser…). Il y en a 80 en tout et, avec un tel chiffre, il y a forcément quelques redondances. L’astuce consiste donc à enfiler le costume adapté aux différentes situations, sachant que vous ne pouvez en avoir que trois dans votre panoplie. En termes d’ergonomie, on n’y est pas du tout. Balan Wonderworld se serait moins perdu en cours de route avec une sélection plus restreinte et pertinente de vêtements à se mettre sur le dos. Cas pratique pour illustrer : toutes les tenues ne permettent pas de sauter à cause du seul bouton, ce qui pousse parfois à enchaîner les transformations. Il suffisait pourtant d’ajouter un bouton de saut — comme dans 99,9 % des jeux vidéo — pour éviter bien des désagréments et rendre la prise en main plus fluide et agréable. Elle n’est pas aidée non plus par une caméra rigide qui n’en fait qu’à sa tête, avec des placements souvent approximatifs (surtout dans les zones étroites).
Il faut en accepter des excentricités
Cette idée des dizaines de costumes différents est une excuse pour forcer à refaire les niveaux, afin de dénicher les statuettes nécessaires pour accéder aux douze chapitres que compte l’histoire (deux niveaux pour chaque chapitre). Le concept est intéressant, dans le sens où il demande de bien gérer sa garde-robe. En revanche, on ne comprend pas pourquoi Balan Wonderworld joue la carte du mystère concernant les différentes mécaniques qui le composent. Ce n’est par exemple qu’au bout de quelques heures que nous avons découvert qu’il était possible de modifier son set de costumes à chaque point de passage. Auparavant, il faudra s’être assuré de les avoir ramassés et stockés, parfois pour une seule situation dans tout le jeu… En somme, si Balan Wonderworld prône une simplicité d’approche (un seul bouton), il complique un peu trop les choses pour rien. D’où cette impression qu’il appartient à un passé un peu trop lointain pour plaire au plus grand nombre.
Entre deux niveaux, Balan Wonderworld nous envoie dans un hub où il est possible d’élever des petites créatures mignonnes — appelées les Tims. On peut les nourrir à l’aide de cristaux, obtenir des œufs et ériger une immense tour en les faisant travailler. Là encore, le flou est total sur ce qu’il est réellement possible de faire et, surtout, sur ce qu’il faut faire pour remplir les différents objectifs. On peut comprendre l’envie de Yuji Naka de ne pas rendre son jeu trop accessible. Mais encore faut-il que son projet soit suffisamment clair pour que la joueuse ou le joueur puisse s’y investir pleinement. À force de tâtonner, beaucoup de curieux finiront par lâcher l’affaire avant la fin. Et on les comprend.
Malgré ses nombreuses tares qui devraient le condamner et directement le plonger dans l’oubli, un on ne sait quoi accrocheur parcourt Balan Wonderworld. C’est peut-être cette quête addictive aux statuettes dans des décors remplis de secrets — comme les étoiles d’un jeu Mario. C’est peut-être cette direction artistique colorée et foutraque, qui ferait passer Alice et son Pays des merveilles pour des amateurs. Ou c’est peut-être cette bande-son susceptible d’en faire danser plus d’un sur son canapé.
À bien des égards, Balan Wonderworld est un jeu vidéo bizarre. Ses apparences sont trompeuses : s’il peut parfois ressembler à un dessin animé mignon, il est bien trop étrange, dans le sens creepy du terme, pour que les plus petits puissent profiter du spectacle. On s’interroge d’ailleurs sur le public visé par Balan Wonderworld tant il part dans tous les sens. Entre les séquences musicales, la poésie qui se dégage des scénettes, les mini-jeux sportifs (oui, oui) ou encore les phases de QTE répétitives, il faut en accepter des excentricités pour digérer ce Balan Wonderworld.
Le verdict
Balan Wonderworld
Voir la ficheOn a aimé
- Un côté enchanteur
- Les Tims sont mignons
- La bande-son
On a moins aimé
- La caméra
- Les limites du gameplay à un seul bouton
- Trop cryptique et creepy
Balan Wonderworld est un jeu vidéo bizarre qui demande beaucoup, beaucoup d’indulgence pour être apprécié. Il s’appuie sur un gameplay aux mécaniques un peu old-school, pas suffisamment expliquées pour que l’on puisse tout de suite l’apprécier à sa juste valeur. C’est aussi un immense fourre-tout imaginé par un créateur japonais dont on peine à lire les réelles intentions.
Vous l’aurez compris, Balan Wonderworld est peu recommandable. En 2021, il y a bien mieux à faire que de tenter de comprendre un jeu qui ne fait rien pour être plus accessible. On lui trouvera seulement ce petit côté charmant et enchanteur, capable d’attirer des joueurs un peu nostalgiques, sans doute fans de Sega.
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