Disponible sur PS4 depuis 2016, Uncharted 4: A Thief’s End a bien des qualités. Il est porté par des graphismes flamboyants, des panoramas inouïs, une narration au-dessus de lot, un gameplay satisfaisant et des séquences d’action époustouflantes. Mais étrangement, ce qui nous reste le plus en mémoire, des années plus tard, c’est un moment intimiste, break entre deux voyages haletants.
Dans Uncharted 4: A Thief’s End, le héros Nathan Drake a déjà bien roulé sa bosse. Il a parcouru le monde, à la recherche de trésors. Il a fait les 400 coups, au grand dam de l’amour de sa vie, qui aimerait le voir raccrocher une fois pour toutes. Et alors qu’il semble avoir troqué ses rêves d’aventurier pour un quotidien moribond, une nouvelle mission risquée se présente. Avant de s’y embarquer, il va s’octroyer une petite soirée de vie normale en compagnie d’Elena. L’opportunité pour lui de s’essayer à… Crash Bandicoot, un jeu vidéo paru sur la toute première PlayStation.
Naughty Dog chérit ces moments de calme avant la tempête
Uncharted 4: A Thief’s End est jouable sur PS5. Il est même offert aux abonnés PlayStation Plus. On le trouve aussi à moins de 20 euros.
Crash Bandicoot n’a pas été choisi au hasard. Avant d’être couronné de succès et abreuvé de louanges avec The Last of Us (et Uncharted, donc), Naughty Dog a développé les trois premiers opus de la saga Crash Bandicoot (revenue sur le devant de la scène grâce à Activision ces dernières années). Pour le studio, intégrer Crash Bandicoot dans Uncharted 4: A Thief’s End est une référence imposée, doublée d’un hommage à une époque révolue. Les développeurs sont allés jusqu’à modéliser la PlayStation dans le jeu — un comble quand on sait que les Uncharted restent des quêtes aux vieilles reliques. Nathan est d’ailleurs étonné de la lenteur avec laquelle le jeu se lance.
Bien évidemment, on ne peut pas jouer à l’intégralité de Crash Bandicoot dans Uncharted 4: A Thief’s End. Il s’agit d’une courte séquence de course-poursuite consistant à échapper à une grosse boule de pierre (avec la caméra placée devant le célèbre marsupial). Naughty a repris les graphismes et le gameplay d’origine (on contrôle la direction avec la croix directionnelle). Le niveau dure à peine plus d’une minute, mais cela suffit largement à nous offrir un grand shoot de nostalgie. D’autant que Crash Bandicoot: N. Sane Trilogy, trilogie remasterisée, n’était pas encore disponible quand Uncharted 4: A Thief’s End est sorti. Pour l’anecdote, Activision n’a pas manqué de faire jouer Crash Bandicoot et Coco Bandicoot à Uncharted, dans une vidéo promotionnelle diffusée sur Twitter — un sympathique clin d’œil.
Cette séquence, qui intervient lors du chapitre 4 intitulé ‘Une vie ordinaire’ (au bout d’un peu plus d’une heure de jeu), tranche avec le côté spectaculaire des Uncharted. Naughty Dog a conçu sa tétralogie comme des blockbusters hollywoodiens, jamais avares en sensations fortes aussi bien pour la joueuse ou le joueur que pour le héros qu’elle ou il incarne. Décomplexés, les Uncharted représentent le pinacle du divertissement vidéoludique : des expériences finalement assez dirigées et simples d’accès, mélangeant humour et action dans un cocktail classique mais maîtrisé de A à Z. Et comme nous en sommes au quatrième opus, on a appris à s’attacher à Nathan Drake, héros qu’on pourrait croire issu d’une idylle entre Lara Croft et Indiana Jones.
On pourrait penser que (re)jouer à un titre des années 90 dans une production ambitieuse des années 2010 n’a rien de profondément exaltant. En réalité, cette petite mise en abîme raconte beaucoup de choses. Elle est une parenthèse qui prouve que Naughty Dog maîtrise la narration à la perfection, n’hésitant jamais à faire souffler ses personnages constamment chahutés. Il ne s’agit pas de briser le rythme, plutôt d’offrir des respirations pour mieux souligner les moments forts. Cela fait des jeux de Naughty Dog de vraies montagnes russes, avec une tension qui, tour à tour, monte et descend. Ces quelques séquences plus intimes suscitent également l’empathie : Nathan Drake et Elena pourraient regretter cette partie de Crash Bandicoot si la suite tournait mal, et nous avec.
Naughty Dog est devenu maître dans l’art de matérialiser le calme avant la tempête. Dans The Last of Us Part II, Ellie, entre deux plongeons dans l’horreur, n’hésite pas à faire une pause à la vue d’une guitare. Le temps pour elle de poser quelques notes et de fredonner la chanson Take On Me (du groupe a-ha), en version acoustique. L’espace d’un instant, elle oublie qu’elle doit survivre à une horde de monstres effrayants. Elle oublie sa fuite. Elle oublie que, dehors, c’est l’apocalypse. Cet intermède musical est une bouffée d’air frais, dans un univers où rien n’est vraiment rose. Lui aussi nous implique davantage dans la quête de l’héroïne, qui reste un personnage avec ses doutes, ses émotions, ses fragilités et ses interrogations. Pour toutes ces raisons, jouer à Crash Bandicoot dans Uncharted 4: Thief’s End est un grand moment.
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