C’est ce vendredi 23 avril 2021 que Netflix lance sa nouvelle grosse production : Shadow & Bone. Très attendue, cette série est adaptée de la saga littéraire éponyme de Leight Bardugo (La saga Grisha, en français), au succès mondial. Cette adaptation est-elle une réussite, notamment pour celles et ceux qui découvrent cet univers via la série ? La réponse est un grand oui.
Le royaume de Ravka est déchiré en deux par le Fold, un épais brouillard ténébreux rempli de créatures maléfiques, dont la traversée est périlleuse. Alina fait partie, dans l’armée, d’un groupe de cartographes chargés d’accompagner des soldats (dont fait partie son meilleur ami, Mal), et d’appuyer les Grisha, des magiciens et des magiciennes qui disposent d’un don particulier dès leur naissance, révélé lors d’un test durant l’enfance. Lors de la traversée, Alina se retrouve mise à l’épreuve et son don unique se révèle pour la première : elle devient alors la Grisha la plus importante du royaume.
Une esthétique soignée
La grande réussite de Shadow & Bone est d’abord visuelle. La direction artistique est savamment travaillée, les effets spéciaux sont convaincants sans être surdosés, dans un cocktail qui réussit à émerveiller régulièrement nos yeux. Et ce n’est pas là une vulgaire question de budget, mais plutôt de créativité et de minutie : les décors, costumes, véhicules, monstres et autres éléments sont élaborés avec soin. La photographie nous offre des plans séquences sublimes.
Il en résulte que l’esthétique de Shadow & Bone est tout bonnement belle à souhait, si ce n’est époustouflant de réalisme par moments : on y croit — à condition d’accrocher, bien évidemment. Certains plans séquences sont assez proches de ce que l’on pourrait retrouver dans une série historique particulièrement léchée, ce qui renforce la crédibilité d’un univers déjà bien construit.
Le voyage est éblouissant
Comme toute bonne œuvre de Fantasy, Shadow & Bone est un voyage au cœur d’un autre monde, avec ses propres codes, sa propre géographie, ses propres « factions » humaines. On pourrait décrire cet univers-ci par une sorte de mélange entre la Russie des tsars et du steampunk de l’ère victorienne. S’ajoute un système de magie, décrit d’ailleurs par l’un des personnages comme s’apparentant davantage à de la science, ou du moins de la « petite science » qui s’imbrique avec l’ensemble de la matière physique.
Malgré un premier épisode où l’on tâtonne quelque peu pour trouver des repères auxquels s’accrocher, Shadow & Bone parvient à proposer un monde bien construit, tout en évitant l’écueil de nous noyer dans un worldbuilding interminable. Dès le milieu de l’épisode 2, les trajectoires des personnages sont installées, la répartition sociale et politique est comprise, les objectifs sont définis, la cartographie est claire, l’atmosphère est posée. Dès lors, la principale qualité narrative de la série est que l’on se prend au jeu de cet univers et de ses défis. C’est alors une évasion des plus plaisantes.
Si Shadow & Bone repose certes sur certains archétypes du registre young adult (la jeune élue détestée de beaucoup d’autres, les castes de magiciens, l’histoire d’amitié proche de l’amour…), elle parvient malgré tout à se distinguer des œuvres trop formatées du genre, happant notre intérêt de manière renouvelée.
L’esthétique, que nous avons déjà évoquée, n’y est pas pour rien, mais cela provient aussi de personnages dont le destin nous importe : chacun et chacune prend rapidement une place dans notre cœur, d’autant plus que chaque protagoniste apporte une touche très personnelle à l’atmosphère de la série. L’héroïne, Alina, est touchante, et l’interprétation de l’actrice suscite l’empathie. Mais il faut également relever toute l’importance du personnage d’Inej, la plus humainement complexe d’entre tous, et du général Kerrigan, mystérieux et hypnotisant à chaque apparition par sa façon de manier la magie et les mots, de décrire sa vision du monde.
Qui plus est, sous ses airs de blockbuster télévisuel, la série n’est pas exempte de poésie : lorsque Alina rêve de la légende du cerf, qu’elle use de son lumineux pouvoir, et à d’autres moments de l’aventure, il se dégage un onirisme envoutant. Shadow & Bone accomplit sa promesse sans trop de failles en nous proposant une évasion dans un ailleurs avec ses merveilles et ses dangers au fil d’une épopée aussi belle que captivante.
Shadow & Bone : la saga Grisha, saison 1, sur Netflix depuis le 23 avril 2021.
Le verdict
Shadow and Bone
Voir la ficheOn a aimé
- Une esthétique très travaillée
- Une bande musicale tout aussi magique
- Des personnages attachants (et pas seulement l’héroïne : mention spéciale à Inej et au général)
- Une vraie évasion, surtout fraiche, mais parfois poétique
On a moins aimé
- Une introduction, lors de l’épisode 1, un peu tâtonnante
Shadow & Bone est une réussite. Esthétiquement sublime, bien menée, construite sur des personnages dont l’on veut connaitre le destin, l’adaptation de Netflix est une épopée revigorante. La direction artistique offre des plans proches de ce que l’on trouve dans certaines séries historiques. Shadow & Bone reste archétypale sur certains aspects — notamment les tropes young adult — ce qui empêchera peut-être certaines personnes d’accrocher. L’adaptation tire cependant très largement son épingle du jeu, et parvient même à proposer quelques instants de poésie. Résultat, on en redemande, en attendant impatiemment la nouvelle saison… et avec une sacrée envie d’ouvrir les livres de Leight Bardugo d’ici là.
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