Enfin ! Les salles de cinéma rouvrent à partir du 19 mai et les spectateurs français vont pouvoir découvrir le film phénomène qui a battu tous les records au Japon et ailleurs : Demon Slayer, le train de l’infini.

Demon Slayer, ou Kimetsu no Yaiba en version originale, est à la base un manga né sous la plume d’une jeune trentenaire : Koyoharu Gotôge. Grande fan de shônen et de Berserk, la mangaka fait partie de cette nouvelle génération de surdoués qui a pris la relève des Masashi Kishimoto (Naruto) et Tite Kubo (Bleach). Parmi eux, Gege Akutami (Jujutsu Kaisen), Hajime Isayama (L’Attaque des Titans), Kôhei Horikoshi (My Hero Academia) ou Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man). Mais celle dont l’œuvre a explosé tous les records, c’est bien Gotôge-sensei !

En seulement 5 ans, le manga s’est vendu à plus de 150 millions d’exemplaires. C’est certes moins que des classiques comme One Piece, Dragon Ball ou Naruto. Mais sur une aussi courte durée, c’est un exploit. Depuis 2019, Demon Slayer domine les ventes et s’est offert le luxe de passer devant One Piece qui dominait le classement annuel depuis 12 ans. Rien qu’en 2020, il s’est vendu 82 millions de tomes. Tout simplement extraordinaire. L’œuvre de la mangaka est ainsi devenue un authentique phénomène culturel, qui aujourd’hui dépasse les frontières du Japon.

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©Koyoharu Gotouge / SHUEISHA, Aniplex, ufotable

Success Story

Le Japon sous l’ère Taishô. Depuis la mort de son père, le jeune Tanjirô travaille durement pour subvenir aux besoin de sa famille. Mais un soir en rentrant, le jeune garçon découvre avec effroi le massacre des siens. Seule sa sœur, Nezuko, a survécu mais elle est désormais devenue un démon. Ces créatures nocturnes et assoiffées de sang se nourrissent de chair. Toutefois, la jeune fille semble avoir gardé son humanité. Tanjirô pense qu’il y a un espoir d’inverser le processus et qu’elle retrouve son apparence d’origine. Ils décident alors de partir à l’aventure pour en apprendre plus sur ces mystérieux démons…

Comment expliquer un tel engouement ? La principale raison est le lancement en 2019 d’une série animée transposant les 6 premiers tomes du manga (sur 23). Produit par le studio ufotable (Fate/Zero), l’animé s’est rapidement distingué du tout-venant par sa réalisation cinématographique (le fameux épisode 19), tout en proposant une adaptation qui sublime le format d’origine. À l’instar de hits du genre tels que Fullmetal Alchemist ou L’Attaque des Titans, Demon Slayer est devenu instantanément culte, propulsant ainsi l’œuvre de Koyoharu Gotôge à la cime des ventes.

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©Koyoharu Gotouge / SHUEISHA, Aniplex, ufotable

Toutefois, la série ne fut qu’un élément déclencheur de son succès. Évidemment, ce qui a passionné les lecteurs, ce sont les aventures de Tanjirô et de sa sœur Nezuko dans ce Japon à l’aube du 20ème siècle peuplé de démons mangeurs d’hommes. Des rencontres avec le trouillard Zen’itsu, le rustre Inosuke et bien sûr, les plus puissants pourfendeurs de démons : les fameux « Piliers ». L’histoire et les péripéties que la mangaka met en page sont conventionnelles avec des héros qui combattent des démons et s’entraînent durement pour affronter d’autres ennemis toujours plus forts. En revanche, Koyoharu Gotôge n’hésite pas à casser certains codes du shônen, ce qui lui a permis de trouver un public très large. Notamment la gente féminine, qui n’est pourtant pas habituellement la cible première de ce genre d’histoires.

Demon Slayer se différencie des autres shônen sur de nombreux points. L’auteure apporte une certaine sensibilité. Ce qui l’intéresse de prime abord, c’est la détermination de Tanjirô pour sauver sa sœur. Contrairement à un Eren Jäger, sa motivation n’est pas nourrit par la vengeance, mais par un amour fraternel absolu. Le jeune homme n’a pas le temps de faire son deuil et concentre toute son énergie et son souffle à sa quête. Demon Slayer évoque ainsi une autre grande œuvre née de la main d’une femme : Fullmetal Alchemist d’Hiromu Arakawa.

Au fur et à mesure des missions qui lui sont allouées, Tanjirô va se rendre compte que les démons étaient auparavant des humains. Koyoharu Gotôge met l’accent sur ce point et chaque arc ne se résume pas à une succession d’affrontements. Elle fait de ces meurtriers, des âmes en peine qui n’attendent en réalité qu’une libération. Tanjirô agit alors davantage par compassion, que par haine. La mangaka idolâtre clairement son héros principal et trouve un parfait équilibre entre fragilité et maturité. C’est sûrement l’une des raisons du succès de Demon Slayer : un mélange parfait entre action et émotion, le tout baigné dans une ambiance digne d’un film d’horreur.

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©Koyoharu Gotouge / SHUEISHA, Aniplex, ufotable

Allumer le feu

L’annonce d’un long-métrage après la fin de la diffusion de la série (première saison désormais) fit l’effet d’une bombe. La plupart des adaptations de shônen à succès ont eu droit à un passage sur grand écran, mais pour des stand-alone sans lien direct avec l’intrigue principale. Le studio ufotable tente pourtant un coup marketing de génie en faisant de ce film la suite de la série (à l’instar du long-métrage Made in Abyss sorti aussi en 2020).

Le Train de l’infini a ainsi battu tous les records lors de sa sortie en octobre dernier et il cumule à ce jour près de 29 millions de spectateurs au Japon. Les recettes mondiales s’élèvent à près d’un demi-milliard de dollars. Sorti depuis le mois d’avril aux USA, le film vient de dépasser les 40 millions de dollars au box-office. Un exploit pour un film d’animation japonais classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagné par un adulte), même si le titre est très populaire là-bas depuis la diffusion de la première saison sur Netflix.

Aujourd’hui c’est en France que le train va défiler à toute allure. Un pays trop longtemps privé de ses salles et dont les spectateurs attendaient avec impatience de découvrir cette suite. Si bien qu’à l’ouverture des préventes au Grand Rex à Paris, le site web des réservations est tombé en panne devant cette forte affluence. Couvrant les tomes 7 et 8 du manga, Le Train de l’infini met nos héros aux prises avec Enmu, l’une des 12 Lunes Démoniaques capable de manipuler les rêves.

Outre son étonnant cadre sous forme d’un huis-clos toujours en mouvement, cet arc est l’occasion de mettre en valeur l’un des Piliers. En l’occurrence, celui de la Flamme, brièvement entraperçu dans la série : Kyôjurô Rengoku. C’est bien évidemment la star du film, même si son temps de présence à l’écran s’avère au final assez court. En effet, Tanjirô est très largement mis en avant, notamment durant toute la première moitié assez poussive où notre héros doit combattre ses propres démons intérieurs.

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©Koyoharu Gotouge / SHUEISHA, Aniplex, ufotable

Ainsi, on regrettera que Zen’itsu et Inosuke continent de jouer les faire-valoir comiques, au lieu d’être des personnages de premiers plans. Toutefois, la séquence de rêve d’Inosuke est à mourir de rire. Alors que le spectateur s’apprêtait à rejoindre Morphée aux côté de nos héros, Le Train de l’Infini laisse enfin place à l’action dans sa seconde partie. Les promesses d’un « blockbuster » d’animation sont alors tenues avec une impression de danger perpétuel dans le train et de spectaculaires affrontements. Le film se paye même le luxe d’un double climax et surtout d’une dernière demi-heure riche en émotions.

L’histoire est donc loin d’être encore terminée, d’autant plus que Tanjirô a désormais conscience de la différence de niveau qui le sépare des Piliers et des Lunes Supérieures. Demon Slayer reviendra sur petit écran à l’automne prochain pour une deuxième saison. Et sûrement ensuite pour une troisième et ultime saison. Reste à voir sous quel format. Pourquoi pas une trilogie à la manière de Fate/stay night du même studio pour la bataille finale ?

La première saison est disponible chez Wakanim (VF et VOSTF)

Le manga est disponible chez Panini

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