« Toujours très heureux d’apprendre, par voie de presse, que ‘Seasons after Fall’ fait partie des jeux accessibles grâce au Pass Culture », déplore William David dans un tweet publié le 25 mai. Le co-fondateur du studio Swing Swing Submarine, qui a développé le jeu vidéo cité, se permet même une pointe de sarcasme : « Je pense m’offrir un grand bol de rien avec l’argent perçu ». Selon nos informations, ni le studio ni l’éditeur — Focus Home Interactive — n’ont été mis au courant de l’intégration de Seasons after Fall dans le Pass Culture — une enveloppe de 300 euros qui, comme son nom l’indique, permet aux jeunes d’accéder à différentes offres culturelles.
Y a-t-il un problème de violation de copyright dans cette affaire ? Pas du tout. En réalité, Seasons after Fall est disponible dans le Pass Culture via la plateforme de cloud gaming Blacknut. Cette entreprise, qui dispose des droits de distribution, soutient l’initiative du gouvernement qui n’a aucunement l’intention de voler des produits culturels pour les proposer au public visé. Pour preuve, Ubisoft, qui propose Steep dans le Pass Culture, a confirmé à Numerama qu’il avait bien donné son accord. « Nous avions bien donné notre accord », nous a également indiqué DoWiNo, qui fournit A Blind Legend.
Un jeu vidéo dans le Pass Culture sans accord du créateur ? C’est possible
Seasons after Fall est un jeu de plateforme en 2D dans lequel on incarne un renard capable d’agir sur le cycle des saisons.
« Comprenez que le jeu n’a pas été volé par le Pass Culture. C’est soit l’éditeur du jeu (Focus) soit un partenaire de l’éditeur (Blacknut ?) qui a fait entrer légalement le jeu dans le Pass Culture » précise d’ailleurs William David dans un autre tweet. Joint par Numerama, l’intéressé ajoute : « Par le jeu des contrats d’édition et de partenariats, un jeu peut se retrouver dans le Pass Culture sans que ses auteurs n’en soient avisés. » On notera que les droits de la licence Seasons after Fall sont répartis à 50/50 entre le développeur — Swing Swing Submarine — et l’éditeur — Focus Home Interactive.
https://twitter.com/DarkNemo/status/1397130833375469571
Il convient de rappeler que les jeux vidéo acquis via le Pass Culture ne rapportent pas d’argent à ceux qui en sont à l’origine. « Cela apporte de la visibilité et c’est une manière de soutenir une initiative intéressante », précise DoWiNo à ce sujet. Les conditions d’éligibilité, fixées par le ministère de la culture, sont très strictes : format numérique uniquement, maison d’édition française et contenu ni violent ni à caractère pornographique (ce qui exclut des productions comme Assassin’s Creed). Elles sont assez proches de celles permettant aux créateurs de jeux vidéo de prétendre à un crédit d’impôt.
Le message de William David rappelle que les créateurs peuvent vite se retrouver un peu dépassés par les accords tiers et, par ricochet, se retrouver dans des situations embarrassantes sans réel coupable à designer. « Ce qui m’embête c’est que je n’ai pas eu mon mot à dire alors que ça touche au politique », soulève-t-il.
Dans tous les cas, il ne pourra pas en vouloir à Blacknut, qui dispose de tous les droits nécessaires à la distribution des jeux vidéo inscrit dans son catalogue (par l’intermédiaire du Pass Culture, entre autres). La plateforme de cloud gaming nous a assuré qu’elle agit dans son bon droit et qu’elle ne fait pas n’importe quoi avec la propriété intellectuelle. Nabil Laredj, VP licensing chez Blacknut, rassure : « L’ambition de Blacknut est de pouvoir démocratiser l’accès au jeu vidéo au plus grand nombre. Nous avons en particulier à cœur de mettre en avant le savoir-faire et la qualité des créateurs de jeux vidéo indépendants et de les faire découvrir à un très large public. Nous avons donc tout naturellement noué des partenariats avec de nombreux studios et éditeurs, en France et à travers le monde, afin de pouvoir distribuer leurs jeux sur la plateforme Blacknut. » La participation au Pass Culture apparaît dès lors comme le prolongement naturel de cette ambition.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !