Le mercredi 9 juin, les fans du Marvel Cinematic Universe (MCU) ont rendez-vous avec Loki, nouvelle série diffusée sur Disney+, centrée sur le célèbre anti-héros incarné par Tom Hiddleston dans la trilogie Thor (et trois des quatre films Avengers). Après WandaVision et son intrigue tout à la fois surprenante et touchante, et Captain Falcon et le Soldat de l’Hiver, dénonciation — divertissante — du racisme, on se demandait ce qui pouvait bien nourrir Loki. Après avoir vu les deux premiers épisodes en avant-première, nous avons désormais un bref aperçu des tenants et aboutissants d’un récit très étrange.
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Loki s’apparente à un double baptême pour le Marvel Cinematic Universe. C’est la première série centrée sur un « méchant », quand bien même la personnalité complexe du Dieu de la Malice brouille souvent les pistes. C’est aussi la première création centrée sur un héros queer, en espérant que Disney et Marvel traitent le sujet avec intelligence (si, toutefois, ils décident de le traiter). Au-delà du discours marketing qui découle de ces deux premières, Loki semble bien parti pour arpenter un genre inédit au sein de l’édifice du MCU : celui du… thriller. Imprévisible.
Cette critique est garantie sans aucun spoiler sur la série, mais évoque certains éléments cruciaux vus dans les longs métrages.
Loki doit beaucoup à son personnage
La série impose un retour en arrière évident : Loki, en quête de rédemption, est censé avoir été assassiné par Thanos au tout début d’Avengers: Infinity War. Les scénaristes ont néanmoins trouvé une astuce pour le faire renaître : à l’occasion d’un voyage dans le passé observé dans Avengers: Endgame, le Loki de la bataille de New York (qui se déroule dans Avengers, premier du nom) parvient à s’échapper grâce au Tesseract — oui, c’est compliqué.
S’en suit une faille temporelle qui sert de point de départ à la série, articulée autour d’un bureau justement chargé de veiller à ce que la chronologie des événements suive son cours sans anicroche. Auréolé du statut de Variant (car il est sorti des rails), Loki se retrouve embrigadé dans une enquête ciblant un autre Variant désireux de semer la zizanie dans l’unité de temps.
On retrouve donc d’abord le Loki qui n’a qu’une seule chose en tête : régner et se délecter de son pouvoir. Soit le Loki vilain, celui dont on doute des intentions réelles, celui qui n’a pas encore perdu sa mère (rappel : elle meurt dans Thor : Le Monde des Ténèbres, qui se passe après Avengers), celui qui n’a pas encore fait la paix avec Thor. Les premières minutes de la série rappellent d’ailleurs parfois Thor: Ragnarok dans le ton, avec une autodérision qui fait lâcher quelques sourires. Le charme insolent de Tom Hiddleston fait le reste : armé de son rictus arrogant, il cabotine comme on aime dans sa redingote de détective improvisé, et trouve en Owen Wilson un partenaire de jeu idéal. À défaut de remplacer Thor dans son cœur, le personnage prénommé Mobius offre du répondant à Loki. Leurs échanges sont savoureux.
Les scénaristes de Loki étirent volontairement les dialogues pour mettre au maximum l’anti-héros face à ses responsabilités, nuançant toujours plus sa personnalité alambiquée. L’occasion pour la spectatrice et le spectateur de naviguer sans cesse entre le comique de situation (dans ce bureau gardien du temps, les Pierres d’Infinité ne sont que de vulgaires babioles), l’analyse psychologique du cas Loki et les phases d’investigation qui irriguent une intrigue sombre (qui est vraiment ce Variant aux faux airs de serial-killer ?).
Le rythme en pâtit, puisque tous les éléments doivent se mettre en place, mais on se délecte du comportement toujours très aléatoire de Loki. C’est son imprévisibilité qui conditionne la réussite d’un contenu qui peut s’autoriser à partir dans tous les sens, étant donné qu’il est questions d’arcs parallèles. Tous ces possibles préfigurent une série chaotique qui pourrait tomber dans le too much à n’importe quel moment. Telle une cocotte-minute prête à imploser.
Dans tous les cas, Loki prouve que le format série permet à Disney et à Marvel de prendre le temps de mieux expliquer et de mieux traiter cette notion de voyages temporels. Un point qui pouvait faire grincer des dents dans Avengers: Endgame — dont le scénario faisait un peu ce qu’il voulait de la notion de causalité dans la manipulation des événements antérieurs. Sous ses airs de joyeux barnum, Loki pourrait bien ramener un peu d’ordre sur l’échiquier. Et c’était tout autant imprévisible.
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