En 2001 débarquait sur PlayStation 2, Xbox et GameCube le jeu vidéo baptisé Baldur’s Gate: Dark Alliance. Je garde encore de bons souvenirs de cette expérience qui ressemblait à s’y méprendre à un Diablo, c’est-à-dire un jeu ouvertement orienté vers l’action, l’univers faisant le reste (il était tiré de la franchise culte Donjons & Dragons). Même mon père, qui ne jurait pourtant que par PES et FIFA, s’était laissé prendre au jeu — une preuve que Baldur’s Gate: Dark Alliance était adapté à un public large. Son succès d’estime lui a même permis d’avoir une suite, sobrement baptisée Baldur’s Gate: Dark Alliance II.
En 2021, un nouveau Dark Alliance sort. S’il partage l’univers du jeu original, force est de reconnaître qu’il risque d’entacher la nostalgie liée à l’opus paru 20 ans plus tôt. Disponible dès son lancement sur le Xbox Game Pass (ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le service de Microsoft), Dungeons & Dragons : Dark Alliance — de son nom complet — est une production qu’on ne conseillera à personne. Surtout pas aux amateurs de jeux de rôle qui ne jurent que par Donjons & Dragons. La marque mérite mieux qu’une adaptation opportuniste aux finitions plus que discutables.
Le nouveau Dark Alliance est un véritable enfer
Contrairement à Baldur’s Gate: Dark Alliance, Dungeons & Dragons: Dark Alliance ne peut pas être comparé à un Diablo. On le rapprochera plus volontiers d’un Dark Souls, dans le sens où il prend la forme d’un RPG d’action en vue à la troisième personne, avec des attaques attribuées aux boutons situés sur la tranche de la manette. Le rapprochement avec la licence de From Software s’arrêtera là : on ne retrouve ni l’exigence qui a fait sa réputation, encore moins ce gameplay méticuleux, pensé pour répondre aux obstacles. Beaucoup moins intelligent, dans le fond comme dans la forme (on pense aux dialogues), Dungeons & Dragons: Dark Alliance est un jeu cassé de partout, dont les rouages mal agencés apparaissent dès les premières secondes — malgré de belles cinématiques.
Une lisibilité chaotique
L’inventaire de tout ce qui ne va pas dans Dungeons & Dragons: Dark Alliance est aussi long que les règles du jeu de rôle dont il est tiré. On pourra d’abord déplorer ses animations d’une rigidité d’un autre temps, qui ne sont jamais aidées par des mouvements à la précision douteuse (les sauts sont toujours hésitants). Le résultat est une prise en main approximative, aboutissant à des mouvements qu’on peine à maîtriser. Il faut aussi composer avec une caméra qui nourrit une passion pour les placements hasardeux. Ajoutez-y un ciblage des ennemis très laxiste et vous obtenez une lisibilité chaotique. On ne sait pas toujours sur qui on tape et, pire, on a souvent du mal à évaluer d’où viennent les différentes menaces.
Par chance, les ennemis font preuve d’une passivité effarante, en raison d’une intelligence artificielle qui ne convainc pas du tout. Ils donnent l’impression d’attendre la mort et mettent un temps fou à riposter — pour peu qu’ils en aient l’occasion. Par conséquent, les combats, censés être le cœur et les poumons de Dungeons & Dragons: Dark Alliance, sont dysfonctionnels et donnent envie de lâcher la manette après avoir tapé sur deux ou trois Gobelins n’opposant aucune résistance (sauf à choisir une difficulté supérieure, sachant que les différents paliers sont mal équilibrés). Il paraît qu’on peut partager ce calvaire à plusieurs, mais très franchement, on n’inviterait même pas notre pire ennemi à une partie.
Dungeons & Dragons: Dark Alliance offre la possibilité d’incarner quatre héros différents, avec leurs caractéristiques propres. Il y a par exemple Drizzt Do’Urden, un elfe noir qui peut s’apparenter à une égérie au sein de l’univers D&D (Les Royaumes oubliés). Ici, il perd toute l’étendue de son charisme à cause d’une modélisation ratée (elle manque cruellement de finesse). Peu aidé par un gameplay qui n’est absolument pas grisant et des graphismes quelconques (sur Xbox Series X), le casting se noie aussi dans une progression trop lente pour motiver. Je n’ai atteint le niveau 5 qu’après avoir achevé les six premiers actes (trois par mission). Il n’y a guère que la quête du butin pour se faire un peu violence, sachant qu’on ne peut en changer qu’entre les missions. Les plus courageux iront peut-être jusqu’à tenter de rassembler toutes les pièces d’équipement d’un même ensemble.
Et que dire de la structure même du jeu ? Dungeons & Dragons: Dark Alliance ne prend même pas la peine de promettre un monde ouvert. On se retrouve alors avec un hub d’un vide abyssal, à partir duquel on peut choisir un objectif à remplir. Les environnements mélangent couloirs et arènes sans réelle inspiration artistique (tout finit par se ressembler), ni volonté de bousculer la joueuse ou le joueur avec des zones secrètes intéressantes à explorer. Tout juste pourra-t-on compter sur quelques quêtes annexes (par exemple, tuer un mini boss optionnel). On a connu plus exaltant.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !