On peut très souvent critiquer les jeux vidéo pour leur histoire, qui n’est généralement qu’un prétexte, l’intérêt se trouvant du côté du gameplay et des sensations qu’il procure. Il y a ceux qui ne cherchent même pas à raconter quoi que ce soit, quand d’autres misent justement sur leur narration pour convaincre. Scarlet Nexus, disponible depuis le 25 juin sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X et PC, essaie de mélanger les deux — jusqu’à tomber dans l’excès.
J’ai consacré une bonne dizaine d’heures de ma vie à Scarlet Nexus. Pourtant, après quelques minutes, j’avais déjà envie de poser la manette en raison d’un point qui me semble très frustrant : ce jeu, édité par Bandai Namco, parle beaucoup trop. On peut défendre cette idée de vouloir construire un univers riche et cohérent, peuplé de personnages bien creusés (c’est le cas). Mais encore faut-il trouver un juste équilibre pour que cela n’ait pas d’impact sur l’action. Sur ce point, Scarlet Nexus fait fausse note.
Un océan de dialogues souvent insipides
Scarlet Nexus prend la forme d’un manga dont on serait le héros, sachant qu’on a le choix entre deux personnages au début (un garçon ou une fille, chacun ayant son propre passé, malgré un objectif commun). Bandai Namco imagine un monde futuriste où l’humanité vit sous la menace des Autres — des créatures immondes, au design bien pensé. Pour l’affronter, une unité d’élite — la BEA (Brigade d’Extermination des Autres) — a été créée, composée de soldats dotés de pouvoirs. Charge alors à la joueuse ou au joueur d’incarner l’une des deux nouvelles recrues — Yuito Sumeragi et Kasane Randall, lesquels sont capables de faire virevolter des objets à distance.
On finit par traverser encore et toujours les mêmes décors
Les bases de Scarlet Nexus sont solides, et suffisamment approfondies pour accoucher de rebondissements captivants (on ne vous spoilera rien). En revanche, les scénaristes sont allés un peu trop loin en matière de cinématiques, qui ne sont pas aidées par une mise en scène quelconque. Il y a en a tellement qui s’enchaînent, que le rythme des combats s’en retrouve brisé. C’est un vrai souci, surtout quand les personnages, si charismatiques soient-ils, parlent pour ne rien dire. Bien sûr, les amatrices et amateurs de productions purement japonaises apprécieront toutes ces petites séquences annexes où les héros discutent de la pluie et du beau temps. Mais Scarlet Nexus ne vous réconciliera pas avec le genre si vous y êtes réfractaire. Il en est un représentant zélé.
L’autre défaut de Scarlet Nexus tient dans sa structure qui n’invite jamais à l’exploration. Pire, on se surprend à traverser encore et toujours les mêmes décors, généralement composés de couloirs étroits et de zones plus étendues pour que les rixes puissent se réaliser de manière épique. En raison de ce manque d’inspiration dans les environnements, l’expérience devient très dirigiste : on suit les chapitres, entrecoupés d’interludes pensés pour améliorer les relations entre les membres de la BEA (ces fameux moments où ils parlent beaucoup trop).
Un gameplay noyé
Si on finit par passer les cinématiques (oui, on peut et, oui, on l’a fait à plusieurs reprises), c’est parce que les combats de Scarlet Nexus constituent sa plus brillante réussite. Les développeurs ont conçu un gameplay intelligent, qui continue d’évoluer tout au long de l’aventure (même au bout de dix heures, il y a encore des évolutions). Le fait de pouvoir jeter des objets sur les monstres, en plus des coups classiques, est très jouissif. Le mix fonctionne très bien et, mieux, demande de faire les bons choix, en fonction des ennemis, pour ne pas tomber dans la simplicité. On deviendrait alors trop puissant pour nos adversaires.
À noter que Yuito Sumeragi et Kasane Randall ont accès aux compétences spéciales de leurs alliés — contrôlés par l’intelligence artificielle. Et, après avoir gagné suffisamment de niveaux, on peut les combiner. Il sera par exemple possible de devenir invisible pour surprendre un ennemi et lui faire baisser copieusement sa garde, avant de l’achever en deux temps, trois mouvements. On pourra aussi infuser ses attaques avec de l’électricité, jusqu’à assommer les Autres pour mieux les terminer sans qu’ils ne puissent riposter. Si cet arsenal ne suffit pas, on entrera alors dans une sorte de transe pour déchaîner une pluie de dégâts pendant un court laps de temps.
Les options offensives comme défensives se révèlent nombreuses et variées, avec une marge de progression hautement appréciable. Il suffit de jeter un œil à l’arbre de compétences pour se rendre compte à quel point Scarlet Nexus ne cède jamais à la facilité. Appelé la Carte Cérébrale, il est composé de plusieurs racines qui finissent par se recouper, ce qui permet de vraiment personnaliser Yuito Sumeragi ou Kasane Randall. Certains mouvements à débloquer sont basiques (double saut) quand d’autres complexifient un peu plus l’arsenal mis à disposition (association de pouvoirs, par exemple). À cela s’ajoutent les liens au sein du casting : plus ils sont renforcés, mieux c’est.
Ce gameplay riche impose nécessairement une période d’apprentissage, dans le but de maîtriser tout ce qu’il a à nous offrir. À l’arrivée, il y a quelque chose de profondément gratifiant à surmonter tous les obstacles envoyés par l’intrigue, qu’on décide de suivre ou non. Passés des débuts hésitants, on se sent de plus en plus puissant et capable de renverser des montagnes, ce qui en dit beaucoup sur ce qu’est parvenu à faire Bandai Namco. Le résultat, manette en main, est en tout cas beaucoup plus cohérent que celui proposé par Code Vein — signé du même producteur. On aimerait simplement que la forme soit au diapason.
Le verdict
Scarlet Nexus
Voir la ficheOn a aimé
- Gameplay riche et grisant
- Univers pas inintéressant
- Généreux
On a moins aimé
- Trop de dialogues
- Trop de cinématiques
- Des couloirs, des couloirs et encore des couloirs
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