Agiter son bras devant son téléviseur pour manier l’épée de Link était la promesse de The Legend of Zelda: Skyward Sword, paru sur Wii en novembre 2011 — à l’époque où le motion gaming constituait encore une vraie promesse sur le marché des jeux vidéo. Mais ce n’est pas la vie que j’ai décidé de mener en jouant à The Legend of Zelda: Skyward Sword HD. Cette nouvelle version, disponible à compter du 16 juillet 2021 sur Nintendo Switch, offre le choix entre les contrôles originaux — grâce au gyroscope intégré aux Joy-Con — et une ergonomie plus traditionnelle (et inédite, donc, pour ce Zelda).
Et on sent bien que The Legend of Zelda: Skyward Sword HD assume cette fibre motion gaming et son attachement à la Wiimote (qu’on appelle Joy-Con aujourd’hui), imposant des concessions à celles et ceux qui n’auront jamais envie de gesticuler sur leur canapé (ou auront envie de jouer en mode portable). Loin d’être le plus apprécié de la saga, The Legend of Zelda: Skyward Sword est ce petit plongeon dans le passé qui contient des limites qui ont été balayées, d’un revers de la main et avec brio, par The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Il sait aussi être un Zelda formidable, grâce à ses donjons très malins. Bref, c’est un épisode ambivalent, qui l’est encore plus en 2021.
On se rappelle pourquoi le motion gaming n’est pas une si bonne idée
Mes premières minutes avec The Legend of Zelda: Skyward Sword HD ne furent pas de tout repos. Armé de ma Switch en mode portable, j’ai d’abord constaté, avec étonnement, que la caméra avait du mal à suivre Link et que je ne pouvais pas la gérer manuellement. J’ai ensuite compris qu’il était bien possible d’ajuster l’angle en restant constamment appuyé sur le bouton gauche, situé sur la tranche. Pour avoir le contrôle de la caméra en jouant uniquement sur l’inclinaison du stick, il est nécessaire de passer en mode motion gaming — chose que j’étais prêt à accepter jusqu’au premier passage dans les airs, où je n’ai jamais su manier correctement l’oiseau qui me sert de monture. Pour apprécier The Legend of Zelda: Skyward Sword HD, il faut alors accepter les travers d’une expérience qui n’a jamais été pensée pour une manette classique. J’ai fini par m’y faire, non sans frustration.
Une expérience qui n’a jamais été pensée pour une manette classique
S’il est impossible de manier la caméra avec le stick droit, c’est tout simplement parce qu’il est naturellement attribué aux coups donnés par l’arme de Link. The Legend of Zelda: Skyward Sword avait la volonté de renforcer l’immersion de la joueuse ou du joueur en transformant la Wiimote de la Wii en véritable épée. Quelques années plus tôt, Nintendo avait même commercialisé un accessoire — baptisé Wii Motion Plus et obligatoire pour ce Zelda — afin d’améliorer la précision avec laquelle on pouvait balancer le bras pour porter des attaques dans de multiples directions (on s’y croit vraiment). Pour adapter ce choix de game design à un schéma de contrôle classique, la firme nippone n’était pas en mesure de faire autrement : le stick droit, normalement réservé à la caméra, remplace le bras et permet de se défendre. Ce n’est pas du tout intuitif.
De fait, alors qu’il a échoué à faire du motion gaming une alternative durable (le présent nous donne raison, puisque cette technologie est désormais réservée à quelques interactions sommaires), The Legend of Zelda: Skyward Sword n’est pas non plus 100 % adapté à une ergonomie plus courante. C’est un constat d’échec pour Nintendo et on en paie le prix fort : certaines mécaniques sont plus agréables avec le motion gaming (quand il faut être précis avec son épée) mais, parfois, on préfèrera jouer sans la reconnaissance de mouvements. Nos nombreuses heures passées sur le jeu n’auront été qu’un jeu d’équilibre entre les deux propositions. Nous voilà dans une impasse, avec l’incapacité d’en privilégier une plutôt que l’autre.
The Legend of Zelda: Skyward Sword HD reste un excellent Zelda
Attention, The Legend of Zelda: Skyward Sword HD est loin d’être un jeu facile. Il y a les puzzles à résoudre, mais aussi les combats qui demandent un peu de doigté. En prime, les moyens de se soigner se font assez rares.
Au-delà de cette prise en main appartenant à une époque révolue, on peut aussi reprocher à The Legend of Zelda: Skyward Sword HD ses premières heures fastidieuses. Considéré comme le prologue de la saga (il raconte les origines de l’épée légendaire, réservée à un élu), il a d’abord tendance à se perdre dans des dialogues qui peuvent assommer. C’est d’autant plus vrai que Link est assisté de Fay — un esprit très bavard qui adore passer son temps à partager des commentaires plus ou moins utiles. D’une manière plus générale, les nombreux personnages croisés par Link ont des choses à dire, ce qui étoffe l’univers, bien sûr, mais peut casser le rythme d’une épopée épique.
D’aucuns pourraient aussi être déçus devant les rares possibilités d’exploration dans le monde aérien, noyées dans une structure plus scolaire — surtout en comparaison de la liberté organique de The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Mais ce serait injuste compte tenu de l’âge du jeu original (10 ans). Il vaut mieux faire comme si Breath of the Wild n’existait pas, en gardant à l’esprit que ce dernier n’existerait peut-être pas sous cette forme sans Skyward Sword (il lui doit la jauge d’endurance, par exemple). Autre preuve de l’impact du jeu Wii : la suite de Breath of the Wild proposera des environnements célestes, en plus des vastes territoires d’Hyrule que certains connaissent déjà sur le bout des doigts.
À la lecture de ces quelques lignes étalant les défauts de The Legend of Zelda: Skyward Sword HD, on serait tenté de croire qu’il s’agit d’un jeu à éviter. En réalité, ce n’est pas le cas. Il demeure un Zelda ambitieux et réunit des arguments qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Quand il cesse ces discussions interminables pour entamer enfin la vaste aventure tant promise, The Legend of Zelda: Skyward Sword HD devient brillant, intelligent et captivant. Les quelques errements de son gameplay finissent par disparaître devant l’ingéniosité sans cesse renouvelée de Nintendo, qui fait preuve d’une maîtrise inouïe. L’univers imaginé est tout à la fois varié et cohérent, donnant envie de partir secourir Zelda afin de devenir cet Élu que tout le monde évoque.
Et puis il y a ces donjons. Ils constituent la principale force de ce Skyward Sword HD, avec une propension à accoucher d’énigmes bien pensées. Le principe est toujours le même : ajouter un nouveau pouvoir/accessoire à l’arsenal de Link. Mais le résultat continue d’étonner plusieurs heures après, avec cette nécessité de faire appel à tout ce qu’on a appris précédemment — en associant les bonnes compétences — pour traverser les différentes salles. On garde encore en mémoire celui situé dans le désert, lequel juxtapose astucieusement des moments du passé et du présent grâce à des cristaux. Passer de l’un à l’autre après une bonne dose de réflexion permet d’avancer, et c’est très malin. À eux seuls, les donjons de Skyward Sword HD rappellent pourquoi Zelda est une immense saga adulée par beaucoup de monde. Tant pis pour les quelques errements qu’on saura pardonner.
Le verdict
The Legend of Zelda: Skyward Sword HD
Voir la ficheOn a aimé
- Des donjons d'une intelligence rare
- Une aventure captivante
- On n'est pas obligé de jouer en motion gaming
On a moins aimé
- Le jeu reste pensé pour le motion gaming
- Prologue très bavard
- Gare au défi
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