Les vacances sont parfois l’occasion de découvrir de vraies pépites. Je n’avais que très peu entendu parler de Death’s Door, avant de le recevoir en test pour cet article. Mais sitôt le jeu installé, je ne l’ai plus quitté. Le générique de fin s’est affiché le lendemain sans que j’aie vu la dizaine d’heures de jeu s’écouler, comme si la réalité s’était stoppée net. Cela a été une parenthèse enchantée, un jour de pluie, malgré une histoire ouvertement centrée sur la mort.
Développé par Acid Nerve et édité par Devolver Digital, Death’s Door place la joueuse ou le joueur dans le costume d’un corbeau dont la mission n’est pas une mince affaire : collecter les âmes des morts tel un fonctionnaire assidu qui fait tout pour être élu employé du mois. Sa tâche va devenir plus ardue le jour où sa cible principale est chapardée. Voilà le volatile dans l’obligation de prêter main forte à un vieux corbeaux bloqué devant une étrange porte qui restera fermée tant que trois âmes majeures n’auront pas été récupérées.
Un disciple de Zelda
Death’s Door commence dans les bureaux tout gris des collecteurs d’âmes. Il y a bien quelques éclairages pour conduire notre corbeau jusqu’à la première porte, voie d’accès vers un monde plus coloré — mais pas plus accueillant. Car pour avancer sereinement, il va falloir se frayer un chemin parmi les ennemis. Pour se défendre, notre héros dispose d’une épée — et d’autres armes un peu plus tard. Les combats sont satisfaisants : ni punitifs ni trop faciles, ils réclament juste de faire attention aux esquives, à placer au bon moment. Les ennemis sont suffisamment variés, tant dans le design que dans le niveau de menace.
Oui, le ramage se rapporte au plumage
D’une manière générale, Death’s Door est un jeu très intelligent. On pourrait le comparer aux anciens Zelda, avec un enchaînement d’environnements au service d’une aventure teintée d’action. Chaque nouvelle zone permet d’obtenir un pouvoir inédit, lequel permettra de combattre le boss suivant puis d’emprunter des chemins auparavant inaccessibles. La formule n’a rien de foncièrement original, mais Death’s Door l’exécute avec une efficacité irréprochable. Une fois que le corbeau a toutes les compétences à son actif, libre à vous d’explorer pour dénicher les nombreux secrets (y compris des améliorations ou des armes totalement optionnelles).
Death’s Door cite Zelda jusque dans l’arsenal, qui réunit par exemple un arc et des bombes — chaque pièce ayant bien entendu son utilité face aux différentes mécaniques. On comprend pourquoi Acid Nerve s’est inspiré de la saga culte de Nintendo pour faire son nid, sachant qu’il le fait avec assez de respect et de retenue pour ne jamais tomber dans la copie sans âme. Death’s Door sait voler de ses propres ailes, avec la confiance du disciple qui n’a pas peur d’être comparé au maître — corbeau — tranquillement installé sur son arbre perché. Il parle le même language.
De l’humour pour adoucir la mort
Evoquant parfois, dans la forme, certaines oeuvres de Tim Burton, Death’s Door sait jouer sur plusieurs tableaux. Il traite le sujet de la mort — et de l’après — avec une légèreté bienvenue. Le ton choisi par les développeurs va jusqu’à s’autoriser un peu d’humour, fruit d’une écriture très fine. « Il nous faudrait une bonne petite peste, sinon je vais finir sur la paille », clame un collègue du héros. « N’y laisse pas trop de plumes, les Âmes Géantes sont du genre coriaces… », entend-on également, dans les bureaux.
Autre petit détail génial : si vous coupez un panneau de direction en deux, vous n’aurez plus qu’une moitié de l’information en le lisant (voir notre capture ci-dessous). Logique, mais encore fallait-il y penser.
Death’s Door bénéficie d’ailleurs d’une finition à la hauteur de ses ambitions. Artistiquement fouillé, souvent bizarroïde, presque effrayant, le jeu invite à l’extase (le noir et blanc exquis du hub d’abord, les jolies textures ensuite). Et comme il n’y a aucune carte pour s’orienter, on est naturellement invité à se balader avec, pour compagnons, les multiples effets visuels qui animent l’écran et, pour seule attache, sa mémoire. L’architecture des niveaux est astucieuse, avec son lot de raccourcis qui renvoie à la notion de cohérence. Il y a même des effets en trompe-l’œil, lesquels misent sur la perspective pour cacher certains éléments. Là encore, on peut souligner l’ingéniosité du studio : quand un secret se dévoile, l’angle de caméra pivote pour valider la découverte.
Le décor qui pivote :
On en voudrait toujours plus avec ce Death’s Door, à l’arrivée assez dirigiste dans la manière dont est construite la quête. Cette dernière, quand elle ne plonge pas le corbeau dans des affrontements, demande un peu de réflexion dans certains puzzles à résoudre. Mais il n’y a jamais rien d’insurmontable, ni de rédhibitoire. Cette maîtrise perpétuelle permet à Death’s Door de vite décoller sans jamais donner l’impression de se crasher ou de battre de l’aile. Si sombre soit-il, le titre disponible depuis le 20 juillet sur PC, Xbox One et Xbox Series S/X semble pouvoir voler à l’infini dans un ciel bleu dépourvu de nuage et de tempête. On en a bien besoin, quand l’été s’annonce pluvieux.
Le verdict
Death’s Door
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- Quelle beauté artistique
- Gameplay maîtrisé à la perfection
- De l'intelligence partout
On a moins aimé
- L'absence de carte pourrait être pénalisante
- Forcément trop court
- Ok, la recette n'a rien de très originale
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