« À sa mort, j’ai perdu… la meilleure partie de moi », lance le père de Jin Sakai à son fils, en évoquant la disparition tragique de sa chère et tendre. Cette phrase, tirée du DLC de Ghost of Tsushima, symbolise tout ce qu’il manquait à l’aventure principale pour complètement convaincre : des personnages avec plus d’épaisseur. Dans l’extension disponible avec la Director’s Cut, à paraître le 20 août sur PS4 et PS5, Sakai retourne sur l’île Iki, menacée par une tribu mongole emmenée par l’Aigle. Et comme son passé est intimement lié à cet endroit, la narration de Ghost of Tsushima n’en est que meilleure.
Jin Sakai donnait effectivement l’impression de subir un peu trop les événements dans son combat contre l’invasion de Tsushima. Sur Iki, ses sentiments, ainsi que ses souvenirs (heureux avec sa mère, moins heureux avec son père), s’entremêlent à sa quête, ce qui l’implique davantage et donne un joli souffle à l’écriture. Même les objectifs annexes en profitent, avec quelques ressorts narratifs qui animent des tâches parfois répétitives. C’est l’avantage de proposer une expérience plus compactée : le risque de voir le récit se diluer est moindre.
L’extension de Ghost of Tsushima fait du bien à son héros
Sucker Punch a eu raison de tout miser sur l’intrigue, puisque ce contenu additionnel (accessible à partir de l’acte II) ne révolutionne rien d’autre, pas plus qu’il ne corrige les défauts structurels (notamment les combats et leur équilibre questionnable). Cette extension exploite la force principale de Ghost of Tsushima : cette capacité à immerger la joueuse ou le joueur dans des environnements très réussis. Si une guerre ne couvait pas et si le sang ne coulait pas à flots, on aimerait se reposer dans ces décors à la fois poétiques et sauvages.
Dedans, des pirates et des malfrats tentent de survivre tant bien que mal après une bataille face à des samurais (menés par le père très cruel de Jin, d’où la filiation constante). Les événements racontés à Iki n’ont rien de très original. En résumé, c’est l’histoire d’un héros plein de culpabilité qui doit s’allier à d’anciens ennemis pour arrêter une menace bien plus dangereuse. L’adage est connu : l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Le fait que chaque objectif, majeur ou mineur, soit rattaché d’une manière ou d’une autre à Jin construit petit à petit sa personnalité. Le casting est également très réussi, avec plusieurs figures féminines marquantes.
Tant d’arguments nous font vite regretter la faible durée de vie du jeu : comptez 4 à 5 heures pour faire le tour du sujet (le double pour ratisser Iki, le triple si vous perdez du temps à courir après des animaux mignons).
On a bien évidemment joué à l’extension de Ghost of Tsushima sur PlayStation 5. Sucker Punch avait déjà proposé un patch pour améliorer les performances de la version PS4 sur la dernière console de Sony mais la vraie mise à niveau change la donne. On passe à un rendu en 4K à 60 fps, ce qui offre une fluidité appréciable (les hautes herbes et les fleurs n’accrochent plus quand elles s’agitent au gré des bourrasques) et de profiter d’une somme incroyable de détails (appréciez les armures). Sur PlayStation 4 Pro, on gardait encore en mémoire quelques ralentissements trahissant un titre sans doute trop gourmand pour une console qui commençait à dater. Beaucoup mieux armée, la PlayStation 5 accélère aussi les temps de chargement, améliorant toujours plus le confort de jeu.
Sur PS5, Ghost of Tsushima n’oublie pas non plus d’exploiter les spécificités de la manette DualSense. On apprécie par exemple de sentir les battements du cœur du héros, quand son pouls vient à s’accélérer ou les sabots de notre fidèle monture à chaque cavalcade. En revanche, les gâchettes adaptatives étaient un peu décevantes et gagneraient à offrir plus de résistance quand on bande l’arc.
Malgré tout, Ghost of Tsushima est encore mieux sur PlayStation 5. Et on parie que plusieurs propriétaires vont passer du temps à prendre, grâce au mode Photo dédié, les sublimes panoramas d’Iki.
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