Développé par le studio français Amplitude et sorti en août 2021 sur PC, le jeu de stratégie au tour à tour Humankind vous invite à développer votre propre civilisation, afin de la gérer et de la faire prospérer sur plusieurs siècles. Sur le papier, le concept ressemble certes beaucoup au très installé Civilization, et il est d’ailleurs parfois présenté comme son nouveau rival.
Dans les faits, ce n’est pas tant que cela un « Civilization-like ». Certes, Humankind reprend un principe et des mécaniques similaires, mais il se distingue finalement beaucoup du jeu de Sid Meier. Il est à la fois plus complexe dans son approche, plus narratif, et plus frais dans sa prise à main. La formule est, quand on creuse un peu, assez différente… si ce n’est meilleure sous certains aspects.
Les échanges culturels changent tout
Humankind repose sur les échanges interculturels. Cela commence par une personnalisation culturelle. Vous pouvez certes personnaliser le look de votre leader, et son emblème, mais ce ne sont là que des petits détails pour favoriser l’immersion. Vous aurez surtout la possibilité de sélectionner, au départ, un socle culturel : culture babylonienne, égyptienne, harappéenne, etc.
En passant d’une ère à une autre, vous aurez deux possibilités : garder la même culture ou vous développer avec une nouvelle. Le mélange culturel est clairement favorisé, car en gardant la même culture, votre empire peut transcender ses qualités, confirmer son aura, mais en choisissant une nouvelle culture, vous le développez bien davantage en obtenant de nouveaux bonus, de nouvelles perspectives.
Les débuts du jeu vous feront un peu patiner dans la semoule : comme dans Civilization, il s’agit d’une pure phase d’exploration, où vous posez les premières pierres de votre empire. C’est le moment le moins excitant et, puisque cela ne nécessite pas une grande réflexion stratégique (a fortiori si vous avez déjà joué à Civilization ou à un autre jeu de ce genre), on est relativement pressé de passer aux tours suivants. En passant aux ères suivantes, la carte du monde devient plus riche, les enjeux plus prenants, et Humankind se déploie vraiment.
Par exemple, les relations diplomatiques sont rapidement un vrai plaisir à gérer. On a pleinement le sentiment d’entrer en négociation avec d’autres empires, de « traiter » continuellement avec eux, en dressant des routes commerciales, en menant des échanges alimentaires, logistiques, militaires, en résolvant des discordes… et parfois en grognant un peu aussi face à des interlocuteurs pas toujours aimables, certes.
Là encore, il y a une forte dimension interculturelle. Les limites entre les empires sont poreuses. Par exemple, votre cité peut entrer en « osmose » avec une cité étrangère voisine. Mettons que votre culture babylonienne ait à un moment une pratique scientifique très proche de la culture celte voisine, vous pouvez faire le choix de vous en rapprocher ou de vous en éloigner, ce qui aura différentes conséquences dans les deux cas.
Avec ces mécaniques, combinées à d’autres, innovantes ou plus classiques, Humankind ne relève pas d’une simple conquête de territoires. Vous pouvez faire le choix d’être un empire exclusivement guerrier, bien entendu, mais vous ne profiterez pas de la plus grande finesse du jeu, qui permet justement de gérer votre tribu humaine sous une multitude d’aspects. Car c’est bien cette diversité des approches et des paramètres humains qui est un plaisir dans Humankind.
Un jeu de stratégie fortement narratif
Dans Civilization, on a la sensation de jouer avec l’Histoire en rebattant les cartes et en changeant de place les pions comme si on jouait aux échecs : le contexte historique sert à développer des stratégies de conquête. Évidemment, cela a son charme, en atteste le succès de la franchise, mais l’approche reste très monolithique. Dans Humankind, les mécaniques plus profondes nous permettent de ressentir davantage une sensation, grisante, d’écrire nous-mêmes une véritable uchronie — ce genre fictif qui consiste à faire diverger l’Histoire (par exemple : quid si l’Empire romain ne s’était pas effondré ?). Pour gagner la partie, il nous faut chercher à écrire notre propre histoire humaine, c’est ce qui apportera la prospérité et donc la victoire.
C’est d’autant plus vrai que le jeu essaye d’inclure une part de narration : des événements se déclenchent dans vos cités (agriculture, pratiques religieuses, banditisme, spectacles…), en fonction de choix préalables. Vous êtes la plupart du temps confronté à une décision à prendre, laquelle aura plusieurs conséquences.
On trouve aussi, dans cette dynamique, quelques touches d’humour bienvenues — pas aussi prononcées que dans Tropico évidemment, mais suffisantes pour égayer les parties.
Les parties bénéficient d’ailleurs, côté ambiance, d’une bande musicale de qualité. Celle-ci n’est pas seulement belle, elle est variée, dynamique, adaptée aux différentes époques. Là où la musique de fond peut s’avérer quelque peu soporifique sur certains jeux de gestion, ce n’est pas le cas dans Humankind. Au contraire.
Esthétiquement, la direction artistique très colorée du jeu apporte également beaucoup de fraîcheur. L’interface, quant à elle, reste très chargée, comme dans Civilization, alors vous prendrez parfois quelques décisions un peu « à l’aveugle » face au nombre de paramètres à prendre en compte. Ou alors il vous faudra engloutir de très nombreuses heures de jeu pour prendre le pli. Bon, cela reste tout de même assez didactique, pas de panique.
Grâce à ses nombreuses qualités, Humankind est plus complexe qu’une bonne partie des jeux du genre, et procure la sensation d’être aux manettes d’une histoire alternative. Raison pour laquelle ce n’est pas tant que cela un Civilization-like. D’ailleurs, peut-être sont-ce là les premiers pas d’un nouveau genre : un jeu de stratégie uchronique. On imagine très bien certaines fonctionnalités de Humankind être développées dans cette voie.
Le verdict
Humankind
Voir la ficheOn a aimé
- De belles innovations dans les mécaniques
- Esthétique, musique : le jeu est bien construit, immersif
- Un jeu de stratégie plus stimulant que la moyenne
- Les relations diplomatiques sont « vivantes »
On a moins aimé
- Le début de partie est un peu poussif
- L'interface est claire, mais il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte, on agit parfois à l'aveugle
- Selon votre matériel, le jeu pourra parfois saccader
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