Alors que les premières images sublimes de Dune commencent à défiler et que le récit démarre, un premier mot nous vient et il ne nous quittera plus jusqu’à la fin du film : majestueux. L’adaptation des romans de Frank Herbert par Denis Villeneuve, en salles à partir de ce 15 septembre 2021, fait dans la démesure, retranscrivant toute l’ampleur mythologique de l’œuvre, et plus encore ; sa dimension spirituelle.
Après ce premier constat, un autre nous éblouit tout aussi vite : Denis Villeneuve et son équipe ont compris Dune. Mieux encore, le film infuse une compréhension profonde, fondamentale, de la science-fiction elle-même.
Quête spirituelle sur Arrakis
L’adaptation de Denis Villeneuve ne souffre d’aucune rupture avec l’œuvre originale. Les changements opérés par le réalisateur n’ont pas d’impact sur tout ce qui est constitutif de Dune. Sous les traits de Timothée Chalamet, c’est bien la quête initiatique de Paul Atréides qui nous est contée, dans toute sa complexité et toute sa puissance. Une quête aux enjeux certes politiques, parfois même écologiques ou familiaux, mais profondément spirituelle, par essence.
Si le roman était épais, l’adaptation est paradoxalement très peu bavarde, un choix qui offre à chaque ligne de dialogue son importance. Cette narration dans la simplicité et la beauté du verbe vient renforcer la poésie et l’atmosphère prophétique du récit.
Le film ne nous oublie pas pour autant. Une première partie sert à poser quelques bases, telles que les planètes, les relations entre les personnages ou les forces en présence, sans succomber à un ton excessivement didactique. Même si lecture de l’œuvre originale facilitera l’accès à tous les détails du film, Dune prend réellement tout son temps pour nous imprégner de son univers. Une durée de 2h30 était pleinement nécessaire et ne nous assomme pas. Le temps passe vite, tandis qu’une éternité s’écoule. Les événements s’enchaînent calmement, mais tambour battant, comme dans un rêve hypnotisant où le temps se dépouille de ses substrats classiques pour ne rester qu’une expérience où le sens réside entre les lignes.
Atmosphère de mystère et de démesure
En sortant de la salle, on reste imprégné du film et, surtout, de ses « vibrations ». C’est d’abord une sensation purement sonore : la musique du géant Hans Zimmer (The Dark Knight, Pirates des Caraïbes, etc) résonne physiquement en nous, vrombissante. Peut-être est-ce là son grand chef-d’œuvre. Les compositions reposent sur des sons étendus, massifs, parfois claquants comme provenant de gigantesques portes, agrémentés de chants chorals chamaniques intenses. Aussi obsessionnelle que massive, cette bande-originale est constitutive du film. Elle porte en ses sons et ses chants l’histoire de Paul et elle nous colle à la peau de la première à la dernière minute.
Cette dimension sonore vient s’ajouter à une mise en scène elle aussi grandiose. Il est difficile de ne pas être sans cesse époustouflé par la beauté des images. Cela dépasse toutefois l’esthétique. Tout, absolument tout dans Dune, est massif et démesuré. Les bâtiments, les vaisseaux et les dunes de sable… Chaque parcelle du paysage s’inscrit dans une vertigineuse immensité, presque écrasante.
Une sensation de grandeur environnante est palpable même lors de scènes de dialogues, même au sein d’une navette de transport, même dans une simple chambre. Quand le calme est rompu par l’action, le spectacle est un véritable opéra. Quand les combats les plus guerriers se déclenchent, l’affrontement est une chorégraphie dansée.
Et c’est bien là où l’atmosphère du film transcrit sensiblement la spiritualité de Dune : l’humanité est un grain de sable dans une étendue symphonique sublime. Une nature dangereuse toutefois, puisqu’inintelligible, quasi inconcevable, avec laquelle on doit seulement composer. Mais l’humanité reste le point d’orgue du récit, car, comme chaque grain de sable, chaque humain joue un rôle déterminant dans cette symphonie. Le mystère obnubilant qu’exerce sur nous le film repose sur cette double dimension qui brouille la mise en sens du monde, qui nous montre d’autres réalités du tangible et de l’intangible. Or, c’est bien ainsi qu’opère toujours la meilleure science-fiction pour nous faire voyager dans l’altérité.
Alors, comme le roman de Frank Herbert, la grandeur et l’humanité du Dune de Denis Villeneuve en font une œuvre monumentale qui n’a nul pareil. Mis à part peut-être les autres films de Denis Villeneuve, qui s’avèrent proches dans le ton (Premier contact, Blade Runner 2049), cette adaptation relève d’une proposition visuelle et narrative parfaitement unique dans le cinéma de science-fiction.
Le verdict
Dune
Voir la ficheOn a aimé
- Denis Villeneuve a tout compris à Dune, c'est une adaptation réussie
- Le récit est, comme sous la plume d'Herbert, une quête spirituelle
- La mise en scène est belle, et grandiose dans sa démesure
- La musique de Hans Zimmer est à son summum
On a moins aimé
- On a perdu 5 minutes à chercher un point négatif sans en trouver de véritable
Grandiose dans la mise en scène, profond dans la narration, l’adaptation de Dune par Denis Villeneuve fait honneur à l’œuvre originale. Le film conserve tout le sens de la quête spirituelle imaginée par Frank Herbert. Denis Villeneuve nous offre aussi une nouvelle œuvre majeure du cinéma de science-fiction, unique en son genre dans la grandeur et la splendeur de son esthétique — visuelle, musicale.
Il ne s’agit là que de la première partie, un deuxième film étant prévu. Ce n’est pas la naissance d’une franchise qui épuiserait l’œuvre jusqu’à la moelle, mais, au contraire, le signe d’une adaptation qui prend son temps pour raconter une belle et grande histoire de SF.
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