Les Rots sont des créatures bien étranges. Il y a leur nom dont on a envie de se moquer. Il y a surtout cette bouille d’un charme absolu : imaginez une bouboule noire qu’on a instantanément envie de prendre dans ses bras, animée par de grands yeux malicieux. Vous êtes déjà amoureux ? Alors ne regardez pas les captures d’écran du jeu vidéo Kena: Bridge of Spirits — disponible depuis le 21 septembre sur PS5, PS4 et PC. Les Rots constituent à eux seuls un argument pour le tout premier jeu développé par Ember Lab.
Que les futurs acquéreurs se rassurent, on ne résumera pas Kena: Bridge of Spirits au côté choupi de ses mascottes un tantinet craintives jusqu’à en devenir attachantes. Cette aventure à la direction artistique d’une douceur infinie a suffisamment d’atouts dans sa manche pour convaincre le plus grand nombre. Pendant un peu moins de dix heures, elle nous plonge dans une expérience bienveillante, en quête d’esprits qui finissent par corrompre les décors à force de ne pas vouloir en partir. On les comprend puisque personne n’a envie de les quitter, au fond.
Une vraie claque artistique
Évacuons d’entrée les quelques points qui trahissent le manque d’expérience d’Ember Lab, mais sur lesquels on accepte sans mal de fermer les yeux. On constate par exemple des ralentissements pendant ses (jolies) cinématiques. Kena: Bridge of Spirits essaie par ailleurs parfois d’enfiler un costume un peu trop grand pour lui, en se posant un peu en Dark Souls dans certains affrontements du dernier tiers.
Une sincérité inouïe
On conseille, par ailleurs, d’opter pour le mode d’affichage Performance sur PS5, qui garantit un framerate à 60 fps quasi constant (quelques chutes restent à signaler, en attendant d’éventuelles mises à jour). Avec l’option fidélité, qui offre de la 4K native, tourner la caméra donne en effet envie de pleurer tant tout paraît saccadé.
Sur le plan technique, Kena: Bridge of Spirits a l’allure d’un blockbuster ayant coûté plusieurs millions de dollars, mais sortir la loupe fera apparaître des éléments plus disgracieux (là des textures moins belles, ici des bugs de collision).
Ces défauts de jeunesse sont tout à fait pardonnables. D’autant qu’Ember Lab fait preuve d’une magnifique maîtrise artistique pour son grand baptême du feu. Avec son look de film Pixar, il ne cesse de nous surprendre. Tantôt effrayant, tantôt touchant, tantôt reposant, son récit enchaîne les beaux moments de narration axés sur des thématiques fortes (la difficulté de faire son deuil, notamment). Le jeu a une très courte durée de vie (il est vrai qu’il ne coûte que 40 €), mais il nous conquiert par sa générosité et sa sincérité.
Un jeu d’aventure, comme au bon vieux temps
Mais revenons-en à nos Rots, ces petits esprits farceurs qu’on peut coiffer d’un chapeau (il y en a plein) ou avec lesquels on peut danser. Ils deviennent vite les compagnons d’une jeune guide dont le souhait est d’entrer dans un vieux temple, situé dans une montagne. Problème : le village perdu par lequel elle doit passer est touché par une malédiction liée à d’autres esprits, maudits pour leur part. Heureusement pour elle, les Rots ne sont pas là pour faire de la figuration. Ils vont lui venir en aide en lavant la corruption et en lui conférant des pouvoirs très utiles.
Attention, Kena: Bridge of Spirits n’est pas une copie de Pokémon où l’objectif serait principalement de capturer des créatures. Si de plus en plus de Rots prêtent main-forte à Kena, ils sont tous les mêmes (il y en a des dizaines à ramasser) et on n’a aucun contrôle sur l’armée assemblée. La taille de la troupe ne sert que de tremplin vers toujours plus d’aptitudes.
Ne croyez pas non plus que Kena: Bridge of Spirits tombe dans l’exploitation. Oui, les Rots s’occupent parfois des basses besognes (déplacer un objet, au hasard) mais les combats sont majoritairement gérés par Kena. D’ailleurs, il faut faire monter une jauge de courage pour qu’ils y participent. Signe qu’ils n’aiment pas trop la violence et qu’ils sont un peu peureux.
Un des grands atouts de Kena: Bridge of Spirits est sa vibe un peu old school. Sur bien des points, il rappelle les anciens jeux d’aventure 3D — dans la structure comme dans l’impression générale. Le jeu propose un mix malin entre affrontements suffisamment exigeants (voire trop sur la fin), exploration simpliste et énigmes gentillettes — mais parfois surprenantes. Il assure aussi une progression permanente, avec un arsenal qui évolue au fil du temps pour garnir un gameplay accessible. Certes, l’échelle est réduite, quand on la compare aux standards d’aujourd’hui. Mais, finalement, c’est ce côté « comme avant » qui accroche.
La direction artistique est merveilleuse, et donne à voir des panoramas magistraux. C’est coloré et pétillant, malgré les menaces sombres qui pèsent sur cet univers très naturel. On a envie d’arpenter ces environnements pleins de poésie composés de petites bâtisses, de cavernes, d’étendues d’eau et de temples un peu à l’abandon.
Quand la souillure est nettoyée, c’est l’émerveillement : le luxuriant remplace le délétère dans un spectacle magique. L’époustouflante bande-son, très relaxante, participe à donner un côté intimiste à cette épopée.
Certains ne manqueront pas d’explorer la carte de Kena: Bridge of Spirits de fond en comble, histoire d’en dénicher les quelques activités annexes (trouver tous les Rots en tête, bien entendu). Quant aux autres, ils auront déjà passé un bon moment, en bonne compagnie qui plus est.
Le verdict
Kena: Bridge of Spirits
Voir la ficheOn a aimé
- Les Rots :3
- Une direction artistique somptueuse
- Parfois très surprenant
On a moins aimé
- Partie action moins maîtrisée
- Quelques soucis d'équilibre dans les combats
- Finitions qui tranchent avec la beauté graphique
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