Nostalgie : nom féminin désignant le regret mélancolique d’une chose révolue. Et comment pourrait-il être question d’autre chose quand on joue à Diablo II: Resurrected dès qu’on entend ses premières notes musicales ? Dans un monde idéal, Blizzard Entertainment proposerait Diablo IV — soit de l’inédit — plutôt qu’une version remise au goût du jour de son jeu sorti en 2000 (supervisée par Vicarious Visions). Ce studio s’était déjà chargé de redonner ses lettres de noblesse à la mascotte Crash Bandicoot avec une compilation très réussie.
Diablo II: Resurrected ne compte pas trahir les souvenirs des fans de la première heure, celles et ceux qui ont peut-être passé leur adolescence à nettoyer les décors putrides et effrayants du hack’n’slash culte de Blizzard Entertainment. Il s’agit avant tout d’une restauration qui mise sur l’agrément nostalgique pour faire oublier ses mécaniques poussiéreuses. Des défauts qu’on ne retrouvera plus dans Diablo IV, normalement.
Diablo II: Resurrected n’est rien d’autre qu’une savoureuse madeleine de Proust
Il faut souligner le formidable travail de Vicarious Visions. Les développeurs ne se sont pas contentés d’une simple mise à l’échelle de la définition et d’une rallonge au niveau des effets visuels. Diablo II: Resurrected transpire l’envie de bien faire. Cela passe par une partie graphique résolument moderne, soulignant une direction artistique qui s’exprime dans toute son horreur. Les effets d’ombre et de lumière côtoient des reflets à tomber à la renverse. On sent que tout est pensé pour faire honneur aux environnements baignant dans une atmosphère presque horrifique. Et ce qui n’était naguère qu’une bouillie de pixels devient un détail effrayant. On pense par exemple à ces mouches qui se délectent des corps empalés. Cet effet de loupe ainsi apporté par un graphisme plus conforme aux standards d’aujourd’hui est une vraie bénédiction.
Il suffit d’ailleurs d’appuyer sur le bouton magique pour révéler ce qui se cache derrière le graphisme de 2021. Oui, vous pouvez jouer à Diablo II: Resurrected avec le rendu d’époque, en passant à l’envi au mode Legacy (nous nous étions amusés à comparer lors de notre première prise en main). C’est en basculant rapidement d’un visage à l’autre qu’on se rend compte du gouffre technologique qui s’est creusé depuis 2000. Si certains voulaient une preuve implacable de l’évolution du jeu vidéo, Diablo II: Resurrected leur en livre une sur un plateau d’argent — à peine entaché de quelques gouttes de sang. Devenu spécialiste des remasterisations luxueuses, Vicarious Visions doit avoir un carnet de commandes bien rempli.
Le même livre derrière la couverture modernisée
Diablo II: Resurrected ne pouvait malheureusement pas sortir sans connaître quelques problèmes de serveurs. Le jour du lancement, on a subi quelques déconnexions nous empêchant de lancer notre partie. Heureusement, on peut créer un autre personnage pour jouer hors-ligne.
Fidèle à la version originale, Vicarious Visions voue un respect, voire un culte, à Diablo II. À tel point que, derrière le rideau de soie, le tapis rouge nous mène vers le même spectacle. Car si la couverture du livre a changé, les pages affichent les mêmes phrases. Il n’y a pas l’ombre d’une nouvelle classe ou d’une quête inédite à se mettre sous la dent. On retrouve alors les sept personnages (Barbare, Sorcière, Amazone, Paladin, Druide, Assassin et Nécromancien), ainsi que les cinq actes (jeu de base accompagné de son extension). On comprend que le but n’est pas de réinventer Diablo II, dont les enjeux sont toujours racontés par de sublimes cinématiques.
Par conséquent, les adeptes du chétif Nécromanien, capable de transformer les cadavres ennemis en squelettes se battant pour sa cause, retrouveront cette science du placement pour éviter les combats directs. De leur côté, les amoureux de la redoutable Sorcière se remémoreront sa puissante magie, plus impressionnante encore dans Diablo II: Resurrected. Les sept classes offrent une variété inouïe, sachant que leur philosophie commune est d’annihiler les rangs adverses. Pour preuve, vous arriverez à 5 000 créatures éliminées en quelques heures, en ressentant à chaque instant cette progression fulgurante — propre à la saga Diablo. La saga sait rendre puissant, au-delà de cette course incessante au meilleur butin.
Vicarious Visions voue un respect, voire un culte, à Diablo II
Vicarious Visions n’a même pas pris soin de corriger des défauts qui risquent de devenir une source de frustration — davantage, peut-être, pour les novices. Il est en effet difficile de ne pas s’agacer devant cette gestion très chaotique de l’inventaire. Comme chaque objet compte, il se remplit très, très vite, force à enchaîner les allers-retours avec les différents camps de base et transforme notre personnage en perroquet qui répète sans cesse qu’il ne peut plus rien porter (pas même une vulgaire potion de soin). Dans le même ordre d’idée, la jauge d’endurance est archaïque dans sa tendance à se vider vite et à se remplir lentement. En guise de nouvelles options de confort, tout juste pourra-t-on apprécier la récupération automatique des pièces d’or (avant, il fallait ramasser individuellement chaque tas).
Malgré ses forces devenues des limites en 2021, Diablo II: Resurrected demeure une aubaine. Contrairement à Diablo III (voire au premier Diablo si on veut remonter plus loin), il n’a jamais quitté le monde du PC. Cette remasterisation lui permet de s’ouvrir à une cible qui joue à la manette. Sur ce point, Vicarious Visions fournit, là encore, une bonne adaptation. Les « clics clics » de la souris peuvent très bien être remplacés par un stick analogique, tandis que les multiples boutons d’un pad deviennent les touches d’un clavier. Oui, un hack’n’slash se joue très bien à la manette quand l’interface peut s’en accommoder — ce qu’avait déjà prouvé Diablo III. Il reste quand même à confirmer que ce nouveau public saura accepter ce gameplay, si vieillissant qu’il en devient presque rustre.
Le verdict
Diablo II: Resurrected
Voir la ficheOn a aimé
- C'est vraiment très beau
- La puissance de la nostalgie
- Le plaisir immédiat du hack'n'slash maîtrisé
On a moins aimé
- Quelques options de confort de plus n'auraient pas été de trop
- Gameplay vieillot
- Gare aux couacs de lancement
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.