« Toute ressemblance avec une planète existante serait purement fortuite. »
Le postulat de la nouvelle bande dessinée de Tronchet, publiée le 1er septembre 2021 chez Fluide Glacial ? Rire avec la fin du monde. C’est là un sacré défi, car l’effondrement possible de notre civilisation ne semble pas amusant de prime abord. D’ailleurs, il ne l’est pas en tant que tel. Mais dans Les Catastrophobes, Tronchet a justement pris à bras le corps le sérieux du sujet. Il adopte le ton d’un humour plutôt noir, qui ne semble jamais pleinement se distancier des problèmes bien réels posés par le thème qu’il a choisi d’aborder.
Rire avec inquiétude
Tronchet aborde la multitude de sujets reliés aux approches de l’effondrement, et en particulier ceux liés à l’écologie, en ramenant toujours au quotidien : les toilettes, par exemple. Mais il s’intéresse plus particulièrement aux sentiments humains face à ces enjeux et à leurs implications. Ainsi, les scènes — une par page — sont titrées souvent de cette manière : deuil, beauté, chagrin, décompresser. Résultat, Tronchet inscrit la thématique de l’effondrement à la « petite échelle » humaine, celles des activités journalières, des relations humaines amicales, professionnelles, amoureuses.
L’idée ne semble pas être de dédramatiser, mais plutôt d’utiliser l’humour pour humaniser, pour rendre ces problématiques plus intelligibles. Ce ne sont pas ici de grandes discussions philosophiques ou intellectuelles ni de techniques dialogues scientifiques. L’humour permet de parler des inquiétudes, et de se les approprier en s’amusant de celles-ci. Rire des inquiétudes, c’est aussi crever l’abcès, et c’est ce que fait Tronchet. En rendant drôles des problèmes, on les rend accessibles. C’est donc une BD finalement très politique.
Car bien que la BD soit drôle la plupart du temps, et nous arrache régulièrement des sourires, les sourires en question ne sont pas forcément… sereins. Certaines blagues résonnent étrangement en nous, ne nous aidant pas tant à relativiser — comme on pourrait le croire en ouvrant la BD — mais plutôt à mettre des mots simples, décomplexés, sur des situations angoissantes. D’ailleurs, Les Catastrophobes aborde à plusieurs reprises la notion même de « fin », sa signifiance pour nous au quotidien.
On regretta simplement que Tronchet laisse assez peu paraître des sursauts d’espoirs dans son traitement humoristique du thème, car il s’agit là d’une dimension cruciale sur ce sujet. Cela ressemble assez souvent à des blagues désespérées, ce qui permet certes de conscientiser les problèmes, moins de générer l’envie de les épouser à bras le corps pour les résoudre. Mais il faut bien l’admettre, c’est souvent ce côté grinçant qui est drôle. En fait, Les Catastrophobes met en images le fameux mème célèbre sur le web du « This is fine », qui représente un personnage tout à fait serein dans une pièce en feu.
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