L’année 2021 fut un rêve éveillé en matière d’adaptations de grands romans SF. En septembre sortait le Dune de Denis Villeneuve portant l’œuvre de Frank Herbert, puis, le même mois, Foundation transformait le cycle d’Isaac Asimov en série. En 2023, on attend pour bientôt l’adaptation de Silo de Hugh Howey.
D’autres œuvres littéraires SF et Fantasy ont déjà été adaptées ces dernières années : Altered Carbon (Richard Morgan), The Witcher (Andrzej Sapkowski), American Gods (Neil Gaiman), Good Omens (Terry Pratchett)… sans oublier évidemment le succès fulgurant de Game of Thrones dans les années 2010. Les annonces d’adaptation sont aussi légion. Une série adaptant le très bon Silo, de Hugh Howey, est prévue. Toujours côté séries, il faut relever La Roue du Temps sur Prime Video et une nouvelle approche du Seigneur des Anneaux.
Il est réjouissant de voir la SF et la Fantasy être mises en avant dans les adaptations en films et séries. Alors, pourquoi ne pas envisager d’adapter aussi davantage d’œuvres écrites par des femmes pour mettre en valeur d’autres voix ? Voici une liste d’œuvres majeures des littératures de l’imaginaire, qui pourraient donner lieu à de magnifiques adaptations (afin, aussi, de donner un coup de projeteur sur l’œuvre originelle !).
Évidemment, cette liste est aussi là pour vous servir de guide de lecture.
N.K. Jemisin, « La Cinquième Saison »
La Cinquième Saison de N.K. Jemisin pourrait donner lieu à une adaptation absolument spectaculaire. À mi-chemin entre science-fiction et fantasy, Les livres de la Terre fracturée nous parle d’un monde sous forme de supercontinent contraint de subir régulièrement une « cinquième saison » aux conséquences cataclysmiques. Certaines personnes disposent de pouvoirs : elles peuvent se connecter aux forces telluriques de la planète et, littéralement, soulever des montagnes, contrôler des séismes. Mais elles sont craintes, donc rejetées.
Bonne nouvelle : une adaptation de l’œuvre est envisagée depuis 2017, mais cette possibilité semble se rapprocher plus que jamais : il a été annoncé en juin 2021 que TriStar Pictures a acquis les droits pour le cinéma, et N.K. Jemisin est directement impliquée dans l’écriture. La production n’a pas commencé.
Ursula Le Guin, « La main gauche de la nuit »
Quand il est question des œuvres historiques de la science-fiction, on pense autant aux récits d’Ursula Le Guin qu’à ceux d’Asimov ou Herbert. Car Ursula Le Guin a profondément marqué la littérature de sa plume et de ses idées.
Son roman le plus culte est La main gauche de la nuit. Le récit s’intéresse à la planète Gethen, où les différences de genre n’existent pas. Les humains peuvent adopter les caractéristiques d’un sexe biologique en fonction des besoins. Ursula Le Guin nous parle alors de cette planète et de sa culture, sous le regard d’un responsable diplomatique venu de la Terre : s’il est certes lui-même dépaysé, la culture terrienne va, elle aussi, surprendre les personnes de cette planète.
Un monument absolu, probablement très difficile à adapter à l’écran — mais c’était aussi ce que l’on disait de Fondation, or il en résulte une petite merveille.
Estelle Faye, « Un éclat de givre »
TF1, France Télévisions ou Canal Plus : si les chaînes françaises — ou même Netflix ou Disney+ — sont en quête de récits francophones passionnants à porter à l’écran, la littérature de l’imaginaire française se trouve être une source pleine de merveilles.
L’œuvre d’Estelle Faye en fait partie et, pour une adaptation, on pourrait penser en particulier à son diptyque Un éclat de givre / Un reflet de Lune.
La romancière nous y projette dans un Paris post-apocalyptique, avec pour personnage principal, un artiste. Malgré la dévastation et l’atmosphère lugubre qui ont imprégné la capitale avec la fin du monde, la ville survit grâce à l’omniprésence des arts. Et si les arts — de la musique à la littérature — étaient le liant de l’humanité, nous permettant de survivre à n’importe quelle apocalypse ? C’est le type de récits dont on a besoin aujourd’hui, et ce serait vraiment un choix idéal pour proposer un récit science-fictif de haut niveau dans une production française.
Émilie Querbalec, « Quitter les monts d’automne »
Quitter les monts d’automne est aussi un petit trésor pour une éventuelle adaptation. Le roman de la Française Émilie Querbalec propose un univers science-fictionnel inspiré du Japon — voilà de quoi imaginer une esthétique grandiose et originale !
Le postulat du roman : un monde interplanétaire où l’écriture est interdite. La mémoire repose sur la transmission orale des événements et des traditions. Lorsque l’héroïne se retrouve en possession d’un parchemin calligraphique, elle se retrouve en danger de mort. En quittant son foyer pour résoudre le mystère qui entoure ce texte, elle entreprend alors un voyage semblable à une quête initiatique — qui prend aussi des couleurs très personnelles. Entre le sense of wonder, le propos social et l’atmosphère d’inspiration japonaise, il y a tout ce qu’il faut, dans le roman d’Émilie Querberlec.
Nnedi Okorafor, « Binti » et « Qui a peur de la mort ? »
Nnedi Okorafor est notamment l’autrice de Binti et Qui a peur de la peur ? et il se trouve que les deux œuvres sont parfaitement transcriptibles à l’écran. Les droits ont d’ailleurs déjà été achetés pour les deux.
Qui a peur de la mort ? se situe dans Afrique post-apocalyptique entre technologies futuristes et traditions, dans laquelle deux clans s’affrontent. Le roman nous raconte la quête initiatique de Onyesonwu, qui se découvre des dons surnaturels. Issue d’un viol, qui est utilisé comme arme de guerre, elle va partir chercher son père biologique et, sur sa route, se servir de ses pouvoirs pour essayer d’apporter la paix. C’est violent, mais les messages humanistes et féministes sont puissants. L’adaptation est commandée par HBO, mais ne donne pas tellement de nouvelles depuis un certain temps. Le projet semble mis en pause. Croisons les doigts pour qu’il ressuscite.
Binti est un space opera magistral. L’héroïne fait partie d’une communauté située sur Terre, en Afrique, où son parcours est traditionnellement tout tracé : elle doit reprendre l’échoppe de son père. Mais grâce à sa remarquable intelligence en matière de mathématiques, elle est admise dans une prestigieuse université interplanétaire, à l’autre bout de la galaxie. Bien que sa famille et sa communauté soient contre son départ, elle décide de partir dans les étoiles. Une adaptation a été commandée en série par Hulu et Okorafor en personne est impliquée ; mais la production n’a pas encore commencé.
Mary Robinette Kowal, « Vers les étoiles »
Le roman de Mary Robinette Kowal, Vers les étoiles, est sans doute le plus facile à adapter à l’écran de toute notre liste, puisque l’écriture de la romancière est particulièrement cinématographique.
Le point de départ est une uchronie : en 1952, une météorite s’écrase au large de la côte est des États-Unis, produisant une catastrophe qui va changer la face du monde, et qui va avoir un impact sur le climat. Car la Terre deviendra bientôt inhabitable. C’est en tout cas le résultat des calculs d’Elma York, « calculatrice » et brillante mathématicienne. Elle va devoir convaincre les gouvernements du danger puis organiser une solution : partir dans les étoiles ?
Vers les étoiles transforme la conquête spatiale en conquête sociale avec, aussi, un puissant propos écologique. C’est un roman moderne et captivant à lire absolument. On l’imagine merveilleusement bien être porté à l’écran, mélangeant des décors d’époque et quelques anachronismes futuristes liés à cette odyssée spatiale avant l’heure.
Octavia Butler, « La Parabole du Semeur »
Nous avions consacré en juillet 2021 un article entier dédié à La Parabole du Semeur, afin d’expliquer pourquoi l’adaptation de ce roman était une nécessité absolue.
La Parabole du Semeur démarre dans une année 2024 post-apocalyptique, ou plutôt un effondrement en cours causé par un capitalisme déchaîné et des inégalités sociales, sur fond de dérèglement climatique. Lauren Olamina est hyperempathique : lorsqu’elle est proche de quelqu’un qui souffre, elle souffre terriblement. Après l’attaque de son quartier alors qu’elle n’est encore qu’adolescente, elle entame un périple pour tenter de fonder, sur Terre ou dans les étoiles, une nouvelle société — une utopie fondée sur le changement, l’entraide et la diversité. Elle devra pour cela affronter des visions d’horreur.
C’est une œuvre visionnaire qui mérite toute l’attention possible de nos jours. Deadline a révélé en 2021 que les droits ont été acquis par la société de production/distribution A24 (qui a produit le film Ex Machina et la série Euphoria).
À noter par ailleurs qu’une autre œuvre d’Octavia Butler, Liens de sang, a fait l’objet d’une adaptation récente, à retrouver fin mars 2023 sur Disney+ en France.
L’Ours et le Rossignol, Katherine Arden
L’Ours et le Rossignol pourrait donner lieu à un superbe film de fantasy. Pour ce récit, Katherine Arden s’inspire des contes russes, nous proposant un voyage à la fois sombre et féérique dans des paysages enneigés et forestiers. L’héroïne est la jeune Vassia. Son don surnaturel lui permet de voir les esprits qui peuplent son village. Mais dans une Russie médiévale rigide, car ultra religieuse, l’héroïne doit affronter la superstition et donc le rejet. S’ensuit sa rébellion. C’est en tout cas le point de départ, car il s’agit d’une trilogie.
Robin Hobb, « L’Assassin royal »
Alors que The Witcher fait le bonheur de Netflix (une saison 3 est commandée avant même la diffusion de la saison 2, sans compter les spin-offs), et que Game of Thrones a eu un succès fulgurant sur HBO, il est étonnant de constater que L’Assassin Royal, la saga de Fantasy absolument cultissime de Robin Hobb, n’a jamais eu droit à la moindre adaptation.
Samantha Shannon, « Le prieuré de l’Oranger »
Si le roman de Samantha Shannon peut être intimidant (il s’agit d’un petit pavé d’un millier de pages), il serait absolument parfait pour une adaptation en série. Il a d’ailleurs souvent été comparé à un Game of Thrones au féminin. Mais ce n’est pas une comparaison très pertinente : l’intrigue du Prieuré ne ressemble en rien à celle des livres de G.R.R. Martin.
Dans cette histoire, les protagonistes sont des femmes : de la reine Sabran à la magicienne Ead et à l’apprentie guerrière Tané, leurs vies si différentes vont s’imbriquer, alors que d’anciennes légendes reviennent à la vie. On reconnaît cependant deux points communs entre l’œuvre de Samantha Shannon et Game of Thrones : une histoire absolument épique et… des dragons.
Naomi Alderman, « Le Pouvoir »
Un jour, les femmes se réveillent avec un don inattendu : elles peuvent infliger des douleurs extrêmes, et même la mort, d’un simple geste de la main. Les familles, les couples, les décisions politiques et même la religion : du jour au lendemain, tout est changé par ce pouvoir. Les femmes passent de proie à chasseuse, et les hommes se retrouvent à incarner le « sexe faible ». Une utopie ? Pas vraiment.
Le Pouvoir fait bien évidemment tout de suite penser à une sorte d’anti-Servante Écarlate. La culture du viol y est également disséquée et les relations de pouvoir passées à la loupe. Mais le livre de Naomi Alderman est bien plus que cela, et les histoires n’ont absolument rien de semblable. Entre des personnages terribles et magnifiques et une histoire où la tension est toujours à son comble, le roman de Naomi Alderman est un chef-d’œuvre qui se dévore.
Mise à jour 08/03/2023 : l’adaptation de ce roman est devenue réalité, et elle est prévue sur Prime Video pour fin mars 2023.
Christelle Dabos, « La Passe-Miroir »
On ne peut terminer cette sélection sans le roman jeunesse La Passe-Miroir, de la Française Christelle Dabos. Tous les ingrédients sont réunis pour une série de Fantasy qui mette en scène de jeunes personnages tout en narrant une histoire originale et intéressante.
Ophélie a le don de lire l’âme des objets et leur passé d’un simple contact physique. Mais elle peut aussi traverser les miroirs pour voyager. Dans un monde qui vit sur des îles dans le ciel, transformées en « arches », Ophélie mène une vie paisible sur son arche jusqu’au jour où elle se retrouve embrigadée dans un mariage arrangé. Il va lui falloir quitter son monde pour partir vers la capitale. Un monde froid, brutal.
La saga littéraire du Passe-Miroir est dans la même lignée d’autres références jeunesse comme Harry Potter et His Dark Materials.
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