Metroid Dread, visuellement taillé pour la Switch OLED, vient rappeler que Nintendo sait aussi proposer des jeux pour celles et ceux en quête de challenge. Le jeu est sombre ? Parfait pour ce nouvel écran OLED.

19 ans séparent Metroid Fusion, sorti sur GameBoy Advance, de Metroid Dread, sa suite disponible à compter du 8 octobre 2021 en exclusivité sur Nintendo Switch. C’est dire si l’héroïne Samus Aran — oui, c’est une femme sous la belle armure — a pris son temps avant de se relancer dans une aventure en 2D. Développé par MercurySteam en partenariat avec Nintendo, Metroid Dread est d’abord une formidable vitrine visuelle pour la Nintendo Switch OLED — qui sort le même jour.

C’est aussi une série d’épreuves très exigeantes. Si Nintendo peut avoir cette image d’éditeur grand public, avec des licences colorées et accessibles, Metroid Dread vient se placer en parfaite antithèse. Il s’agit d’une exception qui vient confirmer la règle, même si la réputation de Nintendo est tout de même un peu fausse (il suffit de s’intéresser à The Legend of Zelda: Breath of Wild, dont les premières heures peuvent s’avérer compliquées). On y voit un mariage de raison : Metroid Dread serait donc ce jeu exigeant taillé pour faire briller une console qui vise elle-aussi un public plus exigeant.

Metroid Dread // Source : Nintendo

Metroid Dread

Source : Nintendo

Le si sombre Metroid Dread est parfait pour un écran OLED

Vingt ans après les événements de Metroid Fusion (comme dans la vraie vie, tiens), la chasseuse de primes Samus Aran est envoyée sur une nouvelle planète pour enquêter sur la possible présence de parasites. Cette planète, appelée ZDR, est essentiellement composée d’environnements sombres. Une aubaine pour montrer très vite les apports d’une console équipée d’un écran OLED, technologie qui assure des noirs vraiment noirs grâce à ses pixels capables d’émettre leur propre lumière (et, par ricochet, de s’éteindre complètement de manière individuelle). Visuellement, Metroid Dread se nourrit des ténèbres pour faire briller ses multiples effets visuels. C’est très flatteur, sachant que la 2D permet à MercurySteam de ne pas lésiner en matière de détails — tout juste aurions-nous aimé plus de diversité.

Metroid Dread se nourrit des ténèbres pour faire briller ses multiples effets visuels

En prime, Metroid Dread arrive avec un argument massue : un framerate à 60 fps, que ce soit en mode portable ou quand la Switch est reliée à un téléviseur (via son dock magique). Cette fluidité est un plus non négligeable pour un jeu porté sur une action frénétique. Très régulièrement, Samus Aran se prend pour une voltigeuse, tentant d’éviter les projectiles qui essaient de lui faire poser un genou à terre. Gracieuse et énergique, l’héroïne bouge avec aisance, ce qui donne au gameplay tout son sens de la précision. On a pu constater quelques ralentissements en mode portable, mais rien de très alarmant. Pour plus de solidité, la solution TV reste à privilégier, puisque le dock apporte ce surplus de puissance évitant certains désagréments.

Armez-vous de résilience pour finir Metroid Dread

Durée de vie

Il m’a fallu un peu moins de 9 heures pour voir le générique de fin. Mais il en faudra bien plus pour dénicher tous les secrets et autres améliorations facultatives.

Metroid Dread s’inscrit dans une genre bien particulier : le Metroidvania — dont le nom est l’association entre deux licences phares, Castlevania et… Metroid. Égalée, sinon dépassée par de multiples élèves, la saga Metroid est-elle encore dans le coup ? Oui. Car Metroid Dread réunit tout ce que le genre a de meilleur — à commencer par une architecture des niveaux d’une intelligence inouïe. On ne croyait pas écrire cette phrase un jour : si la trilogie Dark Souls est une leçon dans la 3D, Metroid Dread est son pendant en 2D. Ainsi, la manière dont les biomes sont connectés est assurément à montrer dans les écoles de programmation.

L’agencement des différents niveaux permet à Metroid Dread de rendre honneur au Metroidvania, dont l’appel à l’exploration est un élément primordial. Très puissante à son arrivée sur la planète ZDR, Samus va vite se retrouver démunie et plus vulnérable. Charge alors à elle de récupérer ses pouvoirs et son arsenal. Tout ce qu’elle obtient lui permet de riposter et, aussi mais surtout, d’ouvrir de nouveaux chemins auparavant bloqués. C’est un va-et-vient constant, nourri par un vrai sentiment de progression. Attention néanmoins, on peut vite perdre le fil, d’autant que la carte n’est pas d’une clarté suffisante pour s’y retrouver. Labyrinthique, Metroid Dread s’inscrit dans une logique un peu old-school, consistant à ne pas montrer si facilement la voie à suivre. De fait, ne comptez pas sur un GPS pour vous emmener vers la bonne destination.

Un jeu presque sadique

Quand on ne passe pas son temps à arpenter des décors peu accueillants, on se bat dans Metroid Dread. Variées, les menaces sont surtout très, très hostiles. Heureusement que Samus est une mercenaire hors pair, capable par exemple de contrer certaines attaques — en appuyant au bon moment avec une fenêtre assez permissive — pour tuer instantanément son adversaire. Malgré tout, vous risquez de mourir souvent dans Metroid Dread, surtout lors d’un dernier tiers encore moins amical. À mesure que Samus gagne en puissance, les ennemis tapent de plus en plus fort (surtout sur la fin). Et plusieurs barres de vie ne suffiront pas toujours à triompher. Le mieux reste d’étudier les mouvements pour esquiver. Un conseil qui vaudra encore plus pour les boss et les mini-boss, impressionnants et très coriaces.

Metroid Dread // Source : Nintendo

Metroid Dread

Source : Nintendo

La fausse-bonne idée des robots traqueurs

Très sadique, MercurySteam est allé jusqu’à imaginer des robots traqueurs quasi invulnérables ayant pour unique tâche de tuer Samus d’un seul coup. Ils sont bloqués dans des zones précises — qu’il faudra bien évidemment traverser — et transforment le gameplay en sorte de jeu du chat et de la souris — sachant que le chat en question ne laissera absolument aucun répit à la souris (bon courage pour placer un contre face à eux).

Baptisés E.M.M.I., ils s’apparentent à une fausse bonne idée, un pic de défi supplémentaire plus frustrant que réellement valorisant à surmonter. Il faut parfois un peu de chance pour s’échapper, tandis que leur élimination passe par l’obtention d’une arme spécifique qui nécessite de trouver le bon placement — dans un timing souvent très serré. Par ailleurs, ils n’apportent pas vraiment de substance à l’univers Metroid, à tel point qu’ils finissent par être relégués au second plan passée la moitié du jeu. Dommage, le studio a manqué l’occasion de proposer des affrontements plus épiques. Là, c’est plutôt des crises de nerf qui risquent de s’emparer des joueuses et des joueurs.

Le verdict

metroid dread
8/10

Metroid Dread

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Il a pris son temps, ce Metroid Dread (la suite d’un jeu sorti il y a près de 20 ans). Et alors que les disciples du genre Metroidvania (auquel la saga culte de Nintendo a prêté une partie du nom) se sont multipliés parfois avec brio, le maître prouve ici qu’il est toujours à la hauteur, grâce à une architecture intelligente des niveaux et à un gameplay d’une efficacité redoutable.

Metroid Dread est, en prime, une vitrine visuelle pour la Switch OLED, console avec laquelle il partage la date de lancement (ce qui ne peut pas être une pure coïncidence). Ses environnements souvent plongés dans le noir sont en adéquation avec une technologie plus à l’aise avec tout ce qui est sombre. Cette ambiance un tantinet lugubre s’accorde parfaitement à l’exigence de cette expérience parfois rebutante.

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