L’annonce date du début du mois de septembre 2021. Longtemps cantonné au marché américain, le service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) HBO Max s’apprête à traverser l’océan Atlantique pour conquérir l’Europe. Ce débarquement se fera en deux temps : d’abord le 26 octobre, dans six pays, puis en 2022, dans quatorze autres marchés du Vieux Continent.
Mais quiconque a consulté la liste des pays cibles a pu relever que les plus grosses nations ne sont pas citées : ni l’Allemagne, ni l’Italie, ni le Royaume-Uni n’apparaissent dans le communiqué. La France, pas davantage. La raison n’est en fait pas très difficile à trouver : il y a des accords existants entre HBO, la chaîne payante américaine qui opère HBO Max, et des diffuseurs locaux.
En la matière, c’est l’opérateur Orange qui traite avec HBO. Le groupe a commencé dès 2008 à tisser des liens avec son partenaire américain, qui ont été prolongés au fil des ans. 2017 marque un jalon important : Stéphane Richard, le patron du géant français des télécoms, annonçait que OCS (Orange Cinéma Séries) devenait l’unique diffuseur des contenus de HBO.
Si HBO Max arrivait en France, quid d’OCS ?
Mais le déploiement européen de HBO Max interroge sur le devenir des liens entre HBO Max et OCS. Lorsque le deal entre les deux parties a été annoncé il y a plus de quatre ans, ni la durée du contrat ni son montant n’avaient été donnés, observait Le Monde. Mais depuis, il est question d’un accord d’une durée de cinq ans, qui s’achèverait fin 2022, selon La Lettre A, que cite Univers Freebox.
Dans ces conditions, un lancement de HBO Max en France à partir de 2023 constitue une hypothèse plausible — sauf si Orange fait monter les enchères pour conserver l’accès au catalogue de HBO, dont les œuvres constituent une plus-value importante pour persuader les abonnés et les abonnées de rester. Mais pour signer un accord, encore faut-il être deux, et rien ne dit que HBO suive.
Voilà un moment que l’on évoque une séparation entre les deux. Univers Freebox en parlait déjà en 2019, expliquant que ce partenariat pourrait ne pas être reconduit, pour permettre à HBO de concurrencer Netflix. Deux ans plus tard, Le Figaro relevait à l’été 2021 qu’OCS coure le risque de perdre le contrat pour les séries de HBO… au point qu’OCS minore désormais l’importance de son partenaire.
« Ce contrat est important, mais actuellement les séries les plus consommées sur OCS sont The Handmaid’s Tale et The Walking Dead qui ne sont pas des séries HBO », a lancé le directeur d’Orange Content à nos confrères. Mais c’est oublier un peu vite tout ce qu’a apporté — et apporte encore — HBO à OCS. Game of Thrones en est la preuve. Et que dire de la future série dérivée House of the Dragon, un GoT-bis ?
Reste un autre scénario, plus incertain : la chaîne pourrait-elle prendre le risque de faire une rupture de contrat avec OCS pour lancer HBO Max plus tôt en France, par exemple dès 2022 ? C’est ce que semble suggérer le site Television Business International, qui dit avoir eu des échos de WarnerMedia, la maison-mère de HBO, pour un lancement avant la fin des accords existants.
« HBO Max pourrait être disponible dans les principaux territoires, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, avant que les contrats de diffusion existants ne viennent à échéance », lit-on. Cependant, les dates que le site avance ne cadrent pas avec celles données par La Lettre A. La fin de l’accord est évoquée pour fin 2022, mais TBI fait part d’un lancement pour 2023.
Les multiples bruits de couloir, qu’ils viennent de TBI ou d’autres médias comme Le Figaro ou La Lettre A, témoignent en tout cas d’une reconfiguration lourde du marché de la vidéo et du streaming. Tout comme Disney a rapatrié ses œuvres sur sa propre plateforme, qui a été lancée globalement, HBO entend manifestement favoriser son site de SVOD à l’avenir. Quitte à devoir procéder à quelques ruptures.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !